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28/09/2008

Merci !

18/09/2008

Ensemble pour un Paris Démocrate

profession_de_foi.png

Je soutiens les listes du collectif Ensemble pour un Paris Démocrate avec Marielle de Sarnez

10/09/2008

Cher Jean,

erreur histo2.jpgCher Jean,

Comment dire...

...

...

Je me suis régalé !

01:03 Publié dans A la Une, Economie, Livres | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : peyrelevade, sarkozy, erreur historique, economie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

09/09/2008

Subprime : marché accusé, État coupable

6a00d8356fb76c69e200e551dea3558834-800wi.jpgLa cause est entendue pour nombre d'observateurs : la crise financière des subprime est la conséquence de la folie des marchés et montre les limites d'une finance ultralibérale. Et de réclamer d'urgence plus de régulation publique des institutions financières.

Le libéralisme a une fois de plus bon dos, car il n'existe pas de marché plus perverti par les interventions de l'État fédéral que celui du crédit hypothécaire aux États-Unis.

Les deux institutions joliment surnommées Fannie Mae (FNMA) et Freddie Mac (FHLMC) portent une lourde responsabilité dans les dérives financières du système bancaire américain. La première d'entre elles fut tout d'abord une agence gouvernementale, créée en 1938 par l'Administration Roosevelt, pour émettre des obligations à bas taux du fait de leur garantie fédérale, lesquelles alimentaient de liquidités un marché de prêts immobiliers à taux réduits accessibles aux familles les moins aisées.

En 1968, l'Administration Johnson, s'avisant que les engagements de Fannie Mae garantis par l'État prenaient de l'ampleur et obéraient la capacité d'emprunt d'un Trésor empêtré dans le financement de la guerre du Vietnam, organisa sa privatisation, puis le gouvernement Nixon créa en 1970 Freddie Mac, afin d'organiser un semblant de concurrence sur ce marché du refinancement du crédit hypothécaire.

Cette histoire a donné à Fannie Mae et Freddie Mac un statut hybride de Governement Sponsored Enterprise (GSE), privées, mais légalement tenues de s'occuper exclusivement de refinancement de prêts immobiliers sous contrôle de l'État fédéral, en contrepartie d'avantages fiscaux. Pis même, bien qu'étant officiellement privés, les deux établissements ont toujours été considérés, du fait de leur tutelle publique et de leur rôle social, comme bénéficiant d'une garantie implicite du Trésor américain !

Bénéfices privatisés, pertes collectivisées : Un tel cocktail risquait de pousser les dirigeants des GSE à prendre des risques excessifs, si la tutelle de l'État se montrait défaillante. C'est exactement ce qui allait se passer dans les années 1990. Voilà qui rappelle un célèbre scandale bancaire hexagonal…

La tutelle de ces deux entreprises fut transférée au Département américain du logement (HUD) en 1992, car celui-ci voulait agir sur les prêts financés par les GSE pour satisfaire un objectif majeur de tout politicien qui se respecte outre-Atlantique : l'augmentation du taux de propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment les minorités.

Aussi le HUD a-t-il obligé Fannie Mae et Freddie Mac à augmenter tant le volume que la proportion de crédits subprime (jusqu'à 56 %, en 2004) refinancés. Pire, un des patrons du HUD, craignant que l'affichage des risques pris par les deux GSE pour se conformer à ces règles conduise les marchés à leur retirer leur confiance, résolut le problème en les exemptant en toute légalité de dévoiler trop en détail leurs expositions.

Aussi Fannie Mae et Freddie Mac ont refinancé, à l'aide de produits obligataires de plus en plus complexes, plus de 5 000 milliards de dollars de crédits, soit 40 % des prêts immobiliers américains, dont plus de la moitié de crédits subprime, alors qu'elles ne disposaient pas de fonds propres permettant de s'engager sur de tels montants. Résultat, les banques émettrices de ces crédits ont pu ne pas se montrer trop regardantes sur les prêts qu'elles consentaient, puisqu'il y avait deux refinanceurs à la bourse grande ouverte derrière. La banque Countrywide, dont la politique de prêts aux familles modestes est aujourd'hui vilipendée, était encore il y a trois ans encensée par les dirigeants de Fannie Mae, pour son audace en matière d'octroi de crédits subprime.

Mais le retournement de conjoncture économique a multiplié les défaillances d'emprunteurs, les deux GSE sont donc menacées de ne plus pouvoir servir les intérêts de leurs obligations, ce qui, par contagion, pourrait affecter tous les investisseurs institutionnels. Du coup, l'État organise dans l'urgence leur sauvetage, lequel devrait coûter plusieurs centaines de milliards de dollars aux contribuables.

Une seconde intervention publique a amplifié les excès bancaires dans l'octroi de crédits à des familles insolvables. Dans les années 1990, des études révélèrent que les refus de prêts aux membres des communautés noires et hispaniques étaient un peu plus nombreux que vis-à-vis des Blancs ou des Asiatiques, quand bien même ces refus ne concernaient qu'une demande de prêt sur quatre. Certains lobbies y virent non le reflet logique de la moindre richesse de ces communautés, mais la preuve d'un prétendu racisme du monde financier.

Une loi antidiscriminatoire de 1977, le Community Reinvestment Act (CRA), fut donc renforcée en 1995 pour rendre plus ardu le refus de crédit aux minorités par les banques, sous peine de sanctions renforcées. Celles-ci durent donc abandonner partiellement le rôle prudentiel qu'elles jouent habituellement lorsqu'elles refusent un prêt à une personne objectivement peu solvable. Pas si grave : Fannie Mae et Freddie Mac étaient là pour refinancer ces prêts délicats !

Aujourd'hui, nombre d'experts estiment que sans le CRA, sans les GSE, l'accès à la propriété des minorités se serait tout de même développé, moins rapidement mais plus sainement. En voulant accélérer artificiellement ce que l'économie libre accomplissait à son rythme, c'est l'État, tantôt régulateur, tantôt législateur, qui a poussé à l'irresponsabilité les acteurs de la chaîne du crédit, provoqué une crise financière grave, et acculé à la faillite nombre de familles qu'il prétendait aider.

[Les libéraux du Mouvement Démocrate]

03/07/2008

Une seule contribution, celle de François Bayrou : et alors ?

Il existe une planète habitée en dehors du MoDem et c’est pour ses habitants que nous nous sommes engagés.

Il faut sortir des débats stériles « modemocentrés ». Il ne s'est jamais véritablement agit, à l’occasion de cette consultation, d'une quelconque remise en question ou clarification stratégique interne, à destination des adhérents, mais belle et bien d'une opération de communication externe, à destination des français, communication médiatisée très importante pour notre mouvement.

Personne n'a jamais douté, en interne, que la motion d'indépendance de Bayrou puisse ne pas obtenir une majorité, quelles que soient ses rivales, sur la stratégie pour Cornillet, sur le registre de la parodie monomaniaque pour Julliard.

Cornillet a choisi de ne pas déposer la sienne ? C'était la meilleure chose à faire pour lui : éviter le camouflet, et tenter de décrédibiliser le résultat. Il ne faut absolument pas s’étonner de ce choix tactique.

Julliard a choisi de déposer la sienne pour la simple raison qu’il n’a pas voté Bayrou pour la présidence du Mouvement (125 démocrates) et a annoncé qu’il ne votera pas Bayrou en 2012 (commentaire #50, @ pascal #49). Pour ne pas voter la motion Bayrou, il était donc obligé d’en déposer une personnellement, doublon ridicule puisque défendant aussi l’indépendance, avec le seul risque de diviser les soutiens de celle-ci au bénéfice de la motion Cornillet. Vanitas vanitatum… Cette motion n’est finalement pas retenue pour vice de forme augmenté du retrait d’au moins deux signatures de Conseillers Nationaux dont le soutien aurait été obtenu abusivement selon eux.

Dans cette situation, la consultation doit-elle être maintenue ? Plus que jamais ! La seule façon de rendre son résultat crédible, c’est le plébiscite, non pas en pourcentage du résultat, forcément, mais en terme de participation : le PS, l’UMP, les médias nous observent, et les français n’attendent que de nous entendre, unis.

Nous devons affirmer notre stratégie d’indépendance, haut et fort, à cette occasion et aux cotés de Bayrou, faire ainsi définitivement taire les critiques d’illisibilité dont nous avons été les cibles ces derniers mois et répondre aux interrogations suscitées par les attitudes des uns et des autres au cours des municipales. L’indépendance, c’est la liberté du choix de l’autonomie ou de l’alliance sans exclusive, dans l’intérêt des français et au-delà, en conformité avec le projet original de société que nous portons.

Toutes les voix compteront. Nos opposants, aussi bien en interne qu’en externe, auront tôt fait de s’approprier celles qui manquent.

Bon vote.

13/06/2008

Non, les peuples ne font pas de compromis

europe.JPGLes peuples ne font pas de compromis.

Ils ne sont pas là pour ça, d'ailleurs. C'est à leurs représentants, aux politiques, de les assumer en leur nom, car chaque peuple voit l'Europe à sa manière et de sa fenêtre. C'est un fait.

Ne pas en tenir compte a "constitué" une lourde erreur et continuer ainsi ne résoudra aucun problème.

Pourtant, l'approbation des peuples est nécessaire. A certaines étapes, fondatrices ou refondatrices, une légitimité renforcée est indispensable, sous peine d'éloignement ou de remise en cause globale d'un projet qui leur est pourtant destiné.

Les référendums nationaux ont jusqu'à ce jour constitué ce moyen avec les fortunes diverses que l'on sait. L'étude de leurs échecs, si elle conduit à confirmer l'observation en titre, permet conséquemment de nous guider vers la solution.

Où se confirme l'intuition de Bayrou pour un traité simple et compréhensible par tous, et il ne pourrait alors que l'être, de fait :

On ne pourra obtenir l'approbation et l'unanimité de nos peuples que pour un texte qui se fonde, non pas sur un compromis, mais sur ce qui nous est commun. Exclusivement.

Si nous avons erré, jusqu'alors, à chercher le plus petit commun multiple, il nous faut extraire, aujourd'hui, le plus grand commun dénominateur.

03/04/2008

Qui a dit ?

Associez les citations à leur auteur :

A/ « Aux racines du mal français, il y a que l'État peut s'occuper de tout et que, chaque fois que l'on a un problème, dans la société française, on se tourne vers l'État en disant : Monsieur État ou Madame qui servez l'État, s'il vous plait, veuillez résoudre ce problème à notre place. La France souffre d'une idée fausse de l'État et il faut que nous nous souvenions de ce qui a été depuis longtemps défini par des esprits, de grands esprits de tout premier plan : chaque fois que vous vous en remettez à un État tout-puissant, au bout du compte, vous finissez avec un État impuissant.

Eh bien, c'est la situation de notre pays. C'est la situation de notre pays, car il est impossible qu'il y ait quelque part quelqu'un d'assez intelligent, d'assez informé, d'assez capable pour décider de tout sujet à la place de 65 millions de citoyens. C'est absolument impossible. Quand bien même il existerait quelqu'un qui ait toutes ces vertus, et je crois que cela n'existe pas, il est impossible que les décisions ainsi concentrées puissent répondre de tous les besoins d'invention, d'adaptation, de situations nouvelles que nous avons à assumer. C'est impossible et c'est un drame pour la France, qu'à chaque élection les candidats se présentent en laissant croire aux citoyens qu'ils ont, dans la poche, une baguette magique qui va leur permettre de répondre à toutes les questions. L'État ne peut pas se présenter comme celui qui va tout résoudre et s'il le fait, il ment, et au bout du chemin il y a des désillusions qui vont ébranler un peu plus la société française. »

 

B/ « Je ne demande pas mieux, soyez-en sûrs, que vous ayez vraiment découvert, en dehors de nous, un être bienfaisant et inépuisable, s'appelant l'État, qui ait du pain pour toutes les bouches, du travail pour tous les bras, des capitaux pour toutes les entreprises, du crédit pour tous les projets, de l'huile pour toutes les plaies, du baume pour toutes les souffrances, des conseils pour toutes les perplexités, des solutions pour tous les doutes, des vérités pour toutes les intelligences, des distractions pour tous les ennuis, du lait pour l'enfance, du vin pour la vieillesse, qui pourvoie à tous nos besoins, prévienne tous nos désirs, satisfasse toutes nos curiosités, redresse toutes nos erreurs, toutes nos fautes, et nous dispense tous désormais de prévoyance, de prudence, de jugement, de sagacité, d'expérience, d'ordre, d'économie, de tempérance et d'activité.

