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30/11/2007

Pour la route...

Voici compilées, quelques-unes de mes remarques publiées ici ou là, et qui n’ont guère suscité de réponses. Pourtant, elles me semblent au cœur du débat et propres à alimenter la réflexion sur les statuts et au-delà.

P... : "Qu'est ce qui fait l'essence du MoDem ..?? J'écrit bien "qu'est ce qui" et non pas "qui"..."

Question essentielle, donc, P.... Quoi et non pas qui.

Pour moi, l'essence du MoDem, c'est l'idée que François Bayrou a défendue pendant la campagne présidentielle, c'est-à-dire son projet d’espoir. C’est à ce projet défini que j’adhère  et c’est l’idée que je veux porter. C’est le sens de mon engagement. C'est bien un concept et non une ou plusieurs personnes. Ce concept là, tout à fait indépendamment du nombre de personnes qui pourraient le porter. Je vais donc jusqu’à affirmer que, pour moi, la base du MoDem, c’est l’idée, cette idée et non l’adhérent passé, présent ou à venir.

Ce raisonnement personnel, mais que j’ai le devoir de partager, a des conséquences notables au regard des évènements qui nous occupent.

Tout d’abord, je ne lie pas la pérennité de mon engagement au Mouvement Démocrate à une quelconque forme définitive ou provisoire des statuts. Même si celle-ci n’a pas ma préférence, elle n’oblitèrera pas mon ambition pour le progrès de nos valeurs et le projet d’espoir de François Bayrou. Donc, aucune chance que je ne rende ma carte.

Il faudra que l’on m’explique, d’ailleurs, le charmant paradoxe qui voit certains, légion parait-il, hérauts sublimes de la démocratie que rien n’arrête pas même les contradictions, suspendre aux suffrages démocratiques du Congrès, les conditions de la poursuite de leur engagement « démocrate », si et seulement si ces suffrages leur étaient favorables !

Nous sommes là devant ce que j’appelle le « malentendu démocrate ». Où l’on confond l’objectif avec les moyens sans en tirer les conséquences.

Conséquences sur la démocratie interne : quelle démocratie ?

Parce que si l’adhérent est la base, cela veut dire, en réalité, que la majorité des adhérents est la base. Outre le fait que les majorités vont et viennent au gré des vents, que peut-il rester de l’engagement de la minorité ?

J’avais déjà écrit ceci, il y a quelques semaines :

« Le pire, c'est que je crois que ceux qui ne pensent pas comme moi, ceux pour qui l'adhérent est la base, ne sont pas différents de moi : ils se battent aussi pour des idées auxquelles ils croient, et ils ne se battront pas pour des idées majoritaires si ce ne sont pas les leurs. La preuve, c'est qu'ils menacent de quitter le mouvement si les statuts approuvés démocratiquement ne leur convenaient pas. Ils ont un raisonnement paradoxal et n'en tirent pas les conséquences, ce qui est dommage. »

Où l’on comprend qu’à coup de scrutins, autant de coups de haches seront portés dans nos rangs.

Comment se peut-il qu’une telle évidence puisse échapper aux plus observateurs d’entre nous ? Regardons-nous en face ou vus d’en face : voici plusieurs milliers de personnes qui partagent le même projet politique. Unis en mai, nous voici divisés, profondément divisés. Pourquoi ? Parce que nous allons voter.

Est-ce là notre profonde ambition ?

A... : "Mais  si on commence à me dire (toi et FB)  que finalement la démocratie interne c'est pas si important et que le mode militaire c'est plus efficace , alors là , sérieusement , j'ai les dents agacées"

Non cela n'est pas ça, A.... Je vais essayer de te décanter ses propos, qui sont aussi les miens, et je suis presque sûr que l'on va se rejoindre.

François et moi avons quelques fondamentaux communs dont ceux-ci : nous aimons le consensus et nous n'aimons pas les scrutins (voir mon article). Ce qui est logique. Pour nous, la démocratie, c'est conscience et responsabilité, c'est à dire : on discute et on se met d'accord. Et non pas : on discute et comme on n'est pas d'accord, on vote.

Le problème, c'est que pour la plupart d'entre nous, la démocratie, c'est : on vote. Point barre. J'ai été frappé par ce malentendu, depuis longtemps sur ce forum, mais notamment au cours du Café démocrate de Quitterie auquel j'ai assisté. Il est dommage qu'il n'y ait pas de vidéo de ce passage (il s'en est fallu de peu, le clip intitulé Conscience et responsabilité commence justement sur la fin de la "preuve"). Mais la retranscription de Frédéric le résume ainsi :

"Parce que je pense que le vote n’est pas tout dans la démocratie (quelqu’un : "c’est un des fondements"). C’est un des exercices (la même personne : "ah oui - nécessaire"). Nécessaire, mais un des modes. Pour moi, la démocratie, c’est conscience et responsabilité. C’est un processus d’accouchement. (la même personne : "et un état d’esprit, on est bien d’accord")."

Or, ce qui est frappant, c'est cette volonté de son interlocuteur de se rassurer lui-même en concluant "on est bien d'accord", alors que non, pas du tout ! Le malentendu était beaucoup plus palpable qu'on ne le perçoit dans cette retranscription. D'abord l'affirmation de François qui est interrompu, choses rare, par un participant choqué. Puis François le corrige une première fois en déniant le caractère fondamental du vote pour le qualifier d'"exercice", puis "nécessaire, mais...", etc...

Tout ça pour dire, A..., que la démocratie interne au mouvement est possible, dès lors que l'on s'entend sur le terme. Il ne s'agira donc pas de trop de démocratie "élective" mais davantage de "participative". Il s'agira de permettre à chacun de trouver sa meilleure place au sein de notre mouvement dans l'intérêt de nos valeurs et de leur rayonnement. Toutes choses peu inscriptibles dans des statuts, malheureusement.

Donc oui, de la démocratie. De la démocratie pour la réflexion, mais de l'autorité pour l'action et le discours.

C : « le raccourci trompeur de faire penser que respecter ce que nous prônons pour la France en notre sein aboutirait forcement à des débats internes est à mes yeux idiot »

François Bayrou répond à une objection précise : il nous faudrait respecter en notre sein tout ce que nous prônons pour la France, or nous prônons le pluralisme pour la France. Que doit-il advenir d'un parti politique qui soutient ou propose plusieurs politiques à la fois ? Rien. Il nous faut une unité et vous y êtes sensible, mais alors si notre discours doit être l'émanation de nos débats internes, comment ceux-ci pourraient-ils ne pas avoir lieu ? On comprend que le pluralisme en interne doit être contenu car en fait, nous devons représenter une composante unitaire d'un pluralisme plus large, et lui nécessaire, qui est celui de la démocratie française.

Il s'agissait, à travers cet exemple de révéler cette "fausse symétrie", rien de plus.

A mon sens, le Mouvement Démocrate n'a pas vocation à débattre d'un projet neuf mais à porter l'existant en l'adaptant. Projet auquel on adhère ou pas. Ce qui ferait déjà un débat de moins...

"Non la véritable question c'est considère-t-on nos valeurs comme supérieures à notre but ou pas"

Notre but, c'est de "concourir à l'expression du suffrage universel" et être élus pour appliquer une politique conforme à nos valeurs. Pas seulement être élus. Donc nos valeurs sont indissociables de notre but. Sont-elles inférieures à lui ? Certainement pas mais il faut en définir le champ d'application.