Et pourquoi ne le désirerais-je pas ? Dieu me pardonne, plus j'y réfléchis, plus je trouve que la chose est commode, et il me tarde d'avoir, moi aussi, à ma portée, cette source intarissable de richesses et de lumières, ce médecin universel, ce trésor sans fond, ce conseiller infaillible que vous nommez l'État. »

 

C/ « Tout mon idéal, quelque soit le système, c’est d’étendre l’intelligence et le processus de décision jusqu’au niveau le plus bas possible. Tout système politique qui prétend être plus malin que ses citoyens est condamné à échouer, c’est pour ça que je suis libéral, partisan d’un Etat le plus léger possible, qui ne s’intéresse qu’au long terme, à l’environnement, au social, à l’éducation. »

 

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1/ Frédéric Bastiat (Economiste libéral, député des Landes - Assemblée Nationale, 1848)

2/ Steve Jobs (Chief Executive Apple - Actuel, 1984)

3/ François Bayrou (Président du Mouvement Démocrate, député des Pyrénées-Atlantiques - Congrès de Villepinte, 2007)

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[edit] réponses : A3 - B1 - C2

 

 

06:04 Publié dans A la Une, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : liberalisme, bayrou, bastiat, jobs | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

31/03/2008

Libéralisme et capitalisme

Pour dépasser une confusion préjudiciable au débat politique en France.

L’identification fautive du libéralisme et du capitalisme pousse le débat politique français dans une impasse. Le quiproquo est d’autant plus inextricable que la confusion est entretenue aussi bien par les défenseurs du libéralisme que par ses ennemis. Or, il n’y a finalement pas grand rapport entre cette philosophie générale de la vie en société qu’est le libéralisme, dont les retombées irriguent également les domaines économique, social et politique, et ce régime économique moderne de l’entreprise et de la production de richesses qu’est le capitalisme, susceptible d’être lui-même plus ou moins libéral d’ailleurs. Au mieux, leur intersection est limitée, sans recoupement, au domaine économique. D’où l’épuisement des libéraux (doctrinaires ou politiques) dans un combat sisyphien de défense des intérêts particuliers des patrons, du syndicalisme patronal et des grandes entreprises qui n’est pas le leur et les empêche par avance de pouvoir capter la sympathie réelle de larges couches de la société civile. D’où le refus de la gauche d’avancer résolument vers des solutions qui pourraient ressembler à des concessions idéologiques à l’égard du patronat et du pouvoir économique installé.

Pourtant la distinction entre libéralisme et capitalisme est une clé. Elle permet de comprendre la plupart des positions très peu libérales des organisations professionnelles et du monde patronal en général, dans lesquels se retrouve la vaste majorité des entreprises existantes : pour les subventions, pour les niches fiscales, pour le protectionnisme, rebaptisé depuis peu patriotisme économique ; contre les « class actions » et en général contre « l’excès » de réglementation protectrice des consommateurs (qui vise pourtant à compenser dans la plus pure ligne du droit civil des contrats l’asymétrie d’information entre les particuliers et les professionnels), contre le droit de la concurrence etc. D’une manière générale, d’un point de vue libéral, les chefs d’entreprises, individuellement ou coalisés, en France ou ailleurs, tiennent un discours opportuniste, traduisant le point de vue exclusif du producteur, par principe favorable aux libertés qui l’arrangent et défavorable aux libertés qui le dérangent. Incohérence doctrinale logique et inhérente à la position d’hommes d’affaires ayant des intérêts importants et multiples à défendre à court terme, parfois semblables, parfois divergents, parfois même contradictoires.

Le meilleur exemple de cette incohérence doctrinale, tiré de l’actualité, est la position des grands groupes franco-européens vis-à-vis des offres publiques d’achat (c’est-à-dire une des opportunités les plus solidement établies du marché financier) comme Suez, Arcelor ou Danone : pour le rachat d’Electrabel par Suez et contre son opéabilité par Enel, pour l’OPA d’Arcelor sur Dofasco et contre l’OPA de Mittal sur Arcelor et contre toute OPA en ce qui concerne Danone. La même incohérence est observable aux Etats-Unis lorsqu’une société pétrolière de petite taille est « menacée » d’être rachetée par une entreprise chinoise, lorsque des fonds d’Arabie Saoudite sont sur le point d’opéer une société détentrice de ports américains, ou lorsque le péril nippon menaçait. Ce discours de circonstance purement patronal et de défense d’intérêts acquis, anti-libéral à la lettre, est bien la preuve que le discours capitaliste, opportuniste selon les circonstances et les positionnements ne peut se confondre avec l’expression d’une doctrine libérale ancrée sur le respect des règles de marché, par définition contestataire à l’égard de la fortune installée, favorable au nouvel entrant et au nouveau venu. De la même façon, on considère trop souvent une politique américaine « probusiness » comme libérale alors qu’elle est simplement « pro-capitaliste », faisant primer l’intérêt des producteurs américains installés sur celui des consommateurs américains et a fortiori étrangers, à rebours de la perspective libérale qui subordonne logiquement l’intérêt du producteur à celui du consommateur dans la coopération sociale. Les économistes libéraux comme Adam Smith ou Bastiat, loin d’identifier libéralisme et discours patronal, industrialiste ou capitaliste, comme on le fait si souvent aujourd’hui dans une défense brouillonne, n’avaient aucun doute sur l’existence d’une contradiction fondamentale et insurmontable entre l’intérêt des chefs d’entreprises et la liberté économique symbolisée par la libre concurrence, qui bénéficie en réalité au consommateur final en augmentant sa liberté de choix.

Le libéralisme une philosophie politique générale de limitation du pouvoir par le pouvoir

La philosophie libérale prise en son sens le plus général est une philosophie originellement de gauche qui domina dans le premier temps l’esprit de la révolution française : refus de l’arbitraire du Prince et du favoritisme à remplacer par des lois générales s’imposant à tous sans exception (« rule of law » dans l’univers anglo-saxon), abolition des privilèges, contestation de l’excès de pouvoir, le libéralisme est une philosophie de partage du pouvoir et de revendication de justice égale pour tous, une philosophie méritocratique qui aspire à substituer le talent vérifiable à l’héritage du rang par le sang comme facteur de promotion sociale, à ouvrir les fenêtres de la société pour faire de la place à ceux qui n’ont pas pignon sur rue, à faire droit à l’initiative individuelle et à la récompenser. Elle accorde une place essentielle à la notion de responsabilité individuelle (qu’il s’agisse de personne physique ou morale) qu’elle considère comme le principal facteur d’harmonisation de l’intérêt individuel avec l’intérêt général, de l’autorégulation et de la dynamique sociales, et qu’elle définit techniquement comme le fait d’avoir à éprouver, de ne pas être empêché d’éprouver, positivement ou négativement, les conséquences de ses actes. On le constate en passant, par rapport à une image contemporaine systématiquement déformante, le libéralisme n’est donc ni originairement droitier, ni principalement économique.

Elle s’exprime de manière cohérente sur les plans politique, par les « checks and balances » mis en œuvre par la constitution américaine qui a, elle, pris Montesquieu au sérieux (contrôles et contrepouvoirs ou séparation des pouvoirs propre à la démocratie parlementaire, élection à intervalle régulier des dirigeants), économique par le « laissez-faire laissez passer » physiocratique (liberté du commerce et de l’industrie et libre échange) et social, par la « libre association » des hommes (syndicalisme, mutualisme, confessionnalisme, associationnisme) pour les fins les plus diverses qui sont les leurs, sans privilège ni monopole, chaque association devant faire la preuve par ses adhésions et ses cotisations, les dons et les legs qu’elle reçoit, de son utilité sociale et de sa capacité à perdurer. La dimension sociale du libéralisme (qui a également pu être celle du capitalisme) ne doit en effet pas être oubliée, même si elle est la moins connue ou la plus oubliée, puisque c’est à l’auto-organisation sociale, souvent patronale, parfois ouvrière, que l’on doit attribuer tous les développements de la protection sociale au 19 ème et 20 ème siècle auxquels la gauche marxiste s’opposait alors violemment puisque ces réformes retardaient d’autant le Grand Soir. Elle est aujourd’hui encore la plus prometteuse. Bien sûr, ces « mots d’ordre » du libéralisme dans toutes ses dimensions, sont à prendre comme des expressions de tendances dans un environnement donné et non comme des modes d’emploi absolus à prendre ou à laisser, ou bien à appliquer sans réflexion et sans nuance du jour au lendemain dans n’importe quel contexte. La simplicité des slogans du libéralisme ne peut en effet en aucun cas dispenser les libéraux de réfléchir aux stratégies politiques adaptées aux contextes spécifiques, dont dépend in fine la réussite des réformes « libérales » ou a fortiori laisser penser que les libéraux d’aujourd’hui, tels les révolutionnaires d’hier, disposent des recettes toutes faites et d’emploi universel de la réforme politique économique et sociale. La qualité éventuelle du contenu ne préjuge pas du succès de la méthode.

Cette philosophie politique générale est en principe celle qui est la plus à même de répondre aux légitimes appétits et intérêts des nouveaux venus dans la société civile, dans la vie économique et politique, qu’il s’agisse des jeunes à chaque génération, des étrangers de passage, des immigrés ou de ceux que les circonstances de la vie ont pu un moment marginaliser. Dans la crise actuelle du modèle français, au lieu de servir de bouc émissaire facile, propice à l’inaction et finalement au défaitisme, elle devrait faire l’objet d’un consensus général tant elle fournit de clés méthodologiques et de ressources possibles pour débloquer les impasses.

Par quel aveuglement généralisé notre pays et son « opinion élitaire » en est-elle venue à vouer aux gémonies la planche de salut et la solution de bon sens pour ceux-là mêmes qu’elle prétend s’acharner à défendre ? Au rejet du vivier des meilleurs remèdes, de la créativité sociale et politique par l’application conséquente du principe de subsidiarité et l’expérimentation de « variantes institutionnelles » alors même que le blocage d’un système centralisé et la crise des structures existantes sont devenus patents ? L’histoire intellectuelle et sociale en rend compte, par le virage du socialisme français vers le marxisme en particulier et le socialisme réel, rejetant autogestion, décentralisation et négligeant le champ expérimental de l’économie sociale. Mais la confusion intellectuelle entre libéralisme et capitalisme et le nœud intellectuel qui en résulte, des deux côtés de l’échiquier politique et social, doctrinalement bloquante, y jouent peut-être un plus grand rôle encore que l’idéologisation des problématiques sociales ou « l’égoïsme collectif » des nouvelles corporations.

Le capitalisme un régime économique induit par le développement de la société de capitaux

Le capitalisme de son côté n’est ni une doctrine, ni une philosophie sociétale, mais un fait social et historique : le régime économique devenu prédominant dans les « temps modernes », avec l’apparition et l’expansion de la société de capitaux. Un régime économique qui n’est au demeurant pas exclusif des régimes économiques antérieurs de « l’entreprendre » : les entreprises individuelles représentent aujourd’hui plus d’un tiers de 3,3 millions d’entreprises actives de toute nature, les associations et sociétés civiles plus d’un quart. Le capitalisme n’a donc pas aboli, contrairement à certaines prophéties ou même à l’analyse schumpétérienne, la propriété individuelle et la petite entreprise.