Car je prends un autre exemple : nous sommes démocrates, donc nous nous plions aux décisions de la majorité. Un tel raisonnement voudrait que nous nous rangions au coté de Nicolas Sarkozy afin de l'aider à appliquer sa politique choisie par la majorité des français. Or, nous n'en faisons rien.

Voyez que cela n'est pas si simple.

F..., à propos de la représentativité du Congrès : « Quand même, j'ai du mal à avaler l'idée qu'un corps intermédiaire, qui plus est partiellement constitués de personnes désignées, soit plus représentatif qu'une population de membres dans son entier. […] Certains acceptent cette idée, d'autres pas...Quel que soit le point de vue, c'est une question d'idéologie, et on ne peut trancher entre deux points de vue idéologiques... […]L'idée de représentativité est susceptibles de toutes les argumentations contraires...et seuls les abus réels peuvent être invoqués; or, et certains ne se privent pas de le dire: c'est une fondation, donc il n'y a pas de base. Raison de plus pour moi, de les soigner... »

Bien sûr, rien n'est plus représentatif d'une assemblée que l'assemblée elle-même : qui pourrait vous représenter mieux que vous-même ? C'est évident, mais je voudrais aussi vous mettre en garde contre une fausse symétrie qui vous fait avancer l'argument idéologique là où il n'a pas entièrement lieu d'être.

Parce que l'adhésion à un parti politique n'est pas synonyme d'une demande d'expression ou de légitimité d’expression. Beaucoup de gens, un très grand nombre même, adhèrent au Mouvement Démocrate pour apporter, concrétiser, prolonger leur soutien à François Bayrou, à ses idées, à son discours, à son projet, rien de plus. L'adhésion simple est la plus commune forme de soutien, le type d'engagement que vous défendez en est une autre.

L'adhérent simple soutient ainsi une certaine idée, le projet d'espoir de François Bayrou, comme un élément du pluralisme de la société française. L'organisation interne du mouvement politique qui la porte lui est tout à fait secondaire, puisqu'il n'est pas concerné par son fonctionnement, sauf à souhaiter son efficacité. Cet adhérent s'exprime par sa seule adhésion et n'a pas d'autre ambition.

Votre engagement, lui, soutient une certaine idée, la même en apparence, à la fois comme un élément du pluralisme français et comme un élément d'un pluralisme interne obligatoire. Vous pensez, à tort ou à raison, que l'expression de ce pluralisme interne produira la seule idée légitime que nous aurons alors tous à défendre au sein du pluralisme français.

Ces deux types d'engagement s'appuient en fait tous deux sur un principe de démocratie représentative, mais inverses.

Pour vous, le MoDem, par l'expression souveraine de ses adhérents, produit l'idée qui les représente le mieux, en tout cas majoritairement. L'idée représente l'adhérent.

Pour l'adhérent simple, le MoDem, c'est une idée qui préexiste, celle d'un projet de société, de contrat social, qui est celle défendue et incarnée par François Bayrou. Cet adhérent ne demande pas de souveraineté quant à l'idée puisqu'elle existe déjà et que c'est précisément la raison de son adhésion. Il ne cherche pas à exprimer son idée mais à exprimer librement l'idée existante. L'adhérent représente l'idée.

Ces deux types d'engagement sont-ils complémentaires ? J’ai du mal à le croire.

Les deux se craignent, se redoutent même : le premier craint de ne pouvoir exprimer son idée ; le second craint qu'on puisse changer l'idée.

C'est, je crois résumé, tout le "malentendu démocrate".

C... : « J'attend maintenant sans hate ce congrès (la montagne) qui va accoucher d'une souris. Oui je suis un oiseau de mauvaise augure, oui je ne vois pas des lendemains qui chantent. »

Il y a nécessité à disposer d'un document de base pour pouvoir l'amender, non ? Des statuts, qui sont avant tout un document technique car juridique, ne vont pas sortir spontanément d'une réunion de plusieurs milliers de personnes !

Quant à la "montagne qui va accoucher d'une souris", je comprends votre souci, mais attention : c'est vous qui vous en faites une montagne, C.... Les statuts que nous adopterons ne seront pas "les tables de la loi gravées dans le marbre", l'ultime forme de perfection technique, de maturité démocratique et d'expérience humaine faite texte. Ils évolueront dans le temps. Ce qu'il faut prioritairement, c'est une organisation qui nous légitime tous, d'où que nous venions, ce que vous réclamez par ailleurs. Ne tombons pas dans le syndrome du 29 mai 2005 !

François Bayrou lui-même a parlé d'une "ambition progressive" : Ce n'est donc pas la "montagne qui accouche d'une souris", c'est "le désordre qui accouche de quelque chose".

Restons confiants, réalistes, réfléchis et responsables et le Mouvement Démocrate sera un grand mouvement, citoyen et populaire, porteur d'un vrai projet pour les français et au delà.

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Merci de m’avoir lu jusqu’ici. Je n’avais pas l’ambition de vous convaincre, juste celle de vous fournir des éléments de réflexion pour les heures qui s’approchent.

Bons votes.

15/11/2007

Fausse symétrie

Au cours de cette discussion entamée il y a plus d'un mois, j'avouais ceci :

"Maintenant, je ne vois pas pourquoi il devrait y avoir nécessairement un parallèle à faire entre l’organisation d’une société et celle d’un parti politique ? J’ai beau y réfléchir depuis des semaines, je ne vois pas de rapport logique. En fait j’en entends bien un mais qui me semble être un gros sophisme :

"un Mouvement Démocrate digne de ce nom doit être démocratique en son sein".

Or, je ne vois pas de rapport entre l’objectif et les moyens. Demande-t-on à l’armée d’une démocratie d’être démocrate en son sein pour légitimement la défendre ?

Entendons-nous : je ne suis pas contre la démocratie interne. Au contraire. Mais pas n’importe comment et certainement pas au nom de ce sophisme. Parce que les électeurs ne vont pas voter pour le parti le plus démocratique, mais pour celui qui aura le meilleur programme. Et si par exemple nous promouvons, au nom de la démocratie, le pluralisme à l’intérieur de nos discours, c’est-à-dire chacun dit ce qu’il veut, je ne suis pas sûr que les électeurs y comprennent quelque chose. Enfin, je suis même plutôt sûr du contraire.

Soyons donc pragmatiques et recherchons l’efficacité. La démocratie y a parfaitement sa place, sans dogmatiquement oblitérer l’objectif à cause des moyens."

Aujourd'hui, je crois que l'on pouvait aussi dire les choses ainsi :

 

12/11/2007

Scrutins

d048ad60cd86b0624d1b400d5e5e8078.gifVous voulez diviser une assemblée ? Organisez un scrutin.

Contrairement à une idée reçue prégnante, un scrutin n’incarne en rien l’aboutissement du processus démocratique : il n’en est que la limite.

Il marque l’échec de la démocratie en ce sens qu’il procède de l’incapacité d’individus égaux en droits à se gouverner eux-mêmes, à s’entendre entre eux, à dégager un consensus satisfaisant.

Alors, il est fait appel, pour les départager, à une autorité « supérieure » qui n’est ni la justice, ni le bien, ni la vérité, mais le nombre. La justice du nombre, le bien du vainqueur, la vérité majoritaire. En ceci, le scrutin ne règle qu'un problème de contingence attaché au processus de prise de décision, c’est-à-dire l’urgence, à l’exclusion de tous les autres. Ceux qui n’étaient pas d’accord avant ne le sont pas davantage après.

D’un point de vue démocrate, un scrutin ne constitue rien d’autre qu’un aveu d’échec. En faire le principal, voire l'unique moteur d’une démocratie interne au Mouvement Démocrate, c’est non seulement de peu d’ambition, mais c’est malheureusement se tromper d’ambition.

10/11/2007

Statuts de la Liberté

9e4a5346b4b35e091297205a8abd8384.jpgOn peut discuter de ce qui est présenté par beaucoup comme une « parodie » de statuts, et je dirais que oui, ils sont très incomplets et améliorables, mais je dirais aussi que les lectures qui en sont faites sont assez parodiques aussi.

  • Bien sûr on peut discuter de l'opportunité de récupérer le financement public de l’UDF.
  • Bien sûr on peut contester l'adhésion automatique des UDF et CAP21 au MoDem
  • Bien sûr on peut contester l'aumône provisoire de 20% des instances électives du MoDem à l'UDF et 5% à CAP21.

Mais enfin on passe à coté de choses essentielles, en tout cas à mon avis bien plus essentielles et notamment l'article 2. Personne n’a l’air d’en mesurer l'enjeu fondamental, c’est pourtant le terme ! Tout le monde a l'air de considérer l'article 25 comme le pendant de l'article 1, mais pas du tout. Ou de façon plutôt marginale au regard de l'article 2 :

« Le Mouvement Démocrate est un mouvement politique unitaire, conformément à l'article 4 de la constitution. L'action politique des membres fondateurs (UDF, CAP21 et adhérents directs au 2/12, NDLR) s'inscrit dans la cadre du Mouvement Démocrate. Ils respectent ses choix politiques et ses décisions statutaires. »

L’action politique de l’UDF est donc subordonnée aux choix politiques du Mouvement Démocrate. Encore mieux « déléguée » aux instances du Mouvement Démocrate, pour reprendre les termes exacts de la motion unique qui sera présentée vendredi 30 au Congrès de l’UDF. En clair, les compétences du Conseil National de l'UDF sont transférées à la Conférence Nationale du Mouvement Démocrate.

Le Mouvement Démocrate sera donc bien « un mouvement politique unitaire, conformément à l’art.4 de la Constitution »

L'article 2 sonne la mort politique pure et simple de l'UDF et de CAP21. Ils n'ont aucune autonomie politique. Je dis une mort, mais c'est une intégration dans une renaissance. Les cadavres sont au Nouveau Centre. Je ne vois pas où est le supposé hold-up de l'UDF sur le Mouvement Démocrate ?

Ce qui éclaire ma réponse à Frédéric sur un autre fil : leur seule limitation en droit, dite transitoire, que l'on peut considérer comme telle ou comme privilège, est d'ordre représentatif : ils ne peuvent constituer plus, ni moins, des 8/40e pour l'UDF et des 2/40e pour Cap21, des différentes instances du Mouvement. C'est, à mon sens, une limite et un privilège, car 20% et 5%, ça ne permet aucun contrôle effectif sur le Mouvement, ni minorité de blocage, mais en même temps, c'est garanti. On comprend, si l'on est impartial, que le souci n'est pas de l'ordre du pouvoir, mais de la représentation.

C'est pourquoi, il n'est question, de mon point de vue, que d'une aumône. Ceci dit, je conçois que l'on puisse en faire une affaire de principe, mais à condition que l'enjeu soit bien compris.

Ce qui j'espère est un peu mieux le cas.

29/10/2007

La campagne à Paris

Récapitulatif complet à l’usage des provinciaux et franciliens curieux, ainsi que ceux des parisiens oubliés ou oublieux parmi les plus de 6.500 adhérents que comptera la future fédération Mouvement Démocrate de Paris.

Dans un premier temps, je vais rappeler les conditions du scrutin municipal en général, puis le particularisme parisien avant de détailler l’organisation générale de la campagne parisienne, terrain, candidatures, investitures.

4a297e72f021227a004222eb46104389.jpgComme chacun le sait, Marielle De Sarnez a reçu de la commission électorale nationale présidée par François Bayrou, l’investiture du Mouvement Démocrate pour les élections municipales à Paris.

- Un premier point de détail juridique, sur l’élection municipale en général : une investiture sur un nom est toute théorique car les maires de France ne sont pas élus au suffrage universel direct, mais par les conseils municipaux en leur sein. Ainsi, les investitures aux élections municipales ne sont pas uninominales mais de liste. C’est donc une liste qui est investie et déposée en préfecture. L’ordre de cette liste est primordial puisqu’il s’agit d’un scrutin avec une dose de proportionnelle : seront élus les listiers par ordre croissant au prorata du nombre de voix.

Pour être exact, la proportionnelle ne porte que sur 50% des sièges. Le mode de scrutin pour les communes de plus de 3.500 habitants est le suivant :

Scrutin de liste à deux tours : les candidats se présentent en listes complètes. Lors du vote, on ne peut faire ni adjonction, ni suppression, ni modification de l'ordre de présentation des listes.

  • L'élection peut se limiter à un seul tour en case de majorité absolue, ou donner lieu à un second tour, auquel cas les listes qui ont obtenu au moins 10% des suffrages exprimés peuvent s'y maintenir.
  • les candidats d'une liste qui a obtenu plus de 5% des suffrages exprimés (et qui choisit de ne pas se maintenir), peuvent figurer sur une autre liste (ralliement au second tour), ce qui peut amener à modifier l'ordre de présentation des candidats.

On attribue d'abord la moitié des sièges à pourvoir à la liste qui a le plus de voix ; les autres sièges sont répartis entre toutes les listes (y compris la liste majoritaire) à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne. Exemple : une liste obtient 44% des voix, une autre 36 et une troisième 20. La première disposera de 72% des sièges, la seconde 18% et la troisième 10%. S’il y a 18 sièges à pourvoir (chiffre pas tout à fait pris par hasard), la première liste aura 13 sièges, la seconde 3 sièges et la troisième 2 sièges (je vous fais grâce du calcul). En fait de proportionnelle, on voit clairement la distorsion recherchée en faveur de la liste en tête. Gardez bien ceci à l’esprit.

J’ajouterai que, traditionnellement, la tête de chaque liste est supposée candidate à l’élection du Maire au sein du conseil municipal, mais cela n’est pas une obligation légale. Le Maire est élu au scrutin secret et à la majorité absolue. Si, après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l'élection a lieu à la majorité relative.

- Un second point juridique, sur l’élection municipale à Paris en particulier : une investiture à Paris est encore plus théorique que le premier point ne le laisse entendre, car, bien que Bertrand Delanoë soit investi par le PS, Françoise De Panafieu par l’UMP ou Denis Baupin par les Verts, qui sont les autres candidats déclarés au jour d’aujourd’hui, le Maire de Paris n’est pas non plus élu par un simple conseil municipal en son sein !

En effet, les parisiens, comme les marseillais et les lyonnais, en vertu de la Loi dite PML (31 décembre 1982 - Loi n. 82-1169), des initiales des trois villes, n’élisent pas un conseil municipal unique mais des conseils d’arrondissement, comme autant de conseils municipaux distincts. Les seules investitures déposées en préfecture concernent donc des listes d’arrondissement.