Le capitalisme ne se place donc pas sur le même plan que le libéralisme, même s’il en est un des fruits sur le plan économique. Il ne concerne de fait que le champ économique et dans ce champ économique, la partie qui est la plus en vue et dont l’esprit inspire l’ensemble, même si elle n’est pas nécessairement représentative du point de vue de tous les entrepreneurs et spontanément accordé au point de vue du consommateur ou du client. A la limite, la défense du capitalisme, dans le cadre d’une complicité « naturelle » entre grands dirigeants pour diverses raisons, principalement sociologiques, peut revêtir un aspect d’attaque frontale contre une vision libérale de la vie économique visant à limiter le pouvoir de marché des plus grands acteurs par la contestation des monopoles (dont le démantèlement des grands monopoles institutionnels est un aspect essentiel) et des abus de position dominante devant les tribunaux. En tout cas, une politique pro-capitaliste au sens où elle défendrait les grandes entreprises en général ou celles d’un pays particulier, est loin d’être en soi et de ce fait une politique libérale. On se rappellera ici d’ailleurs la réticence libérale lors du développement de la société de capitaux au 19 ème siècle, tenant à la limitation de la responsabilité patrimoniale du « capitaliste » à la hauteur de ses apports dans la société anonyme (d’où la préférence des entrepreneurs authentiquement libéraux dans leurs conceptions comme les Michelin pour la société en commandite par actions par rapport à la société anonyme).

Comme l’a démontré l’entreprenant penseur Lucien Pfeiffer, et lui seul à notre connaissance, le capitalisme, c’est-à-dire le régime économique induit par le développement de la société de capitaux, doit son succès à l’invention d’une modalité de couverture du risque économique permettant de dépasser (sans l’abolir) sa couverture traditionnelle dans l’économie rurale par le prêt à gage. Si l’entrepreneur emprunteur échoue dans l’entreprise rendue possible par le prêteur de fonds auquel il s’est adressé pour se lancer, il est à la fois lui-même ruiné et il reste de surcroît débiteur de la somme empruntée, intérêts et capital. Cette situation d’échec de l’emprunteur est en fait l’une des principales sources traditionnelles du salariat, du servage et même, lorsqu’il n’est pas aboli, de l’esclavage. Le capitalisme s’est éloigné de ce schéma en accommodant à la vie économique en général et au droit des sociétés « terrestres » les règles du prêt à la grosse aventure mises au point ou redécouvertes à l’occasion du commerce avec les pays du nouveau Monde, qui font jouer au capitaliste le noble rôle d’assureur du risque de perte économique. Ce faisant la société de capitaux a permis à la coopération de la fortune installée et des entrepreneurs dépourvus de moyens suffisants pour entreprendre par eux-mêmes de franchir un palier important. Elle a permis à l’entreprise de changer de dimension et a ainsi fourni le déclic institutionnel au développement occidental. Elle a en fait permis l’essor industriel de l’Europe et du Nouveau Monde caractéristique des temps modernes.

Les règles du prêt à la grosse aventure permettaient en effet aux apporteurs de capitaux d’accepter les risques économiques particuliers liés au transport maritime intercontinental en associant le prêteur aux bénéfices de l’aventure en contrepartie du renoncement au remboursement du prêt en cas de naufrage. Il en va ainsi pour l’apporteur de capitaux dans la société anonyme emblématique de la société de capitaux : en contrepartie de l’acceptation du risque de perte sans recours de ce capital, il prend le contrôle de l’entreprise en s’appropriant la société dont il constitue le « capital » par ses apports en nature ou en espèces, dans le but d’en maîtriser la gestion et d’en minimiser les risques. Il reçoit de ce fait les bénéfices de cette aventure terrestre aléatoire tant qu’elle se déroule favorablement, et absorbe directement les pertes dans le cas contraire (absence de dividendes et éventuellement consommation du capital investi ou « appauvrissement »).

Cette mécanique juridique explique le succès du capitalisme et son rôle dans l’essor occidental, qui a été sans rival, et est désormais mondialisé. La société de capitaux a en effet permis d’augmenter la taille de l’entreprise en deux temps et a ainsi rendu possible les grandes aventures industrielles des 19ème et 20ème siècles. Par son principe même dans un premier temps, qui permet d’associer la fortune traditionnellement foncière et immobilière et les entreprenants et ingénieux moins fortunés, au moyen de la société de capitaux et des règles de partage des bénéfices. Par l’organisation de la coopération entre « capitalistes » plus ou moins fortunés dans un second temps via l’appel public à l’épargne des sociétés de capitaux sur les bourses de valeurs mobilières, dont l’apparition puis la sophistication ont contribué à façonner le paysage économique et financier « capitaliste » qui nous est désormais devenu familier, même s’il ne concerne aujourd’hui encore qu’un nombre tout compte fait limité d’entreprises (un millier au plus toutes cotes confondues en France). Les actionnaires majoritaires qui administrent les entreprises obtiennent ainsi le moyen en partageant les bénéfices de multiplier les occasions de bénéfices et de mettre en permanence au point de nouveaux produits, les évolutions relatives de la profitabilité, réelle ou anticipée, des entreprises servant de guide à leurs investissements. C’est donc un régime économique bien adapté au lancement de grandes entreprises, d’activités fortement « capitalistiques » comme l’on dit, de nouveaux produits nécessitant des phases de recherche et de développement, de nouveaux services sur une grande échelle, qui n’auraient pas pu être inventés ou développés sans lui. Et c’est un régime qui incorpore sa propre dynamique puisqu’il est animé par le moteur de l’intérêt individuel ou familial, lequel garantit en principe la réactivité des propriétaires de l’entreprise, associés ou actionnaires, aux innovations des concurrents destinées à séduire les consommateurs dans un modèle économique où l’offre crée la demande.

L’innovation institutionnelle évidente à la réflexion dont découle le capitalisme est pourtant restée inaperçue dans la littérature qui traite du capitalisme ou du développement

Il est juste d’ouvrir ici une parenthèse sur la portée de la découverte de Lucien Pfeiffer, même si lui-même ne s’y attarde pas.

Ni l’invention très terre à terre du licol de cheval au 12 ème siècle, qui permet d’appliquer la force animale à la traction de la charrue, à laquelle Georges Duby prête une vertu décisive, ni, à l’autre extrême du spectre des explications, la révolution philosophique galiléo-cartésienne au 17 ème siècle censée permettre la mathématisation du monde et donc, comme par miracle, son arraisonnement par la technique selon Heidegger, ni l’explication religieuse mise en avant par Max Weber, selon laquelle l’éthique protestante aurait rendu possible l’apparition au 16 ème siècle de l’esprit du capitalisme (alors que le capitalisme prend historiquement son essor en Europe dans la très catholique Lombardie et en Italie du Nord en général près de deux siècles auparavant comme l’a bien montré Murray Rothbard), ni l’invention de la comptabilité en partie double vers le 13 ème siècle, que Goethe considérait comme l’une des plus belles inventions de l’esprit humain, ne permettent plausiblement de comprendre pourquoi l’Occident à partir de la Renaissance a décollé par rapport à une Chine scientifiquement et techniquement plus avancée que l’Europe.

En revanche, le mécanisme de la société de capitaux permet bien, lui et lui seul à vrai dire, de comprendre l’intérêt que les hommes fortunés ont eu à devenir des capitaines d’industrie et à transformer le monde en s’accordant avec les entreprenants moins fortunés. Cette explication, quoique « non homologuée » par l’histoire officielle de la pensée, et même de la pensée économique, et qui semble, il est vrai, une fois formulée, presque tautologique, paraît donc bien être la seule qui soit à la hauteur du phénomène à expliquer, en intégrant le facteur humain de la motivation à agir. L’écart « orthogonal » de développement entre l’Orient et l’Occident ne peut pas être d’origine purement intellectuelle ou « idéaliste », et relever, tel un « deus ex machina », d’une simple différence philosophique, culturelle ou religieuse. Il ne peut pas plus sérieusement résulter, dans une perspective matérialiste symétriquement inverse, de découvertes purement matérielle ou technique, aussi importantes soient-elles. Mais il peut bien être le produit d’un facteur juridico-économique, d’une innovation institutionnelle de grande portée, qui a permis d’une part à la source « constante » et universelle de motivation des hommes qu’est leur intérêt personnel ou collectif, de trouver un débouché nouveau et, qui d’autre part, a fourni au goût permanent et largement réparti d’entreprendre des hommes des moyens décuplés de s’exprimer. La formule de la société de capitaux permet de comprendre pourquoi et comment tant d’énergie humaine a désormais pu être canalisée dans l’activité économique.

Mais l’inventeur de cette explication génialement simple n’a pas pour objectif suprême de faire breveter sa découverte et de la voir enfin homologuer par l’Académie des sciences morales et politiques, car il pense pour agir et faire progresser la société en réformateur qu’il est et non pour se contenter de faire oeuvre de penseur. Il pense mieux le développement de l’Occident que les penseurs professionnels ne l’ont fait, mais sa découverte faite, et une fois posée devant nous et « en nous » avec l’évidence incontournable des choses vraies, il ne s’arrête pas là et veut nous emmener tout de suite plus loin, alors même que nous voudrions prendre le temps de savourer cette précieuse étape de la pensée. Et c’est ici qu’il devient important de comprendre que le libéralisme, l’imagination au pouvoir en matière d’organisation sociale dès lors qu’on ne nuit pas à autrui ou on ne le lèse pas, peut nous conduire plus loin que le capitalisme, ne serait-ce que, si l’on veut revenir au point de départ du raisonnement avant d’aller plus loin, parce qu’il y a d’autres manières de couvrir le risque économique que celle fournie par la société de capitaux, telle celles que peuvent fournir, à l’extérieur de l’entreprise, les sociétés d’assurance. Celles-ci ont d’ailleurs déjà bien défriché le sujet.

La société de capitaux n’est pas nécessairement le cadre indépassable de « l’entreprendre »

Le régime économique capitaliste incorpore, observe aussitôt Lucien Pfeiffer, une sorte de défaut constitutif, qui expliquerait le malaise économique croissant, en particulier dans les grandes entreprises contemporaines, publiques ou privées, et la recherche intense et multiple en provenance d’horizons les plus divers de nouvelles formes de coopération sociale pour entreprendre autrement dans un cadre libéral. Les salariés, qui font vivre et prospérer l’entreprise, sont étrangers à la société, même s’ils en sont des co-contractants privilégiés, alors que les propriétaires de la société, qui sont les décideurs du sort de l’entreprise, peuvent lui rester parfaitement extérieurs. Il rejoint ainsi la littérature retraçant les conflits d’intérêts entre « stake-holders » et « stock-holders ». La rémunération des salariés qui travaillent dans l’entreprise entre dans le prix de revient à soustraire du prix de vente pour déterminer le bénéfice légitime de la société. Elle constitue un coût fixe pour l’entreprise et, par conséquent met en opposition l’intérêt du capitaliste et du salarié, du moins à court terme, puisqu’ils sont « dans le même bateau » tant que la société n’est pas dissoute. Comme le disait Alfred Sauvy le travail, dans ce cadre, devient un simple passif : un mal nécessaire. On doit donc pouvoir imaginer des modalités d’entreprendre, des innovations institutionnelles, qui surmontent ce hiatus propre à la société de capitaux.

C’est une gerbe de ce genre d’institutions nouvelles que propose Lucien Pfeiffer dans son dernier livre : l’abolition possible du salariat dans une société de partenaires dont la rémunération proviendrait exclusivement des résultats de l’entreprise, la rémunération des moyens de production entrant dans le prix de revient ; le développement parallèle du métier de gestionnaire des moyens de production pour répondre à la demande d’un nouveau type de sociétés dépourvues de moyens de production propres, c’est-à-dire la sortie du crédit-bail du corset bancaire qui en limite le potentiel et les fonctionnalités ; l’extension de la technique du crédit-bail, dont il fut l’inventeur en France, à la propriété de l’entreprise, pour que les résultats mêmes de l’entreprise permettent une accession de plein droit des entrepreneurs sans fortune à la propriété de leur entreprise grâce à un nouveau fonds commun : le FC4P (fonds commun de prise de participation provisoire) ; le développement de l’assurance externe du risque économique propre à la vie des affaires par les mécanismes assurantiels pour fournir une alternative à la modalité capitaliste de couverture interne du risque de l’entreprise.

Comme on l’a vu, à l’aide de notre détour par le tréfonds institutionnel du capitalisme, il n’y a en fait pas de vrai rapport entre capitalisme et libéralisme même économique. Les exemples ci-dessus montrent que le libéralisme peut ouvrir « l’entreprendre » à d’autres modalités de coopération humaine dans le but de servir autrui, aussi valables d’un point de vue libéral, que la modalité capitaliste, pourvu que ces modalités restent contractuelles et non contraintes, qu’elles lui préexistent, co-existent avec elle ou soient encore à inventer. Si le libéralisme d’un point de vue économique inclut le capitalisme comme le genre inclut l’espèce, c’est donc sans exclusive ni « préférence » en toute rigueur de termes. Il n’y a aucune bi-univocité entre capitalisme et libéralisme. Le potentiel libéral est en réalité illimité.

A la limite il peut exister un capitalisme foncièrement non-libéral et un communisme libéral et par conséquent des évolutions plus ou moins libérales du capitalisme

La preuve de la nécessité de cette distinction est apportée par l’existence de types de capitalisme, comme le « capitalisme monopoliste d’Etat » dans lequel les relations sociales « patron-salariés » sont finalement peu différentes de la grande entreprise capitaliste privée. Comme si les nationalisations se révélaient incapables de faire émerger quoique ce soit de nouveau dans ce domaine si ce n’est peut-être le « pire » et dans lequel le risque, souvent grand et parfois inconsidéré, est assumé, à la place de l’actionnaire privé, par le citoyen-contribuable, ce qui est parfaitement critiquable d’un point de vue libéral. A l’inverse, il existe des formes de communisme, comme celui des monastères, en vertu duquel moines et moniales renoncent à toute forme de propriété individuelle (on ne peut par exemple même pas leur faire un don individuel puisqu’ils ne peuvent ouvrir un compte bancaire à leur nom) parfaitement admissibles dans une société libérale, dès lors que cette dépossession totale est volontairement consentie et même recherchée au moyen du vœu de pauvreté. L’existence d’un capitalisme anti-libéral, monopoliste d’Etat ou monopoliste tout court, et d’un communisme libéralement impeccable apportent donc bien la preuve par neuf de la nécessaire distinction entre libéralisme et capitalisme. En tout cas le libéral, pour reprendre une phraséologie passée de mode et qui avait son charme, n’a pas, en tant que tel, une vocation particulière à être le « suppôt du Grand Capital » ou son avocat systématique.

Un libéralisme critique du capitalisme est donc parfaitement admissible (alors qu’en revanche l’inverse est inconcevable) comme l’a finalement bien compris Jean-Yves Calvez l’un des nombreux et classiques pourfendeurs des deux soi-disant frères jumeaux au nom de la doctrine sociale de l’Eglise ou Zeev Sternhell. Certains développements, internes au capitalisme, comme le développement de l’actionnariat salarié et le regard renouvelé que certains portent sur les fonds de pension après une première réaction réflexe de rejet montrent par ailleurs la plasticité du capitalisme dans un sens de rééquilibrage du pouvoir entre salariés et actionnaires d’une part, dirigeants et actionnaires, minoritaires en particulier, d’autre part. Il convient donc de se garder de tout nouveau manichéisme, et d’avoir présent à l’esprit que le capitalisme lui-même, qui n’est pas une réalité monolithique, est susceptible d’évoluer de l’intérieur par conviction propre des dirigeants ou sous la pression des actionnaires, des parties prenantes, des événements ou du débat démocratique dans un sens plus ou moins libéral, plus ou moins transparent, plus ou moins équilibré.

Mais en admettant que certaines caractéristiques du capitalisme, en particulier les avatars récents d’un capitalisme fonctionnarisé marqués par le développement des « compensations » discrétionnaires, des « golden parachutes » et des options d’achat d’actions, qui tendent à transformer le capitaine d’industrie d’hier en corsaire assuré tous risques et mieux garanti que des salariés qui sont censés avoir opté pour la sécurité aux dépens du profit ; en admettant que les pratiques managériales d’un nombre grandissant de grandes entreprises « capitalistes » de type Enron ou Vivendi , tant publiques que privées d’ailleurs, deviennent critiquables et suscitent un rejet croissant, on perçoit alors l’urgence de soigneusement préserver la distinction entre capitalisme et libéralisme, sauf à vouloir condamner la porte de sortie de la crise de sens de notre société et fermer la porte de la réforme. Pour celui-ci, qui reste le parti du mouvement et de l’évolution pacifique, les clés de l’avenir et l’invention des solutions aux problèmes de chaque temps relèvent du champ contractuel, de la créativité individuelle, sociale et institutionnelle, dont le déploiement passe par l’initiative personnelle ou par le débat et la coopération multidimensionnels au sein de la société civile et politique.

La réforme sociale passe donc par une clarification doctrinale qui ne saurait faire l’économie du libéralisme

Et c’est pour cela que l’on ne peut prétendre se passer du « libéralisme » comme doctrine de ralliement, au moins de la chose, sinon du nom. Le mot est en effet tellement empoisonné et le consensus anti-libéral est si étendu en France, que l’on peut bien se demander si l’entreprise visant à redonner du lustre au « libéralisme », en le distinguant du concept trop étriqué de « capitalisme » (terme repris de Marx son inventeur qui a choisi à dessein ce mot impopulaire dès l’origine et de son temps, pour servir de repoussoir « dialectique » au socialisme) n’est pas vaine et condamnée à l’avance. Nous ne pouvons ici qu’exprimer une conviction : on ne pourra pas bâtir une société d’initiatives et de participation, organisée selon le principe de subsidiarité pour laisser faire à tous les niveaux ceux qui ont la volonté et la capacité de régler les problèmes (dont aucun n’est insurmontable à dire vrai) et de faire avancer les choses ou d’en construire de nouvelles, contre la doctrine générale des libertés et de la créativité humaine qu’est le libéralisme, loin de tout conservatisme. Régime libéral et perfectibilité sociétale s’impliquent réciproquement de facto.

Le consensus en faveur du libéralisme politique en est un témoignage encourageant : comment être sérieusement libéral en politique et anti-libéral en économie ? Le marché, loin d’être cette abstraction que dénoncent encore, en France, les anti-libéraux en droit, n’est en réalité rien d’autre que le parlement de l’économie, dont la criée sur les bourses de valeurs mobilières ou dans les ports de pêche donnait ou donne encore la meilleure image : la recherche par tâtonnement, essais et erreurs parfois, du meilleur compromis social possible entre toutes les partie prenantes, dont les intérêts sont divergents (le vendeur veut vendre le plus cher possible, l’acheteur veut le meilleur rapport qualité / prix) mais complémentaires (le vendeur a besoin de l’argent de l’acheteur, l’acheteur a besoin du bien ou du service du vendeur). Le marché n’est d’ailleurs pas défendu comme une abstraction « substantialisée » par les libéraux eux mêmes, contrairement au reproche que leur font leurs adversaires, mais comme la structure de coopération spontanée des personnes et des « maisons » dans une économie monétaire : le marché, ce sont les autres en face de moi que je sers et chez qui je me sers (coopération), en tenant compte des autres autour de moi qui ont des appétits concurrents dont je dois tenir compte pour parvenir à mes fins (concurrence). Le marché, ce sont toujours « les autres », en face ou à côté de moi. L’économie de marché, rendu possible par la monnaie, n’est rien d’autre que la libre coopération humaine régulée par la concurrence (simple moyen, mais en pratique essentiel comme facteur de dynamisme du producteur pour capturer les votes monétaires du consommateur, au service de cette coopération mutuelle) et surveillée par les tribunaux, c’est-à-dire se déroulant dans le cadre du droit civil et commercial.

Que proposent d’ailleurs concrètement ceux qui, en économie, faute d’argument rationnel, sont contraints aux artifices rhétoriques et se révoltent par exemple contre la « dictature des marchés » ? L’état patron qui a partout fait faillite ? Aucun libéral impartial et non doctrinaire ne peut laisser entendre que tous les hommes soient parfaits et nier qu’il existe des exploitations de situation ou des abus de pouvoir de marché en ce bas monde que nous savons tous, indépendamment de nos préférences doctrinales, être plein d’injustices diverses liées à nos convoitises. Aucun libéral ne soutiendra que l’économie de marché libre soit le paradis sur la terre, car l’évolutionnisme libéral s’oppose à l’utopie révolutionnaire. Elle peut même être qualifiée de pire des régimes, à l’exception de tous les autres. C’est la vraie raison de son universalisation, par-delà les décombres du socialisme réel et de l’économie mixte, dans une très large gamme de variétés régionales et nationales, propres à un régime par définition ouvert à la diversité des traditions et des mœurs. L’anti-libéralisme économique est devenu de ce fait, partout où il subsiste, une impasse théorique et pratique.

Autre encouragement à ne pas se priver de cette reviviscence nécessaire du libéralisme : le rejet du libéralisme ne semble pouvoir se maintenir, après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement du socialisme réel à l’Est et au Sud, qu’au moyen de son travestissement sous le terme d’ultralibéralisme, procédé dialectique conservatoire mis au point par les socialistes occidentaux afin de poursuivre le même combat, tout en faisant semblant de reprendre à leur compte et d’adopter le terme « libéral » et son contenu doctrinal qui, dans les pays du socialisme réel, faisait évidemment, à leur grand dam, l’objet d’une vénération consensuelle chez tous les opposants à la « dictature du prolétariat ».

La remise en mouvement volontaire de la société civile et de la société politique françaises passe donc à nos yeux par cette clarification doctrinale préalable et une réhabilitation non honteuse du libéralisme, le mot et la chose, même si cela doit prendre un peu de temps et passe par quelques ralliements médiatiques d’intellectuels de gauche, qui n’osent pas encore aujourd’hui franchir ce Rubicon. Cette clarification, en mettant fin à ce grand écart intellectuel déchirant entre « les libéralismes » et en nous réconciliant en profondeur avec l’une de nos grandes traditions, entraînera un retour de la confiance en soi et de l’estime de soi, individuelle et collective. Elle rendra possible un retournement positif de l’opinion éclairée et publique en faveur des idées et des valeurs libérales, et même du terme de « libéralisme ». Celui-ci n’a cependant pas nécessairement besoin d’être agité en permanence comme un chiffon rouge devant les yeux de ceux pour qui une propagande anti-libérale en a fait un épouvantail sans retour possible, mais qui sont partants pour sortir de nos impasses pratiques.