A Paris, chaque arrondissement élit en moyenne environ 18 conseillers d’arrondissement selon le mode de scrutin des villes de plus de 3.500 habitants décrit plus haut (en tout 354 conseillers). Sur ces environ 18 conseillers, un « échantillon représentatif » d’en moyenne environ 8 conseillers (par ordre des listes et en application du même mode de scrutin) vont, non pas siéger au conseil d’arrondissement, mais être délégués au Conseil de Paris (en tout 163 conseillers) et être remplacés au conseil d’arrondissement par leurs colistiers suivants respectifs. Je dis en moyenne, car ceci est fonction de la population desdits arrondissements. Le nombre de conseillers d’arrondissement varie de 10 à 34 selon les arrondissements et le nombre de conseillers de Paris de 3 à 17. Finalement, 354 conseillers sont élus directement, et après constitution du Conseil de Paris et glissement des listes, ils sont 517 au total à siéger dans l’ensemble des assemblées.

Si l’on reprend l’exemple chiffré précis du premier point, la première liste enverrait 6 conseillers au Conseil de Paris, la seconde 1 conseiller et la troisième 1 conseiller. Ce qui signifie qu’avec 20% des voix réparties uniformément sur Paris, vous pouvez espérer 20 conseillers de Paris sur 163. Pire, si vous êtes second partout avec 36% des voix uniformément réparties, vous ne pouvez pas en espérer davantage ! Gardez également ceci à l’esprit car :

C’est ensuite le Conseil de Paris qui élit le Maire de Paris en son sein. Le Maire est élu au scrutin secret et à la majorité absolue. Si, après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l'élection a lieu à la majorité relative.

Ouf. La route est longue ! Et le mode de scrutin particulièrement cruel : il démultiplie l’effet de distorsion décrit dans le premier point ! En clair, il faut emporter la majorité des arrondissements pour gagner la Mairie ou le plus possible pour exister au Conseil de Paris. Si vous ne remportez aucun arrondissement, vous n’existez quasiment pas.

Pardonnez-moi d’avoir été long sur ce point, mais il faut avoir connaissance de ceci avant de se lancer dans toute expertise en stratégie électorale. Le groupe UDF actuel au Conseil de Paris est important car il avait fait listes communes avec celles de Philippe Séguin en 2001. Cette fois, le Mouvement Démocrate présentera des listes indépendantes au premier tour, c’est une certitude. Pour le second tour, je suppose qu’il y aura débat, mais là n’est pas mon propos de ce jour. Ce que l’on sait, c’est que Delanoë, large favori des sondages, ne veut pas de nous (aujourd’hui) et tente ainsi de nous jeter dans les bras de Panafieu qui ne demande que ça. Il est donc crucial de faire le meilleur score possible au premier tour afin de disposer d’une capacité si ce n’est de victoire, de nuisance suffisante qu’elle nous permette de choisir nous-même notre alliance. C'est-à-dire qu’aucun des deux autres ne soit assuré de l’emporter sans nous ou plutôt contre nous si nous nous allions à l’autre. Nous pourrons alors « choisir » le futur vainqueur et négocier par exemple la liberté de vote de notre groupe au Conseil de Paris, liberté conforme aux principes que nous voulons incarner. Bref, ce n’est qu’un scénario parmi d’autres et hors sujet.

Marielle De Sarnez sera donc sur une liste dans un arrondissement de Paris, probablement le XVe où elle avait réalisé le meilleur score parisien (18,37%) aux législatives. Probablement en tête de cette liste, étant donnée la difficulté d’accéder au Conseil de Paris même avec 20% des voix. Difficulté relative dans cet arrondissement le plus peuplé et, à ce titre, représenté par 17 conseillers de Paris. Cette liste, comme celle des autres arrondissements, sera déposée en préfecture après le Congrès fondateur dans la conformité aux futures procédures statutaires.

Maintenant, je vais passer à l’organisation de la campagne à proprement parler.

Deux choses, d’abord :

  • Le blog de campagne participatif de Marielle De Sarnez est ouvert : www.marielledesarnezpourparis.fr . Aucune mention d’appartenance au Mouvement Démocrate n’est possible avant le Congrès fondateur qui devra entériner statutairement les investitures provisoires actuelles.
  • Elisabeth De Fresquet est chargée de la coordination et de l’animation des sections d’arrondissement dans les structures actuelles de l’UDF-Mouvement Démocrate.

A ces égards, l’ensemble des adhérents UDF et Mouvement Démocrate ont été conviés à participer aux différents ateliers et commissions du Pôle projet MoDem de campagne depuis début septembre. J’en rappelle l’historique :

04/09 : transports, environnement et développement durable
05/09 : affaires sociales, diversité, santé & handicap, famille, seniors
06/09 : dynamisme économique, emploi et attractivité
11/09 : urbanisme, logement, patrimoine
12/09 : gouvernance, finances publiques, démocratie et vie citoyenne

Puis :

02/10 : culture, éducation, jeunesse et vie étudiante, sports
09/10 : prévention et diversité, santé, handicap, famille, seniors
10/10 : transports, environnement et développement durable
23/10 : gouvernance, finances publiques, intercommunalité, démocratie locale et vie citoyenne, coopérations internationales
24/10 : attractivité, dynamisme économique, emploi
29/10 : urbanisme, logement et patrimoine

Ce travail qui a réuni plus de 1.000 adhérents a nourri et nourrira le blog de campagne, lequel est dorénavant ouvert à la participation plus large des parisiens afin d’arrêter le projet final début 2008.

Sur le terrain, les différentes sections de chaque arrondissement sont réunies chacune à leur tour à l’invitation d’Elisabeth De Fresquet. Ces réunions, en cours, sont importantes car elles mettent en place l’animation et l’organisation des sections pour la campagne sur le terrain.

Dans chaque section d’arrondissement sont désignés des animateurs, par candidatures spontanées, autrement dit volontariat. Les animateurs sont en charge des quartiers administratifs dans lesquels ils résident. Les quartiers administratifs, au nombre de 80, constituent un découpage administratif ancien, historiquement constitutif des arrondissements qui en regroupent 4.

Les animateurs sont donc au nombre de deux minimum par quartier, si possible un « ancien » UDF et un « nouveau » MoDem. S’ils sont plus nombreux, ils désignent parmi eux le « couple ancien/nouveau » responsable de la coordination avec Elisabeth De Fresquet.

Ces animateurs sont chargés, à l’aide d’équipes cooptées ou d’adhérents volontaires, d’une part de saisir et remonter l’ensemble des problématiques locales, besoins, enjeux, difficultés, ressources, et d’autre part de préparer les multiples déplacements de Marielle De Sarnez sur le terrain : itinéraires, rencontres. En effet, notre candidate souhaite effectuer une importante campagne de terrain, et se rendre dans un maximum de quartiers, tous si possible !

En ce qui concernent les listes de candidats dans les différents arrondissements, constitution et investitures :

Les listes ne sont pas constituées. Tous les adhérents UDF et Mouvement Démocrate de Paris vont recevoir dans quelques jours un appel général à candidatures.

Les investitures officielles des listes Mouvement Démocrate interviendront naturellement après le Congrès fondateur et en conformité avec les dispositions statutaires.

Ici s’achève le panorama automnal de la campagne à Paris ! A suivre, donc…

28/10/2007

"On a un problème avec nos élus !"

bc6c6cf22272769dfa501bdee730fce9.jpgIl n'a échappé à personne que l’essentiel des difficultés du Mouvement Démocrate à se fédérer réside autant dans l’incertaine mue des innombrables élus UDF que dans les craintes et les soupçons que cette incertitude suscite a priori.

De nombreux élus UDF posent problème. Oui. Nous le savons. Il y a le précédent des législatives. Au delà des problèmes qu’ils nous posent, il conviendrait, dans un souci de compréhension, d’appréhender aussi les problèmes qui se posent à eux.