En ce sens, le progrès du libéralisme passe aussi par l’arrêt d’une certaine auto-caricature du libéralisme de la part des libéraux eux-mêmes. Ceux-ci doivent tenir compte du terrain miné sur lequel ils opèrent, et savoir ne pas alimenter, par leurs excès ou leur impatience, la caricature que l’on se complaît en France à faire du libéralisme. A eux d’humaniser l’image trop brutale que la représentation sociale et les media se font du libéralisme et de montrer par leurs raisons, leurs positions et leurs comportements, leur ouverture d’esprit, leur effective tolérance (quelle autre doctrine peut légitimement revendiquer cette vertu ?) que cette image est fausse : que l’homme est acteur et fin ultime, alpha et oméga de la société, que l’homme, dans la réalité de ses préoccupations concrètes et parfois vitales, y compris l’homme démuni ou moins bien loti, est bien au centre de leur conception et de leur souci, que la vision libérale de la société est bien un projet pour tous, où chacun puisse trouver sa place harmonieusement. A eux en particulier à ne pas se laisser aller à la tentation de représentation monopolistique du libéralisme, antinomique du libéralisme lui-même ou à s’octroyer une sorte d’infaillibilité doctrinale. A eux de savoir s’ouvrir à la tradition proudhonienne de la gauche française, subvertie par la gauche étatiste d’origine allemande.

La distinction entre capitalisme et libéralisme permet de surcroît une analyse plus subtile de la politique économique américaine que celles auxquelles nous sommes accoutumés de part et d’autre

Le distinguo entre libéralisme et capitalisme auquel invite tant l’histoire économique que celles des idées politiques jette une lumière incidente sur le malentendu « assourdissant » des positions françaises sur certains aspects de la politique américaine. Celle-ci ne devrait être jugée, selon la tradition empirique (modeste) qui fait le fond de la philosophie libérale, qu’a posteriori au cas par cas, et non pas idéologiquement et a priori. Adopter cette distinction permet en effet de comprendre d’une part, que le rejet de certains aspects de la politique économique américaine ne doit pas se faire au nom de l’anti-libéralisme, puisque le libéralisme fournit au contraire le meilleur arsenal critique de certaines pratiques américaines, déviantes au regard du libéralisme censé les inspirer. Pensons ici par exemple au renforcement des subventions agricoles ou à l’institutionnalisation de la manipulation monétaire par la suspension de la convertibilité-or du dollar qui fausse la mondialisation et nourrit son rejet depuis plus de 30 ans désormais. Cette distinction permet d’autre part de mieux comprendre pourquoi l’allégeance systématique à l’égard des points de vue américains, alors même qu’ils relèvent de la défense la plus traditionnelle et la plus triviale de leurs « intérêts nationaux » (« tout être exerçant tout le pouvoir dont il peut disposer » selon Thucidyde) par des « intellectuels » européens se réclamant du libéralisme peut en fait desservir gravement la cause libérale. Des observateurs impartiaux et même une fraction du grand public ne peuvent voir dans ce biais irrationnellement pro-américain qu’un parti-pris d’avocat et un saut dans une nouvelle sorte d’idéologie, les incitant par contrecoup à un rejet en bloc de ce « libéralisme » de façade, qui n’est rien d’autre qu’un « mercantilisme » déguisé et par contagion, de manière regrettable, au rejet de tout ce qui ressemble de près ou de loin au « modèle américain ». Dans ces conditions, l’irrationalité anti-libérale ambiante et celle des défenseurs d’un pseudo-libéralisme se nourrissent mutuellement et alimentent une sorte de jeu de dupes, dont notre société, son avenir, sa jeunesse et ses marges, font les frais.

On songe ici à la lucide désolation de Frédéric Bastiat (mon vénérable cousin) qui préférait voir « une cause bien attaquée que mal défendue ». Malgré notre optimisme foncier, la réhabilitation du libéralisme en France passe par une intelligence stratégique du « marché » national des idées sur lequel « l’entrepreneur libéral » opère volens nolens, un marché qui est impitoyable on le sait avec les entrepreneurs maladroits ou trop pressés.

Cette clarification intellectuelle des notions bien distinctes de libéralisme et de capitalisme, malgré une intersection limitée, nous paraît être comme une sorte de prolégomène à toute acceptation future des réformes. Seule en effet la conviction bien établie que la réforme donne sa chance à tous et, au premier chef, aux moins bien lotis et aux « outsiders » de la société, qu’elle n’est pas simplement une dialectique (au profit) de nantis ou de gens à l’abri de tout risque économique véritable, au sein de l’Etat ou d’une collusion Etat / grandes entreprises, publiques ou privées, pour augmenter « les risques des autres », pourra faire bouger et même basculer un peuple qui a peut-être « la tête près du bonnet » selon l’expression de Hegel, mais qui surtout n’accepte pas de prendre des vessies pour des lanternes. L’approche libérale ne peut réussir que dans une logique d’ouverture sociale concrète pour beaucoup, comme les fondateurs dans les années 60 de l’Association pour la Liberté Economique et le Progrès Social (ALEPS), Jacques Rueff en particulier, l’avaient bien compris contre leur temps. La citadelle française des droits acquis ne pourra être investie que si le sentiment de justice d’une « masse critique » de la population y trouve son compte et si un nombre suffisant de personnes entrevoit les bénéfices individuels et collectifs de la libéralisation.

Les libéraux du Mouvement Démocrate

03:48 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberalisme, capitalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/03/2008

MoDem : que nous révèle le « buzz du découragement » ? Une analyse pertinente de Fotini Sidéris-Bach

"L'article du Monde daté du 27 mars ("sur internet, les blogueurs écrivent leur désarroi après le revers du MoDem") qui relaie certaines expressions de désarroi de militants de la blogosphère MoDem, témoigne d'un travers de notre mouvement : une forte propension à générer successivement et de manière disproportionnée de l'enthousiasme puis du découragement, par un phénomène d'entraînement collectif qu'on pourrait assimiler à du buzz.

Nous avons effectivement assisté au cours de la campagne présidentielle à l'essor d'un mouvement politique nouveau, notamment porté par un meilleur accès à l'information des citoyens grâce à l'internet. Ce mouvement s'est depuis paradoxalement livré de fait au dénigrement involontaire, mais certain, de ce même idéal démocratique et citoyen au nom duquel il s'était organisé en structure politique.

Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que nous exprimons sur la blogosphère MoDem ce qui est au coeur de nos contradictions de militants et de citoyens.

Nous suivons un idéal démocratique revisité par la société du savoir et des nouvelles technologies, qui consiste à prôner la libre expression de tout un chacun via l'internet (cet outil libérateur d'énergies citoyennes) et sa contribution libre à la construction d'un mouvement qui se voudrait par conséquent différent des partis classiques (grâce à une information circulant de manière transversale).

Comme chacun se sent co-responsable de ce bien collectif qu'est le MoDem, les frontières entre élus et électeurs internes du MoDem se trouvent complètement biaisées, redistribuées de manière inédite : plus de légitimité des élus s'ils ne correspondent pas aux attentes d'écoute démocratique permanente des militants et plus de militants s'ils ne sont pas reconnus comme des décideurs à part entière aux côtés des élus (grâce notamment à une communication qui se veut non-hiérarchique).

Parallèlement à cela, nous prônons la responsabilisation du citoyen, la défense de valeurs que nous voulons pérennes et un engagement pragmatique et volontaire pour affronter les défis à l'échelle du parti, de la société française et de l'humanité.

Mais dans les faits, ces fortes attentes se heurtent au principe de réalité, faisant finalement d'une bonne partie de cette blogosphère MoDem (pourtant minoritaire par rapport au nombre des adhérents), un miroir grossissant de nos insuffisances : 

Un maximalisme qui provoque le défaitisme

Nous voulons dépasser les clivages traditionnels dans un élan de solidarité nationale ("la France de toutes nos forces")  mais nous éprouvons un malaise destructeur dès que ce dépassement ne se fait pas dans une victoire éclatante, immédiate, ce qui nous ramène in fine à une conception guerrière de la politique.

Si le but ultime d'un combat électoral est bien de gagner pour pouvoir peser (seule la victoire pouvant assurer la promotion des idées par le maillage des élus ou le contrôle des leviers du pouvoir), l'ampleur démesurée que prend notre déception post-électorale (aux législatives et aux municipales) prouve que nous ne concevons notre identité actuelle en construction que dans notre opposition à d'autres et non par rapport à nos propres valeurs, renforçant ainsi ce positionnement même de "ni-ni" politicien que nous combattons pourtant vivement quand il nous est reproché par nos adversaires ou les medias.

Cela ne serait pas dérangeant si nous faisions preuve de plus de patience et d'indulgence face aux imperfections d'un mouvement récent, dont la doctrine politique et les modalités d'action sont encore à définir. Le problème est que le résultat de cette impatience est une versatilité qui nuit à l'action, à la projection sur le moyen et le long terme.

Une parole qui remplace l'action

Nous réclamons la démocratie en interne, mais les principes de cette démocratie étant portés, dans un parti en construction, à la fois par chacun de nous (c'est à dire partout) et par un centre de décision introuvable car encore faible ou contesté (donc nulle part), nous ne pouvons finalement faire confiance qu'à nous-mêmes et à ceux qui partagent nos opinions le temps d'une campagne ou d'un échange ponctuel de points de vue.

Ces échanges d'opinions en deviennent par conséquent souvent plus précieux que l'action, car la parole ne précède ou n'accompagne plus vraiment l'action (qui devrait être le but même du combat politique) mais finit par la remplacer comme source d'identité et de positionnement. Or seule l'action peut permettre l'affirmation véritable de l'identité et des valeurs d'un groupe.

Des repères collectifs incertains

Nous recherchons éperdument des repères collectifs, une idée du collectif dans laquelle notre individualisme trouverait une justification noble, puisque mise au service d'un idéal commun. Mais au fond de nous-mêmes, nous doutons de tout, et surtout du lien qui nous lie à d'autres dans un contrat d'association pourtant librement consenti, matérialisé par notre carte d'adhérent. Ce lien nous le brisons aussi facilement que d'autres contrats d'association au sein de la société dès lors qu'il n'est plus au service de notre épanouissement personnel, de l'idée souvent très noble que nous nous faisons des modalités et de la finalité de notre action (refus des compromis dégradants…), et donc de notre personne.

Il est vrai que, plutôt que de nous offrir le confort de repères bien définis, le positionnement nouveau que nous avons choisi nous force à évoluer dans une situation inconfortable faite  d'incertitudes, de tâtonnements, d'échecs… or nous craignons plus que tout cette liberté nouvelle car elle est dure à assumer.

Une conception paradoxale du leadership et de la hiérarchie

Bien qu'à la poursuite d'un idéal démocratique, nous voulons nous reposer sur un leader fort, fiable, en qui avoir confiance, mais nous nous détournons de lui dès lors qu'il n'incarne plus cet idéal absolu d'homme dominant la situation car omniscient et omnipotent, capable de mener ses troupes au combat et à la victoire tout en respectant des idéaux nobles (pourtant parfois contraires à l'efficacité de son action de commandant de troupes).

Parallèlement, dès que ce leader assume d'une manière ou d'une autre son rôle nous crions au déni de démocratie (il se détache du lot en assumant seul des décisions) et dénonçons la quête d'une ambition personnelle.

Cette contradiction vaut par extension pour toute forme de leadership au sein du MoDem, étant par ailleurs renforcée par le débat cadres UDF contre militants MoDem, anciens contre nouveaux... Ce débat se décline parfois de manière démagogique en un clivage entre dirigeants détenteurs du savoir et soupçonnés de ne pas vouloir le partager (car "le savoir c'est le pouvoir") et la masse des militants se considérant (souvent à juste titre) maintenue volontairement dans l'ignorance des décisions alors qu'elle se considère co-responsable du MoDem.

Cette dérive démagogique se retrouve dans les arguments de certains représentants ambitieux de la jeune génération, désireux de s'affirmer comme un recours face à la hiérarchie en brandissant la défense des militants, des adhérents de base MoDem contre le sommet hérité de la vieille UDF (dont ils font d'ailleurs paradoxalement parfois partie, étant issus pour certains de ses rangs).

Le refus des contraintes de l'action militante

Nous prônons le respect, la formation du militant et par extension l'éducation de nos concitoyens (auxquels nous voulons d'ailleurs ouvrir les yeux) comme la voie susceptible d'amener à la responsabilisation du citoyen, seule garante d'une société équilibrée, où les décisions seraient prises avec lucidité et courage. Nous tendons cependant à mépriser ceux qui, au sein du MoDem, n'ont pas, à nos yeux, atteint ce "haut degré de conscience citoyenne",   conscience que nous assimilons plus souvent à une forme de critique maximaliste suffisante (nous jugeons sans ménagements le réel par rapport à un idéal), qu'à une lucidité assumée mais bienveillante, donc sereine, par rapport à la réalité.

Nous ne voulons ainsi en aucun cas être assimilés à ceux qui se contentent d'être de simples militants actifs sur le terrain, apportant modestement mais avec constance leur contribution à l'élaboration du projet de leur parti et respectant les principes de hiérarchie et de discipline de parti comme condition indispensable pour atteindre la victoire (l'action étant bien le but ultime de la politique). Or le militantisme politique, s'il n'exclue pas, loin de là, l'indépendance d'esprit et le débat, pose cependant comme pré-requis les principes de rigueur, d'esprit d'équipe et de discipline pour atteindre l'objectif d'une action efficace. C'est malheureusement une forme de conscience que nous ne voulons pas admettre comme telle, la jugeant servile, alors qu'elle exprime un choix véritable.

Conclusion : un phénomène de décantation somme toute naturel

En guise de conclusion, je souhaiterais dire que nous participons à un mouvement encore en construction, et que s'il est bien sûr plus qu'important de participer aux débats d'idées, à la définition des principes qui présideront à notre action, à la dénonciation des écarts entre les actes et les paroles, il n'est cependant en aucun cas légitime de considérer que le but premier d'un parti politique est de permettre l'épanouissement, dans un régime de transparence démocratique totale, des citoyens qui le composent.

Son but premier est de promouvoir par l'action politique externe (élections) les conditions économiques, sociales, matérielles d'un mieux-être pour nos concitoyens, définies dans un programme électoral.

C'est pour cela même que nous nous sommes engagés en politique, en toute connaissance de cause. Ce choix implique d'être cohérents et constants dans notre action, quelles que soient les difficultés, désaccords, doutes rencontrés.  Il implique par conséquent la responsabilité des militants et non le spectacle désolant de leur versatilité. C'est pourtant cette même versatilité que nous reprochons à nos concitoyens, qui brûlent le lendemain ce qu'ils vénéraient la veille.

En définitive, je dirais que le buzz que nous constatons n'est pour beaucoup que le résultat naturel de la décantation de toutes ces énergies disparates réveillées par l'éclatante campagne de François Bayrou aux présidentielles, et qui découvrent, pour beaucoup d'entre-elles, l'écart naturel entre la soif d'idéal (plus facilement exprimable et donc amplifiée sur internet) et la réalité aride de l'action politique. C'est à chacun de nous de faire le choix le plus cohérent avec sa conscience de citoyen militant ou de citoyen tout court. La balle est définitivement dans notre camp."

[source]

14/03/2008

Apothicaire et demi

Nombreux sont ceux qui commentent sévèrement la publication par le siège d'une moyenne des résultats de nos listes de près de 16% au premier tour des élections municipales. Pourtant... 

G... : "Plusieurs l'ont constaté précédemment : pas 16 ni 15%, mais à peine 12% sur ce tableau prétendument officiel, les erreurs de calcul grossières ont été commises, la moyenne des pourcentages réalisés n'a jamais fait le résultat moyen ! De plus, les plus gros scores sont réalisés par des listes "divers droite" ou "majorité-centristes" qui sont souvent partis au NOUVEAU CENTRE ! Rien ne sert de se gausser de résultats trafiqués, ou bien oublions l'idée d'une charte éthique !

Le calcul du résultat réel (source ministère intérieur) avec les mêmes communes donne : 674.000 voix sur 5.531.000 suffrages exprimés, soit 12,19% (tableau complet ici )

Sans les "divers droite" et "majorité centristes", le total est 522.000 voix sur 5.053.000 suffrages exprimés, soit 10,32% (tableau restreint )

Ces erreurs grossières ne servent personne, car nous avons besoin d'analyses réalistes de la situation !"

Vous faites une double erreur :

La première est de penser que l’on vous manipule. Vous dites : « la moyenne des pourcentages réalisés n'a jamais fait le résultat moyen ! ». Mais personne ne dit le contraire ! Lorsque l’on dit que la moyenne des résultats de nos listes est de X% (votre objection sur le contenu de la liste est recevable, mais c’est un autre problème), on dit la stricte vérité.

Que vous soyez tentée d’interpréter ce chiffre autrement est votre problème. Que vous soyez tentée d’interpréter ce chiffre comme le pourcentage en voix de la somme des suffrages portés sur nos listes sur la somme des suffrages exprimés sur ces villes, c’est votre problème. C’est d’autant plus votre seul problème que ce pourcentage dont vous revendiquez par ailleurs un calcul très juste ne présente, lui, aucun intérêt statistique et c’est là votre deuxième erreur.

Cette deuxième erreur est une erreur logique : vous additionnez des chiffres qui ne s’additionnent pas. Lorsque vous faites une étude d’opinion, la première des règles exige de poser à l’ensemble du panel strictement la même question. Ce qui n’est pas ici le cas. Parce qu’il s’agit précisément d’une élection locale, et qu’à ce titre, les réalités et enjeux de chaque scrutins sont dissociés, et que celles et ceux des villes plus peuplées n’ont pas une valeur intrinsèque supérieure à celles et ceux des villes moins peuplées.

Je vous donne un exemple : nous demandons aux habitants de la capitale A s’ils préfèrent les fraises aux courgettes, aux habitants du village B s’ils préfèrent la mangue aux pommes de terre, aux habitants de la bourgade C s’ils préfèrent la poire au poireau, et ainsi de suite, la banane à la tomate, l’ananas aux carottes, etc… Que penseriez-vous d’une étude qui conclurait de ces questionnaires que X% des français préfèrent les fruits aux légumes ou le sucré au salé ? Ne serait-ce pas quelque peu hasardeux ?

Donc la seule opération qui intègre les réalités et enjeux locaux est celle de la moyenne des résultats. Par contre, comme je l’ai dit ailleurs, à nous de ne pas les interpréter autrement et d’en tirer des conclusions erronées ou fantasmatiques du type : nous ferions le même pourcentage sur un scrutin national, ou la stratégie de listes indépendantes est un succès partout.

Reste qu’à mon sens, même 12,74% (en référence à votre calcul) est une moyenne très probante et encourageante.

G... : "Avec des raisonnements de jésuites, on comprend mieux la misère annoncée pour ce parti ! Je ne vois pas l'intérêt de se gausser de résultats manifestement faux !

Petit exemple (extrême) de la méthode employée par le siège :

  • NICE          = Hervé CAEL 3,11%
  • LOUVRES  = Guy MESSAGER (maire sortant) 69,25%

Moyenne 36,18% ............ ceci n'a STRICTEMENT aucun sens ! En réalité sur ces deux villes : suffrages exprimés 124 767 ; voix modem 5 896 ; moyenne réelle des suffrages pro-modem =  4,73%"

Vous ne m'avez pas compris.

Personne au siège, ni moi d'ailleurs, ne prétend que nous avons fait 16% des voix sur l'ensemble des villes où nous étions présents ! Pourquoi voulez-vous que nous prétendions cela alors même que j'essaie de vous expliquer en quoi cette totalisation n'est justement pas pertinente ?

Votre exemple est caricatural mais il est surtout hors de proportion. Une moyenne sur 350 villes est plus significative qu'une moyenne sur 2. Toutefois, je vais conserver cet exemple pour vous montrer que votre totalisation n'est pas non plus significative en l'espèce : certes, les suffrages pro-MoDem ne représentent que 4,73% du total, voire 36,18% en moyenne des résultats, pourtant dans votre exemple : 50% des villes sont administrées par le MoDem ! Etonnant, non ?

Imaginons que tous les candidats MoDem aient été les seuls à s'opposer à la construction d'une déchetterie sur leur ville. Et bien, malgré les 96% de niçois et les 63% de notre panel favorables à cette construction, il n'y en aura pas sur la commune de Louvres !

Voyez que c'est la totalisation qui n'a pas de sens car elle ne tient pas compte de l'aspect local du scrutin et de la diversité des questions posées aux différents électeurs. Le MoDem peut être favorable à la construction d'un terrain de foot dans telle ville et préférer une bibliothèque dans une autre, sans être idéologiquement sportif ou littéraire...

La seule base valable qui tienne compte de l'aspect local du scrutin municipal est celle des résultats par villes. Maintenant, je ne conteste pas que la moyenne soit le seul indicateur pertinent. Il conviendrait d'étudier la mesure médiane, la mesure modale ainsi que les mesures de dispersion et de variabilité (étendue, variance, écart interquartile). Voyez qu'il y a matière, mais sur la base des résultats par villes et non sur des totalisations inter villes qui ne répondent à aucune question posée.

G... : "Mais pourtant Azières et le site MoDem s'obstinent à proclamer des âneries ! 16% des VOIX ?

Municipales : 16% des voix pour le Modem sur les 350 villes où se présentaient des listes autonomes

Après le premier tour des élections municipales, les principaux chiffres et analyses des résultats des candidats du Mouvement Démocrate montrent la réalité et la force de la ligne d'indépendance portée par le Modem..."

Navré de vous lasser, mais j'insiste.

J'admets que si l'on s'arrête au titre de l'article, cela prête à confusion. Mais si on lit l'article signé Eric Azière, il dit ceci : "Au total, sur près de 350 villes où se présentaient des listes autonomes, le Modem recueille en moyenne près de 16% des voix, ce qui confirme son ancrage territorial."

Il ne dit pas du tout ce que vous croyez entendre et qui s'énoncerait ainsi : "Au total, sur près de 350 villes où se présentaient des listes autonomes, le Modem recueille près de 16% des voix, ce qui confirme son ancrage territorial."

C'est tout à fait différent.

G... : François Bayrou : "Partout où nous avons été candidat, nous avons réalisé une moyenne de 15 % des voix. C'est un très gros score"

On fait donc dire au chef n'importe quoi !

Pardonnez-moi mais François Bayrou parle de moyenne ! Il ne dit pas : "Partout où nous avons été candidat, nous avons réalisé 15% des voix au total"

C'est le terme de moyenne qui est important. Soit on est sur une moyenne, soit on est sur une totalisation.

Sur votre tableau 3, en bas, vous parlez d'une "fausse moyenne" de 12,74% et d'une "vraie moyenne" de 10,32%, mais expliquez-moi en quoi 10,32% est une moyenne ? Une moyenne de quoi ? En vérité, cela n'est pas une moyenne du tout : c'est un pourcentage sur une totalisation, ce qui n'a rien à voir !

04/03/2008

Lettre à un militant en mouvement

Les liens sont accessibles aux inscrits sur e-soutiens, dans le groupe Mouvement Démocrate

 

Bonjour,

Je comprends très bien la défiance qui peut vous animer, défiance légitime dans les conditions locales que vous m'exprimez. N'arrêtez toutefois pas la publicité de votre intéressant travail à votre représentation locale. Il peut être porté par n'importe quel(s) conseiller(s) du territoire.

J'imagine que c'est précisément cette volonté de publicité plus large qui motive votre engagement au sein de "Construire en Mouvement". Je voudrais vous alerter sur cette stratégie. Je regrette de ne pas l'avoir déjà fait, d'autant que je m'étais promis de revenir vers vous suite à votre précédent message. C'est que le temps me manque pour approfondir, au point de n'avoir pas répondu aux provocations de [sumergocogito], c'est dire...