Qu'ont fait de leurs mandats les ex-députés UDF en juin dernier ? Mais rien de moins que de les poursuivre, justement. Ce qu'il faut bien intégrer, et qu'ont parfaitement intégré les ex-députés UDF et ceux qui les ont rejoint au Nouveau Centre, c'est que (à encadrer) : On n'est jamais que l'élu de ses électeurs.

Ils n'étaient tous que des élus de droite et non pas du centre. Quand vous êtes élus seulement contre un candidat de gauche, vous êtes un élu de droite. C'est ainsi. Ils le sont donc toujours. Ils n'ont pas eu le courage d'être des élus du centre, comme François Bayrou et Jean Lassalle.

Thierry Benoit, c'est spécial : lui, il ne sait pas qu'il est un élu du centre ! Il croit qu'il est un élu de droite, ce qui prouve qu'il n'a pas intégré le théorème énoncé plus haut, et qu'il le paiera électoralement s'il s'entête.

Les autres sortants qui ont donc eu le courage d'être candidats du centre ont été défaits car ils étaient en fait des députés de droite. Cruelle désillusion. Mais vrai courage politique, qui mérite notre respect.

Parce qu'ils sont tous élus de droite, ceux qui s'affichent MoDem aujourd'hui font preuve de courage. Gardez bien ceci à l'esprit.

Maintenant, je vais vous faire une confidence : à part quelques succès locaux, le Mouvement Démocrate, mode de scrutin oblige, sera "laminé" aux municipales. En tout cas, les cent mille bouches de la tribune et de la presse bien intentionnées ne manqueront pas de signaler qu'alors que l'UDF dirigeait plusieurs centaines de communes, le Mouvement Démocrate n'en dirigera plus que quelques unes.

Ignorant cette perspective trop réaliste, certains croient qu'une candidature Mouvement Démocrate, pour un élu jusqu'alors UDF, ne serait qu'une partie de plaisir et l'assurance d'un fauteuil confortable. Parlons-en aux ex-députés UDF Gilles Artigues ou Anne-Marie Comparini... Le confort ou le fauteuil confortable, pour un élu UDF aujourd'hui, c'est de choisir le Nouveau Centre, pas le Mouvement Démocrate.

Pour les élus UDF, choisir le Mouvement Démocrate, c'est la preuve d’un courage politique qui ne serait que défaites annoncées s'ils n'avaient la même confiance en notre mobilisation et stratégie à long terme que François Bayrou.

Alors, que diable, ne nous trompons pas d'ennemi. Tout ce que vous contribuerions à faire, c'est effriter cette confiance.

Et la confiance est le ciment de la démocratie, comme du Mouvement Démocrate.

 

Lien vidéo : François Bayrou et le problème des élus, face aux adhérents et à Thierry Benoît - Seignosse 2007

22/10/2007

Peut-on faire un parallèle entre la Révolution française et la création du Mouvement Démocrate ?

dc6c4d93c0d713b75de14f892aab04c4.jpgA en croire certains argumentaires, oui. Où l'on adapte Sieyès : « Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A être quelque chose ».

Aujourd’hui, les adhérents du MoDem ne disent pas autre chose : « Que sont les adhérents MoDem ? Tout. Qu’ont-ils été jusqu’à présent dans le MoDem ? Rien. Que demandent-ils ? A être quelque chose ».

En lisant ceci, je me dis que le parallèle est justifié. Non qu'il devrait l'être, qu'il a raison de l'être, mais il l'est.

Pour moi, il ne devrait pas l'être, car comparer le Tiers-Etat et l'état d'adhérent au MoDem est abusif voire usurpatoire. Etre adhérent à un mouvement politique, c'est adhérer à des valeurs, un projet et à un programme pour les réaliser, ce qui est l'essence du processus politique. Ce qui implique que l'idée préexiste à l'adhésion. Il faut bien que l'idée existe pour y adhérer. L'idée du Mouvement Démocrate, c'est le projet d'espoir de François Bayrou et il est bien évident qu'il préexiste à notre engagement. Et tout le monde est libre d'y adhérer ou pas.

Nous adhérons, ou pas, en toute liberté, conscience et responsabilité.

Ce n'est pas du tout le cas du Tiers-Etat. Là où le Tiers-Etat constitue la quasi intégralité du corps politique, prisonnier, asservi au contrat social, nous, adhérents, sommes libres, citoyens parmi d'autres, parce que nous l'avons choisi. Que nous soyons 10, 100 ou 100.000, l'idée que nous portons existe en dehors de nous, et ce n'est pas le nombre qui fait qu'elle est juste, bonne ou vraie.

Donc, là où le Tiers-Etat est effectivement tout, le libre engagement politique voudrait que ce ne soit pas nous, adhérents, qui soyons tout, mais l'idée à laquelle nous adhérons. C'est en tout cas ma conception de l'engagement politique. En tant qu'homme libre, je me bats pour des idées auxquelles je crois, pas pour des idées de quelque majorité qu'elle émane.

C'est pourquoi je ne crois pas que l'adhérent soit la base d'un mouvement politique. Parce que si l'adhérent est la base, cela veut dire que la majorité des adhérents est la base. Et les majorités, ça va, ça vient, au gré des vents. Le pire, c'est que je crois que ceux qui ne pensent pas comme moi, ceux pour qui l'adhérent est la base, ne sont pas différents de moi : ils se battent aussi pour des idées auxquelles ils croient, et ils ne se battront pas pour des idées majoritaires si ce ne sont pas les leurs. La preuve, c'est qu'ils menacent de quitter le mouvement si les statuts approuvés démocratiquement ne leur convenaient pas. Ils ont un raisonnement paradoxal et n'en tirent pas les conséquences, ce qui est dommage.

J'ajouterais que c'est parce que l'idée est la base que le PC, puis le PS sont morts. Parce que leurs idées sont mortes, et le nombre d'adhérents n'y changera rien.

Je poursuis le parallèle à Sieyès : "Qu’ont été les adhérents jusqu’à présent dans le MoDem ? Rien.

Je dirais encore que c'est une question de point de vue. Nous avons été les formidables promoteurs de notre idée pendant les campagnes électorales, et si ce n'est pas tout, ce n'est pas rien. Alors si l'on dit rien, ne serait-ce pas plutôt le ressentiment d'un manque de reconnaissance ? Que valons-nous ? Faisons les comptes. Que demandons-nous ?

Et pour finir, donc : "Que demandent-ils ? A être quelque chose."

Sans doute, et c'est bien légitime. Aussi le Tiers-Etat le demandait-il. Et c'était tout l'esprit de 1789. Etre quelque chose. Et puis certains, au fil des mois, se sont levés et ont crié plus fort : "nous, Tiers-Etat, sommes tout, nous ne voulons pas être quelque chose, nous voulons être tout". Il s'ensuivit la Terreur et la faillite de la révolution française, la chute de ses idéaux au rythme de celle des têtes.

Alors, que penser de ceux du MoDem qui demandent à être quelque chose et qui prétendent par ailleurs être tout ? La dérive révolutionnaire qui trahit Sieyès dans le texte est-elle à l'oeuvre au sein du Mouvement Démocrate ?

Il me faut souhaiter que non, car après l'appel de la démocratie de 1789, l'Assemblée Constituante de 1791, la prochaine étape parallèle voudrait que l'on réclame la tête de François Bayrou lui-même, et je sens déjà poindre cette idée au fond de certains raisonnements.