Mon problème avec "Construire en Mouvement" ne réside pas dans la qualité ou la sincérité du travail qui pourrait en sortir de la part d'adhérents honnêtes et sans arrières pensées, mais dans l'instrumentalisation dont ceux-ci, vous inclus, font et vont faire l'objet au travers d'une stratégie délibérément voulue par ses initiateurs, Eric Julliard et Farid Taha.

Cette stratégie, qui s'affiche constructive, est en fait purement déstabilisatrice. Elle vise à fédérer un maximum d'adhérents sincères autour d'une démarche qui n'est statutairement pas recevable et donc vouée à l'échec, vouée à l'échec à double titre lorsque l'on sait de quelle manière ils ont l'intention de l'imposer aux instances. Il s'agit pour eux de faire percevoir cet échec pourtant écrit dans nos statuts comme un déni de démocratie, une fin de non recevoir à toute idée de fonctionnement démocratique du Mouvement, et ceci de la manière la plus retentissante et la plus publique possible.

Cette stratégie vise à déstabiliser Bayrou pour lequel ils débordent d'un ressentiment à la dimension de leur ego éreinté et alimenter leur propre projet politique, citoyen disent-ils, sur les frustrations des adhérents les plus impatients qu'ils espèrent détourner en nombre.

Bien sûr, je n'avance pas tout ceci en l'air et il est fort possible que j'envoie l'artillerie directement sur e-soutiens. Je sais que vous n'y êtes pas favorable et que vous prônez courageusement le rassemblement mais je pense que celui-ci ne pourra intervenir, et j'y serai alors favorable sans exclusive, qu'après une clarification de certains discours. Pour l'instant, je constate que [sumergocogito] se contente d'essayer assez piteusement de désamorcer l'attendue salve de l'artillerie susdite

Bref, ne vous découragez pas pour autant. Il y a un nombre tout à fait majoritaire de conseillers et de délégués nationaux favorables à la valorisation des adhérents, la formation en interne et une organisation transversale parallèle à la pyramidale (là, je me surpasse !!) de notre mouvement.

Bravo encore pour votre travail et votre abnégation,

Amicalement.

18/02/2008

Bayrou, Sarkozy, l'instituteur, le curé et la chattemite

28/01/2008

Résumé

5f5063ba58db5f16e779c7cf954facc5.jpgA n'importe quel poste de pouvoir, je préfère un bon juge qu’un bon avocat...

12:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pouvoir, juge, avocat, citation, aphorisme, bayrou, sarkozy | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/01/2008

Conscience et responsabilité

Ou la nécessité d’accorder, en chacun de nous :

  • l’électeur,
  • le contribuable,
  • le consommateur,
  • le testateur universel.

Cette conciliation embrasse à la fois une ambition originelle, tout comme sa quête consciente. C'est, à mon sens, la définition même de la Citoyenneté.

12:00 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conscience, responsabilité, sangnier, citoyen, citoyennete | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

14/01/2008

Election du Conseil National

9af3d6522875ac9e461c15d2a08f3fa9.gifJe soutiens la liste GRAND PARIS DEMOCRATE conduite par Céline Alléaume.

13/01/2008

Le Conseil National, enjeu de pouvoir ? Quel pouvoir ?

A quelques heures de cet important scrutin interne, suivant attentivement la campagne avec toutefois la distance d'un non candidat, je vous livre quelque matière à réflexion, peut-être même débat, qui sait ?

D'abord, l'enjeu véritable de ce scrutin, et conséquemment, son urgence en dépit des critiques.

Essentiellement, je veux vous dire que si l'on croit que l'élection au Conseil National est un enjeu de pouvoir, on se trompe. Quel pouvoir ?

Il est courant d'assimiler notre Conseil National à l'idée de "parlement" de notre mouvement. C'est un raccourci commode et même statutaire, mais qui prête à confusion. Certes, cette assemblée sera composée de nos représentants à divers titres, mais la symétrie s'arrête là et cela n'est pas un détail. Parce qu'à lire certaines professions de foi, à entendre certains commentaires ou certains slogans, la notion de "parlement" opère un glissement de sens qui voudrait attribuer à notre assemblée un pouvoir là où il n'y en a pas.

Oui, le parlement français détient un pouvoir. Qu'il vote une loi et elle s'impose à tous, à notre liberté, qu'on l'accepte ou pas, par la force si nécessaire. Disposant du monopole et de la légitimité de celle-ci, il peut exercer une contrainte, contrainte qui est la seule expression tangible du pouvoir. Alors, de quel pouvoir dispose notre Conseil National, je vous le demande ?

Dans un mouvement politique libre, où l’on adhère librement, quelle contrainte pourrait donc s’exercer à l’encontre d’un de ses membres qu’il ne dispose du choix de l’accepter en responsabilité, ce qui n’en fait plus une contrainte, ou d’en tirer les conséquences et se désengager ?

En réalité, l’enjeu de cette élection, ce n’est pas un pouvoir, c’est un devoir.

Ceux qui sont candidats au Conseil portent leur engagement à un niveau supérieur de responsabilité, pas de pouvoir. S’ils n’avaient pas envisagé ceci, j’ai l’honneur de leur apprendre, il n’est jamais trop tard. Il n’y a pas de pouvoir à gagner à prendre ses responsabilités.

C’est parce que je le vois sous cet angle que je tais les critiques qui me sont venues comme à beaucoup d’entre vous. Oui, la présence d’élus sur les listes me semblait contraire à l’esprit des statuts. Tout comme la candidature de listes coordonnées nationalement. Mais au fond, une telle affluence, une telle volonté d’engagement méritent-elles d’être sacrifiées devant la difficulté de la tâche qui nous attend et surtout devant son urgence. Même mal élu, notre Conseil a l’urgence d’exister. Après de trop longs mois de gestation, porté par un seul homme, François Bayrou, le Mouvement Démocrate a le devoir d’exister, le devoir de s’exprimer, le devoir de fonctionner enfin. C’est la mission que confèrent nos statuts au Conseil, et sa réussite ou son échec seront de sa responsabilité collégiale devant les adhérents.

Parce que le Conseil National a le devoir de faire fonctionner notre mouvement. Puisqu’il n’en a pas le pouvoir intrinsèque car le bon fonctionnement ne se décrète pas, ne s’impose pas, il se constatera. Ou pas. Parce que le bon fonctionnement de notre mouvement est, au-delà des idées que nous portons, la clé de la réussite de notre entreprise, le Conseil National a le devoir immense de le permettre.

Bon vote.

09/01/2008

Dailymotion

 

13:05 Publié dans Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bayrou, modem, mouvement democrate, video, dailymotion | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

02/01/2008

Proposition d'amendement - Charte des valeurs - Article 1

I - Notre action concourt à la devise républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité. Son but est l’établissement d’une société de justice et de responsabilité tendant à l’épanouissement intellectuel et moral de la personne humaine et des communautés dans lesquelles celle-ci s’enracine, la construction et l’expression de son identité dans . Sa réalisation suppose le refus de toutes les discriminations et le respect d’un idéal humaniste.

MOTIFS :

Il y a, dans le terme de « communauté », une notion d’appartenance. Or, une telle notion est exclusive dès lors qu’il ne s’agit pas du genre humain tout entier. De ce fait, elle nous semble contraire à l’affirmation d’un humanisme à la fois intime et universel.

La notion d’ « identité » semble plus prometteuse en ce sens qu’elle se situe, pour chacun, au carrefour de ses appartenances, sans en faire la confusion.

Une telle confusion identité/appartenance, erreur logique fréquente, ne serait qu’un abus de langage si elle ne masquait un terrible danger aux précédents historiques : la réduction de l’identité à l’appartenance. Il procède ainsi du banal racisme quotidien comme de tout génocide ethnique ou religieux. L’identité réduite à l’appartenance. L’assimilation de l’individu à sa communauté. C’est pourquoi nous croyons prudent et sage d’affirmer l’identité plutôt que l’appartenance.

L'identité, les appartenances

Nous, je

Puisque, au mépris des cultures poreuses, existent encore des absurdités aussi désuètes que des frontières entre nations, vous y devez montrer à l'un des fonctionnaires qui veillent à ces murailles, passeport ou carte d'identité. Il s'assure d'abord que la photographie d'un visage inimitable correspond à celui, singulier, qui passe devant lui, entre vos épaules. Ensuite, s'il doute, il lit vos nom, prénom, âge et sexe, notés sur l'un ou l'autre document. Il vérifie votre identité. Mais s'agit‑il vraiment de cette dernière ?

Non. Selon que vous vous appelez tel ou tel, en effet, votre nom, porté aussi bien par dix personnes ou cent mille dans le monde, ne vous désigne en aucune manière : vous appartenez seulement au sous‑ensemble de ceux et celles qui répondent à l'appel de Martin, Chang ou Gonzalez. Vous appartenez de même au sous‑ensemble de celles ou ceux dits ou dites Sarah ou Bruno. Vous rencontrez parfois, au cours de vos voyages, des prétentieux qui portent vos nom et prénom. Au moins pour cette raison d'homonymie, l'un, même associé à l'autre, ne précise votre identité en aucune manière, mais seulement une intersection de deux d'entre vos appartenances. Et, selon le sexe, vous appartenez encore à l’un des deux sous‑ensembles, mâle ou femelle, enfin à celui qui vit tant de naissances en tel lieu et en tel temps. Qui peut se vanter d'avoir seul vu le jour, là et à telle heure, telle semaine ? Votre prétendu je plonge dans des nous divers.

Confusion entre appartenance et identité

Ainsi confondons‑nous toujours appartenance et identité. Qui êtes‑vous ? En entendant cette question, vous déclinez nom et prénom, et vous y ajoutez, parfois lieu et date de naissance. Mieux encore, vous vous prétendez français, espagnol, japonais ; non, vous n'êtes pas, identiquement, tel ou tel, mais, derechef, vous appartenez à l'un ou l'autre de ces groupes, de ces nations, de ces langues, de ces cultures. De même, vous vous dites shintoïste, catholique, démocrate ou républicain; non et non, une fois encore, vous appartenez seulement à cette religion, à tel parti politique, à telle secte d'opiniâtres.

Mais qui êtes‑vous donc ? Ce verbe ouvre à des sens si vagues qu'il vaut mieux le mettre en attente ; nous y reviendrons. Dites donc votre identité. Seule réponse véridique : vous‑même et seulement vous‑même. Et cela d'autant que le principe d'identité s'énonce comme suit : P identique à P, logiciens et mathématiciens ayant coutume de le marquer par trois petites barres horizontales parallèles pour le distinguer du signe « égale » qui n'en rassemble que deux. Quant à l'appartenance, ils la désignent par un petit signe en demi‑cercle barré, qui ressemble à la lettre grecque epsilon ou à une sorte d'euro, et dont la présence montre que tel élément fait partie de tel ensemble, comme vous faites partie des Portugais, des mahométans ou de telle équipe de football. La confusion entre appartenance et identité commence donc par une grave faute de raisonnement que sanctionnerait le maître d'une classe élémentaire.

Douanes, police, Renseignements généraux, impôts...

Bien entendu, le plus souvent, vos nom et prénom suffisent à la gendarmerie pour vous repérer. Nous ne nous souvenons plus, hélas, des protestations indignées contre l'institution des papiers d'identité proférées par ceux qui refusaient, voici seulement quelques décennies, que le gouvernement les mit en carte comme les putains. L'État nazi humilia les juifs de cette manière, en les obligeant à porter sur soi et à montrer, au commandement, un tel document ; hommes et femmes dits libres s'en trouvaient exemptés, alors que les femmes et filles victimes de cette mesure devaient toutes se nommer indistinctement Sarah. Cette décision éliminait, on le voit, l'identité pour ne garder que l'appartenance.