Alors que dire à ces têtes qui raisonnent ? Qu’elles tomberont à leur tour et que le Mouvement Démocrate s’éteindra inéluctablement comme la révolution française ? Ils ne le comprendraient pas ni ne le concevraient, car ils parlent au nom du peuple et celui-ci est infaillible. Il ne peut errer. Il a raison par nature. Pourtant…

Si le peuple est souverain, il n’en est pas moins sujet, son propre sujet, c’est sa paradoxale condition et ce sera son triste destin s’il ne s’affranchit de lui-même. C’est tout l’enjeu de la démocratie dans sa forme supérieure : le peuple se protégeant aussi de lui-même. Et nous sommes en train, à la manière de nos plus zélés révolutionnaires, de passer complètement à côté.

15/10/2007

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 1/2

Dans un souci de clarté, je poste un récapitulatif sur la problématique en titre.

Dans la première partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant la position de François Bayrou concernant les futures dispositions statutaires de désignation des candidatures locales.

Dans la seconde, je reprends un autre argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

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Concernant les futurs statuts :

Ce que dit François Bayrou : "Ce n'est pas nécessairement le vote de la base qui fait le meilleur candidat à une élection". Tout est là, ou presque. En fait, on pourrait synthétiser cette phrase avec celle d'après et préciser ainsi sa pensée : "ce n'est pas nécessairement le vote d'une base locale qui fait le meilleur candidat de notre mouvement à une élection".

Il oppose ainsi deux légitimités : celle d'une base locale qui choisit démocratiquement son candidat (on a envie d'applaudir, c'est vrai), et celle qu'on oublierait sous les vivas mais qui est bien réelle : celle de l'ensemble du mouvement, qui a son mot à dire puisque ledit candidat défendra nos couleurs à tous et pas seulement celles de sa base locale !

Et comme il n'est pas possible ni souhaitable que tout le monde vote pour les investitures de chacun, la mise en place, disons les mots, d'une "commission d'investiture", permettant d'apprécier une candidature locale au nom des non-locaux (mais impliqués car co-responsables par l'étiquette), est certainement, elle, nécessaire.

Il n'y a donc pas de déni de démocratie, bien au contraire.

 

Réponse à l'objection suivante :"la base voit aussi qui peut mieux défendre ses valeurs au niveau local"

Ce n'est pas faux. Mais le mieux n'est peut-être pas suffisant ? Personne ne conteste que l'avis de la base locale puisse compter. Ce qui est contesté, c'est sa souveraineté. Et si vous acceptez de ne pas caricaturer la position de François Bayrou, vous reconnaitrez qu'il n'entend pas non plus imposer une souveraineté extérieure.

Il souhaite une co-souveraineté. Un mécanisme à la fois "ascendant" et "descendant". En clair, il y a deux possibilités : l'instance locale désigne plusieurs candidats, et la commission en choisit un ; la commission désigne plusieurs candidats, l'instance locale en choisit un.

Restent à déterminer quelles devraient être les conditions d'application de l'une ou de l'autre.

A suivre...

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 2/2

Dans cette seconde partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

Bien sûr, celles-ci apparaissent en parfaite contradiction avec les principes énoncés dans la première partie.

Réponse à la question légitime : "Pourquoi ce système (le système statutaire défendu dans la première partie, NDLR) n'a-t-il pas été mis en place dés la semaine dernière?"

Nous sommes confrontés à une double difficulté qui nous oblige à un pragmatisme apparemment mal compris.

  • Le Congrès n'a pas encore eu lieu,
  • Certaines investitures présentent un caractère d'urgence sur le terrain.

Il résulte du premier point que personne n'a donc de légitimité a priori (sauf François Bayrou, président) à se constituer en "Commission d'investitures", de même qu'il n'est pas "juridiquement" possible, et j'ai vu que vous (bibifa, NDLR) étiez sensible à cet aspect avec raison, d'organiser un vote des adhérents du Mouvement Démocrate en dehors de tout encadrement statutaire.

Il résulte du second point qu'il faut bien faire quelque chose.

En conséquence, et comme il avait été annoncé à Seignosse samedi soir, je crois, certaines candidatures allaient être investies par "anticipation", sur décision d'une "commission temporaire" constituée de leaders des sensibilités politiques fondatrices : UDF, CAP21, Verts, d'où la composition que vous connaissez.

 

Attention : contrairement aux législatives, les candidats investis seront des candidats Mouvement Démocrate, pas UDF ! L'investiture actuelle est une investiture "verbale" qui leur permet de démarrer leur campagne là où ça urge particulièrement ! Il est bien évident que les investitures officielles, statutairement conformes, et leurs déclarations administratives en préfecture n'interviendront qu'après le Congrès fondateur.

Cela veut dire qu'on peut imaginer que des investitures verbales puissent être remises en cause puisqu'elle ne font l'objet d'aucune déclaration officielle. Je pense que cela ne sera pas le cas, évidemment, parce qu'il n'y a pas grand-chose à redire à ces investitures, mais pourquoi pas. Par contre, il sera nécessaire qu'elles soient validées au regard de la procédure statutaire qui sera adoptée lors du Congrès.

Merci de votre compréhension.

11/10/2007

Démocraties

Tout le monde connaît le mot de Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres..." En tout cas, si on ne le connaissait pas, on le fait volontiers sien. Il nous parait si juste et profond qu'il nous semble indépassable. Et nous en serions presque amusés de résignation...

Tant et si bien que l'on finit par ne plus émettre la moindre critique à l'égard de la démocratie, qu'il nous semble vain d'en étudier les mécanismes et les paradoxes, "puisqu'il n'y en a pas de meilleur". Ainsi, nous procédons aux votes, fêtons la victoire, acceptons la défaite, et le pouvoir passe de mains en mains, sans sanglantes révolutions.

C'est là, une grande qualité du processus démocratique. Plus de sanglantes révolutions. Mais, il y a aussi des paix sanglantes ou de larmes, au moins.

e807f2f736b5ff1057d71bbbc7d4637a.jpgCar il y a un autre mot, de Benjamin Franklin celui-là, qui dit : "la démocratie, c'est : deux loups et un agneau qui votent pour savoir ce qu'il vont manger au dîner", et qui n'apparaît pas moins vrai. C'est "La tyrannie de la majorité" de Tocqueville (1835). Et c'est, bien avant, le droit de "résistance à l'oppression" de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, droit qui disparaîtra dans la déclaration de 1795, où l'inspiration libérale de John Locke laissera place à la conception républicaine "rousseauiste" de la volonté générale "qui ne peut errer" et donc à laquelle on ne peut légitimement se soustraire.

75da700f2454204e4508a535992f2850.jpgC'est bien le "Législateur" de J.J. Rousseau, issu de la volonté générale, en fait majoritaire, du Peuple souverain, qui agit dans l'intérêt général du même peuple souverain, au nom de tout le peuple souverain.

Ainsi naît un puissant clivage entre les conceptions libérales et républicaines de la démocratie.

Où l'une proclame les droits individuels au dessus de la volonté générale, l'autre proclame cette dernière infaillible. Où l'une s'accommode d'une monarchie constitutionnelle, l'autre contient les prémisses du socialisme (au sens de la doctrine).

Depuis lors, en France, nous croyons en cette conception républicaine. En tout cas, nous voulons y croire. Nicolas Sarkozy est bien le président de tous les français. Il le dit. C'est écrit dans la Constitution. Le gouvernement travaille à l'intérêt général. Pas comme nous l'aurions fait, certes, mais nous voulons le croire. François Mitterrand, en son temps, les gouvernements de gauche, pareil...

Qui oserait penser que la majorité ne pourrait éventuellement gouverner que dans l'intérêt de la majorité ? Qui irait même soupçonner certains de fabriquer des majorités, à coups et coûts de "privilèges" pour conquérir ou conserver le pouvoir ? Serait-ce bien encore cela, la démocratie ?

Je m'égare.

On récapitule. Les deux avantages indiscutables de la démocratie : remise en cause pacifiée des gouvernements et protection efficace de la majorité contre une oppression par une minorité. Inconvénient : quid de la protection de la minorité contre une oppression par la majorité ?

En fait, la conception libérale de la démocratie répond ou s'efforce de répondre à cette limite par une double approche : au delà du principe majoritaire, d'une part la recherche du principe d'unanimité, et d'autre part le cloisonnement du champ démocratique (qui vote sur quoi ?). Autrement dit, la recherche d'unanimité (pas facile), des gens concernés et pas des autres (déjà plus envisageable).

En plus clair encore, la recherche du consensus entre les acteurs de la société civile, et la limitation des prérogatives d'un Etat central omnipotent. Donc, une responsabilisation des citoyens. Sachant que moins d'Etat ne signifie pas "pas de règles" ou "pas d’Etat", mais "ce n'est pas forcément à l'Etat de définir la règle", "l'Etat n'est pas nécessairement, ou par essence, compétent pour définir la règle". Par contre l’Etat est "garant de l’application de la règle".

Ainsi, le pouvoir est rendu aux citoyens dans une démocratie différente et grandement dépolitisée. Plus démocratique, car les majorités sont multiples et variées à de plus nombreux échelons de décision, ce qui fait que les minoritaires ne sont pas les mêmes partout. Ceci invitant naturellement à plus de pragmatisme que la tutelle d'un Etat tout puissant. Un Etat UMP ou un Etat PS, c’est beaucoup moins grave quand l’Etat n’est pas tout et ne décide pas de tout pour tout le monde.

Caractéristiques des sociétés libérales anglo-saxonnes et scandinaves, c'est aussi le projet d'espoir de François Bayrou, dans la lettre même.

29/09/2007

Logiques invisibles

On est homme, parce que l'on est soi et non parce que l'on est hors de soi. C'est l'homme qui fait la société et non la société qui fait l'homme. La clef de la personne se trouve là. Celle de son exil et de sa servitude aussi.

61f8c879630d3c381e5118f0aed69810.jpgL'Histoire le vérifie. Jetons un coup d'oeil sur celle-ci. Les intuitions de Rousseau et de Dostoïevski sont éclairantes.

La culture occidentale a vécu au rythme de la mort et non de la vie, puisque celle-ci se reconnaît dans deux grandes morts. La mort de Dieu et celle de l'Homme, ces deux morts caractérisant l'époque démocratique qui est la nôtre. Nous ne sommes pas simplement à l'époque de la mort de Dieu, annoncée par l'Insensé de Nietzsche dans Le Gai Savoir. Nous sommes aussi à celle de la "mort de l'Homme", annoncée par Michel Foucault.

La mort de Dieu a commencé quand le christianisme est devenu une religion d'État, à la chute de l'Empire romain, avec Théodose. Un "totalitarisme chrétien" s'est mis en place. Le Dieu mystique a été remplacé par le Dieu politique. Il est devenu extérieur et non plus intérieur. L'Etat s'est servi de lui pour faire la police, gendarmer la société en le politisant. Il en a fait une figure rationnelle et juridique, dont la présence est encore prégnante. Que de chrétiens ignorent encore le Dieu intérieur, que l'on découvre dans la liberté, leur attention étant toute tournée vers le Dieu social et moral.

On comprend dans ces conditions pourquoi la culture a connu la "mort de Dieu", à savoir la seconde mort de Dieu consistant à remplacer le Dieu politique par la religion de l'Homme. Celle-ci ayant soif d’intériorité, elle s’est tournée vers l’Homme plutôt que vers Dieu, espérant y trouver la liberté qu'elle cherchait, sans parvenir à la rencontrer. Témoin, le premier humanisme de la Renaissance, qui a été, on l'oublie trop, un humanisme mystique.

Moment bref. Il est arrivé à l'humanisme ce qui est arrivé à la religion. L'humanisme mystique a été remplacé par l'humanisme politique, tout comme le Dieu mystique a été remplacé par le Dieu politique. La seconde mort de Dieu a ainsi coïncidé avec la première mort de l'Homme.

La religion de l'Homme, au lieu d'ouvrir sur l'intériorité, a engendré le culte de l'Homme extérieur. Témoins les grandes religions politiques issues de l'Homme. La République, le Socialisme et le Communisme, le Nazisme. Si, bien évidemment, celles-ci ne se confondent point, elles ont néanmoins un trait en commun. Toutes se sont réclamées de l'Homme. Toutes ont agi pour l’Homme, en mettant en oeuvre une politique.

La religion de l'Homme débouchant sur le totalitarisme, celle-ci a connu le même sort que la religion du Dieu politique. Elle a été bousculée par la seconde mort de l'Homme. Celle que nous vivons aujourd'hui, avec l'avènement de l'individu contre l'Homme, de la Démocratie contre la République, de l'homme sans référence, sans religion de Dieu ou de l'Homme.

Moment singulier. Crépuscule des idoles, mais aussi explosion d'un sacré sauvage, voire barbare. Du fait de la "table rase" effectuée, tout est possible. Tout a du mal à l'être, en même temps, du fait d'un individualisme nihiliste prisonnier de la violence de l'ego. D'où la violence contre Dieu et la schizophrénie d'une telle violence. On veut que Dieu ne soit pas, pour être soi. Mais on voudrait bien qu'il soit quand même un peu, afin de pouvoir lui reprocher l'état du monde.

Dire non à Dieu n'est pas difficile. Dire oui au tragique et à l'absurde est une autre affaire.

11:50 Publié dans Philosophie, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, dieu, democratie, humanisme, mort, homme, totalitarisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

13/09/2007

"Le Grand Récit"

Je recommande à tous la lecture du "Grand Récit", une suite de quatre ouvrages de Michel Serres, académicien, philosophe et historien des sciences, intitulés Hominescence, L'Incandescent, Rameaux et Récits d'Humanisme.

 

A la fois profond et accessible, cet essai nous permet de réenvisager de façon complètement neuve l’être humain du XXIe siècle que nous sommes et son avenir.

"Quoi de neuf ? Que retenir du siècle qui nous précède ? Réponses : la mort, notre corps, l’agriculture, les réseaux de communication… Dans un aveuglement qui m’étonne, nous vivons, en effet, aujourd’hui, un moment précis, léger certes mais décisif, parmi le processus qui fit de nous les hommes que nous sommes et fera de nous des hommes à construire et à définir. En cet instant même, nous bifurquons, nous entamons un segment nouveau de notre évolution. Inquiétante pour certains, cette aube en enthousiasme d’autres, car il s’agit d’un projet qui infléchit notre plus grand récit : comment et en qui nous transformer nous-mêmes ?" Michel Serres

 

Après avoir successivement étudié la communication, le corps humain et ses sens, l’instruction, les grands bouleversements de notre époque et nos rapports avec le monde, Michel Serres aborde enfin la définition même de l’homme. Ce livre, particulièrement important dans son œuvre, nous permet de mieux comprendre notre passé, notre présent et de réfléchir à l’avenir que nous choisirons. Qu’est-ce que l’homme ? Laissant toute différence qui le logerait dans une niche spécifique comme les autres vivants, il se déspécialise et devient incandescent, comme un feu transparent où miroitent toutes les couleurs. La flamme qui en émane pourra-t-elle un jour brûler nos maux ?