Le repérage policier montre que cette dernière fonctionne comme une sorte d'adresse ; si la maréchaussée veut vous appréhender, il lui suffit de sonner à votre domicile, dont elle connaît le département, la ville, la rue et le numéro. Alors que vous vous posez la question: « Qui suis‑je ? », les Renseignements généraux en résolvent une tout autre : comment vous retrouver ? L'erreur de raisonnement porte sur deux disciplines distinctes : vous confondez l'ontologie et l'anthropométrie. Peut‑être même oubliez‑vous la liberté laissée par certain anonymat. Inversement, le port de cette carte protège du meurtre ; j'ai entendu dix amis africains l'envier, disant qu'au moins leur État comptait les toubabs ; s'il en manque un, on le cherche ; il devient difficile de l'éliminer.

Vie et mort

Mais la liste portée sur le passeport, la carte d'identité, plus tous les papiers administratifs, bancaires, médicaux, sans compter ceux du téléphone, du gaz et de l'électricité, n'épuise pas, et de loin, les appartenances d'une femme ou d'un homme. Apprennent‑ils une langue dite étrangère et les voilà plongés dans une communauté nouvelle, inaudible à la voisine et souvent à la leur ; pratiquent‑ils un métier, les voilà dans une entreprise, un service, une division, lancés même dans la concurrence ; un sport, les voilà dans une équipe qui, samedi prochain, va s'opposer à quelque autre ; deviennent‑ils spécialistes d'une discipline, les voilà participants d'un savoir, d'un département, d'un corporatisme ; font-ils leurs délices de l'opéra, de la danse, du piano, et ils fondent un club d'amateurs. Cette série d'appartenances s'allonge d'autant que vous jouissez du souci de vivre. Elle vous permet de partager votre expérience avec d'autres et son ouverture accroît votre accomplissement. N'hésitez donc pas, multipliez vos appartenances, vos liens s'enrichiront d'autant. Cette suite ne se clôt, vous n'achevez de tisser ce réseau que le jour de votre mort.

De nouveau, dites votre identité : à supposer qu'elle se décide comme la réunion de l'intersection de tous ces sous‑ensembles ou la somme de la série de toutes vos appartenances, vous ne la connaîtrez, nul ne la saura qu'à l'heure banale, pour vous solennelle, de votre agonie. Si et quand elle existe, elle se réduit peut-être à la somme des appartenances, mais jamais à l'une ou à l'autre d'entre elles. Aux limites de cette série ou de cette somme, existe‑t‑il un point d'accumulation en dehors de leur développement ? Ou votre identité intègre les niches où vous passâtes en votre existence, les portes que vous forçâtes, ou bien elle (une autre ?) réside toujours en quelque lieu irréductiblement extérieur à cette somme. Seule la tautologie : « moi identique à moi » ferme rigoureusement cette immanence buissonnante ou cette transcendance inaccessible. Mais la blanche transparence, l'incandescence de cette répétition n'apprend rien.

Ainsi dessinées, deux cartes tendent l'une vers l'autre : celle des appartenances court vers une complication croissante en nombre et chevauchements croisés ; celle de l'identité blanche, silencieuse et lisse, luit.

Le racisme et ses deux réductions

Or, depuis assez longtemps, savants, politiques, journalistes, régionalistes, finalement tout le monde, utilisent jusqu'à la nausée le terme identité sans y voir d'abord cette pure erreur de logique dont la dérive aboutit à une faute pire. Examinons, en effet, ce que recouvrent les expressions : identité culturelle, nationale, religieuse, masculine ou féminine, africaine, européenne ou islamique.

De scandaleuses injustices et une misère insoutenable peuvent naître de ces manières de dire et de penser. Que dit le raciste ? Il vous traite comme si votre identité s'épuisait en l'une de vos appartenances : pour lui, vous êtes noir ou mâle ou catholique ou roux. Il adore le verbe être, aussi flou que réducteur. Le racisme puise sa puissance dans une ontologie dont l'acte premier de parole réduit, ici, la personne à une catégorie ou l'individu à un collectif. Il vous cloue dans une case comme un entomologiste pique d'une aiguille tel insecte dans sa collection ; chassé, tué, traversé d'acier il incarne son espèce. Non, vous n'êtes pas musulmane, fille, protestante ou blonde, vous ne faites que partie de tel pays et de ses modes printanières, de cette religion et de ses rites ou d'un sexe et de ses rôles mouvants. Autant l'identité, logique, détermine une rigueur, autant les appartenances tombent et flottent comme le temps, le hasard et la nécessité. De là fondent sur le monde tant de malheurs qu'il vaut mieux redresser cette erreur qui vire vite au crime.

Le racisme peut se définir par la réduction qu'il opère entre la relation d'appartenance et le principe d'identité. N'usez plus de ce terme, si répandu quand il s'agit de culture, de langue ou de sexe, puisque la faute de logique y devient un crime social et politique. Le raciste ramène le je à un nous. Qui n'a expérimenté que cette simple erreur de langue cache une tentative de mise à mort ?

Réputez donc définitivement racistes les expressions : identité culturelle, sexuelle, religieuse, nationale, si fréquentes aujourd'hui.

Éthique: inclusion et exclusion

À ces éléments d'ordre logique et sociopolitique, répondent maintenant, des choses aussi simplissimes en éthique. L'appartenance, on le dit peu, implique, en effet, une libido singulière et des pulsions plus brûlantes que celles dites du corps et de l'esprit, attachements qui flambent aux attitudes méprisantes, pendant les discussions acharnées, à la guerre, où chacun défend moins son identité, voire ses idées, que la colle de son collectif, de sa secte ou corporation. Ces délectations maladives trouvent parfois leurs soins (les doctes disent « catharsis ») dans les travées des stades où l'on joue au football ; mieux vaut certes, assister en hurlant à la victoire des Bleus contre les Verts au nombre de tirs au but qui ne tuent jamais personne, en attendant une autre compétition pour une coupe en fer blanc où le résultat s'inversera, que d'enterrer cent mille morts inutiles au soir d'une bataille de mon pays contre le tien. Cette concupiscence terrifiante de l'appartenance, d'où vient peut‑être tout le mal du monde, s'exprime en une règle, universelle, quoique non dite, de conduite: « Aimez‑vous les uns les autres », exclusive à l'intérieur, excluante vers l'extérieur. L'appartenance, alors, répète encore le verbe être : celui‑ci est des nôtres. J'ai parlé d'un sous‑ensemble et le voilà clos.

Si tel individu appartient à ce sous‑ensemble, cela suppose qu'il existe, au moins, un autre individu qui ne lui appartient pas ; de fait ou de force, nous expulserons celui‑là hors nos murs, si d'aventure il en franchit la clôture. Hors cette limite que l'appartenance dessine, cet autre ne peut bénéficier des mêmes bienfaits : l'inclusion implique et explique l'exclusion. Ainsi certaines bêtes pratiquent le meurtre extraspécifique. La question porte sur l'Autre. Puisqu'elle ne fait qu'appliquer le moi sur le moi, l'identité exprimée en rigueur reste innocente de cette exclusion ; mais l'appartenance ou collage du moi dans le nous rejette les autres de cette inclusion.

La libido d'appartenance : exercices

Avec, pour moteur, cette libido propre et déchaînée. Tout le mal du monde vient‑il de l'appartenance ? J'ai tendance à le penser. Il rôde en ces limites, fermeture et définition, découle des comparaisons et des rivalités qu'elles suscitent, soulevé par la chaleur de cette libido.

Puissiez‑vous, une fois par jour, pour la refroidir, oublier votre culture, votre langue, votre nation, votre lieu de séjour, l'équipe de football de votre village, même votre sexe et votre religion, bref l'épaisseur de vos clôtures. Les femmes changent bien de nom, passé le mariage, les voyageurs d'adresse et les émigrés de passeport. Traduisez quelque mot étranger, trahissez le dialecte aisé en votre bouche, songez que celui que l'on accuse de traîtrise traverse, au sens littéral (tra‑ducit), une frontière, se déplace tout simplement, et qu'importateur ou exportateur, il donne, à travers cette barrière (trans‑dare). Appelez plutôt ce traître un échangeur. Bénissez les traducteurs. Femmes, épousez l'ennemi de votre frère. Si vous habitez à l'ombre d'un clocher modeste ou d'une cathédrale, regardez‑les une fois le jour, à midi par exemple, comme une ziggourat, une pyramide, une mosquée ou comme une pagode sans ombre. Bienheureuses religions dont le récit fondateur ne déifie pas la terre propre, mais au contraire en bénit une tout autre, lointaine, dite sainte et tellement inaccessible que celle sur laquelle se développe la vie réelle devient vallée de larmes et lieu d'exil. D'où sommes‑nous ? De nulle part, d'ailleurs, de la transcendance. Exerçons ‑nous, enfin, en cette heure de lumière, à travestir notre ami en Persan et voir nos bêtes dragonnesques comme des princesses bien‑aimées qui appellent au secours. Puissions‑nous, de temps en temps, oublier nos appartenances. Notre identité y gagne. Avec, en prime, la paix.

Un aveu d'identité: tout inné, tout acquis

J'aime que le principe de l'identité se réduise à une tautologie vide, l'ontologie qui la supporte s'annulant de ce coup. Mon visage prend la forme d'un rond blanc, mon corps d’un manteau candide. Portrait sans traits, cire plastique à loisir. La carte peuplée se projette alors sur la carte blanche, toutes choses autres s'imprimant sur une telle incandescence : la beauté de telle amie, la laideur des villes des États‑Unis, l'étincelant Sahara, les Andes transcendantes, les courants du détroit de Baffin aux icebergs à la queue leu leu, les volcans triangulaires du Japon, brigands et saints, humbles et rois, grutiers, laboureurs, putains, ministres, tueurs au pouvoir et amoureux secrets de l'amour, savoirs et musiques. Écho bruissant de mille voix, lumière blanche à dix couleurs.

J'aime que les philosophes sensualistes, au siècle des lumières blanches, aient plongé le moi en cette cire vierge. Le monde s’y envisage et s'y dévisage à loisir, les autres y tiennent un infini entretien. En mon corps, mon âme et mon entendement‑palimpseste, mille textes et dessins se donnent rendez‑vous, pesamment surchargés, oubliés prestement, mémorisés, se chevauchant, effacés sans cesse et cependant toujours repeints et récrits en sillons remodelés. Toutes choses écrites sur cette absence ; ou : personne plus les autres ; voilà le moi. Ego nemo et alii.

Identité, vacuité, virginité. De ce vide surgit tout remplissement possible. Le plérome ou plénitude a besoin de vacance. Une vierge devient mère qui redevient vierge passé sa maternité. Presque tous les vivants, plantes, bêtes, champignons, naissent doués, ne connaissent que leur donné, marqués, munis de limites raides résistant à l'apprentissage, pour tout dire programmés, innés. Pour nous humains, tout s'acquiert, je viens de le dire, comme traces sur la cire ou couleurs dans l'incolore. Mais notre identité native comporte justement cette possibilité de tout acquérir; donnée au départ voilà une omnipotence, une totipotence, au sens où tout dort en puissance. Nous voilà universellement doués, par cette blancheur elle‑même, innée.

Il n'y a pas de discussion ni de contradiction ni même de proportion entre l'acquis et l'inné, entre les deux cartes dont je parle : tout inné, tout acquis, cette étrange addition forme l'Homme.

01/12/2007

La maison du berger

1dbf8b6ae5ad9a6ecfdb0dbcefdb384b.jpg"Dans la multiple rencontre
faisons à tout sa part,
afin que l'ordre se montre
parmi les propos du hasard.

Tout autour veut qu'on l'écoute -,
écoutons jusqu'au bout ;
car le verger et la route
c'est toujours nous !"

 

Rilke