 

À quoi reconnaître une authentique nouveauté ? Comment décrire une naissance ? Qu’est-ce qu’un événement ? Comment sort-il du quotidien ? Y a-t-il quelque chose de commun entre l’émergence d’une idée et l’apparition d’une espèce ? Comment l’histoire humaine bifurque-t-elle ? Comme le rameau s’élance de la tige, la nouveauté émerge du "format". Et de la philosophie "père", celle des dogmes et des lois, jaillit la philosophie "fils", celle du faible et de l’inventif, de celui qui prend des risques. Rameaux nous propose une nouvelle lecture de l’histoire de la pensée en prenant soin de ne jamais distinguer entre sciences, cultures, arts et religions. Cette nouvelle grille de lecture nous aide à envisager notre époque inquiétante, à mieux comprendre la richesse de la nouveauté en marche, celle avec laquelle nous allons construire notre nouveau monde.

 

Michel Serres raconte… Il raconte ce Grand Récit que nous offre la science, et qui mène du big-bang à chacun d’entre nous… il raconte notre Histoire et sa fin, il raconte nos sociétés, nos évolutions et l‘émergence d’un homme nouveau… Il nous invite ainsi à la découverte de ces mille et uns conteurs, à l’apprentissage de leur écoute et de la nôtre, à l’apprentissage de la langue de ces mille récits et de la nôtre. Il nous invite à le suivre, à travers les mille chemins d’une navigation dont il possède les cartes et les portulans, à travers les mille lumières de l’intelligence qu’il nous fait partager. Ou comment l’un des rares philosophes contemporains à enrichir sa vision du monde d’une connaissance des humanités et des sciences, ose proposer un nouvel humanisme qui célèbre les noces des contes et du savoir.

 

12/07/2007

Conscience

Difficile à définir en dehors d'un contexte d'usage, non ?

La conscience d'un point de vue strictement psychologique ? Perdre conscience, être inconscient au sens d'avoir perdu connaissance. Ces expressions renvoient à la conscience comme à une chose qu'on possède et qu'on peut perdre.

La conscience comme la connaissance de quelque chose ? Prendre conscience de quelque chose, être conscient d'une chose, avoir conscience de telle ou telle chose, soit en soi, soit en dehors de soi. Dans ces expressions, avoir conscience signifie connaître ou penser.

La conscience comme conscience morale ? Avoir mauvaise conscience, avoir un problème ou un cas de conscience, agir en son âme et conscience, être consciencieux, avoir la conscience tranquille. Et dans le même ordre d'idée, être inconscient, c'est-à-dire agir au mépris de la prudence, dans l'ignorance des risques qu'on court ou fait courir aux autres.

A y regarder de plus près, les deux premiers usages renvoient au même concept : ce qu'on perd et reprend avec la conscience, c'est le "sentiment" d'une présence immédiate à soi et au monde, le sentiment confus mais fort que nous sommes, que nous existons et que nous sommes au monde, entouré de choses indépendantes de nous et ordonnées. Telle est la conscience sous sa forme la plus humble, la plus élémentaire : le sentiment d’une présence à soi et au monde.

Mais, reconnaissons le : avoir le sentiment d'exister au monde n'est pas exactement la même chose qu'avoir la conscience d'exister au monde : la conscience n'est pas un sentiment, elle est à la fois plus et autre chose qu'un sentiment. Dans le sentiment d'exister au monde, cette double présence, celle de soi et celle du monde, s’éprouve, se ressent, se vit, mais elle n’est pas encore consciente au sens strict.

Un être doué de conscience, c'est plutôt un être qui se SAIT exister au monde. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'un être doué de conscience est conscient de sa propre existence et de l'existence du monde au sens où il sait qu'il existe au monde. Ou, inversement, que savoir qu'on existe ainsi que savoir qu'il existe un monde, c'est avoir conscience de soi et conscience d'objets en dehors de soi.

La conscience de la conscience, en quelque sorte.

En fait, le sujet est vaste, passionnant, et plus récent qu’on ne pourrait le croire dans l’histoire des idées. Par exemple, le concept de conscience était inconnu sous l’Antiquité. Tout au plus, chez les romains, se limitait-il précisément au troisième usage cité plus haut, c’est à dire à la notion de morale. De même le vijñana bouddhique se limite-t-il au phénomène psychique, en dehors de tout rapport au moi subjectif.

3d68c6e134345f0f8acbcd93c5f4c33b.jpgEn fait, le concept moderne de conscience n’apparaît qu’au XVIIe siècle sous la plume du philosophe humaniste (bien qu’anglais, je plaisante) John Locke, dans son "Essai sur l’entendement humain" (1689). Il définit ainsi la personne : 

"... un être pensant et intelligent doué de raison et de réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme une même chose pensante en différents temps et lieux. Ce qui provient uniquement de cette conscience (consciousness) qui est inséparable de la pensée, et qui lui est essentiel à ce qu'il me semble : car il est impossible à quelqu'un de percevoir sans aussi percevoir qu'il perçoit."

L'identité personnelle est fondée sur la continuité de la conscience dans le temps, et cette conscience constitue l'identité qui, au moyen de la mémoire, se maintient dans le temps et nous permet de nous reconnaître nous-mêmes comme étant les mêmes. 

Et ce n’est que le début… voir, dans le désordre, Descartes, Hume, Spinoza, Kant, Leibniz, Bergson, etc…

J’adresserai deux remarques : cliquez sur le lien sur John Locke ci-dessus et vous découvrirez des éléments connexes intéressants. L’autre remarque en forme de boutade :

Le test du miroir est un moyen de mesurer la conscience de soi développé par l'Américain Gordon G. Gallup dans les années 1970.

En éthologie cognitive, ce test permet d'évaluer la conscience de soi en permettant de déterminer si un animal est capable de reconnaître son propre reflet dans un miroir comme étant une image de lui-même. Il consiste à placer subrepticement sur la tête de l'animal une marque colorée ne produisant pas d'odeur puis à observer si l'animal réagit d'une façon indiquant qu'il est conscient que la tache est placée sur son propre corps. Un tel comportement peut prendre la forme d'un déplacement ou d'une flexion pour mieux observer la marque ou encore, de façon bien plus évidente, celle d'un tâtonnement de soi avec une main pour essayer de l'atteindre tout en se servant du miroir.

Les animaux qui ont réussi le test du miroir sont les chimpanzés, les bonobos, les orang-outans, les dauphins, les éléphants et les humains. De façon assez surprenante, les gorilles échouent. Les enfants sont susceptibles de réussir le test à partir de deux, trois ou quatre ans d'âge. Les chiens et les bébés humains réagissent au miroir en manifestant de la peur ou de la curiosité mais peuvent également l'ignorer complètement, lui comme la tache. Les oiseaux vont jusqu'à attaquer leurs propres reflets !

Je me demande ce qu’il en est des députés du Nouveau Centre ?

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09/05/2007

Fondation

bd48698e36e87948f8c9c72a17216afe.jpgL'Amicus Curiae est, traditionnellement en droit, une contribution versée spontanément au débat par un tiers à une cause qui entend éclairer le décideur en tant qu'"ami de la cour".

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