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29/10/2007

La campagne à Paris

Récapitulatif complet à l’usage des provinciaux et franciliens curieux, ainsi que ceux des parisiens oubliés ou oublieux parmi les plus de 6.500 adhérents que comptera la future fédération Mouvement Démocrate de Paris.

Dans un premier temps, je vais rappeler les conditions du scrutin municipal en général, puis le particularisme parisien avant de détailler l’organisation générale de la campagne parisienne, terrain, candidatures, investitures.

4a297e72f021227a004222eb46104389.jpgComme chacun le sait, Marielle De Sarnez a reçu de la commission électorale nationale présidée par François Bayrou, l’investiture du Mouvement Démocrate pour les élections municipales à Paris.

- Un premier point de détail juridique, sur l’élection municipale en général : une investiture sur un nom est toute théorique car les maires de France ne sont pas élus au suffrage universel direct, mais par les conseils municipaux en leur sein. Ainsi, les investitures aux élections municipales ne sont pas uninominales mais de liste. C’est donc une liste qui est investie et déposée en préfecture. L’ordre de cette liste est primordial puisqu’il s’agit d’un scrutin avec une dose de proportionnelle : seront élus les listiers par ordre croissant au prorata du nombre de voix.

Pour être exact, la proportionnelle ne porte que sur 50% des sièges. Le mode de scrutin pour les communes de plus de 3.500 habitants est le suivant :

Scrutin de liste à deux tours : les candidats se présentent en listes complètes. Lors du vote, on ne peut faire ni adjonction, ni suppression, ni modification de l'ordre de présentation des listes.

  • L'élection peut se limiter à un seul tour en case de majorité absolue, ou donner lieu à un second tour, auquel cas les listes qui ont obtenu au moins 10% des suffrages exprimés peuvent s'y maintenir.
  • les candidats d'une liste qui a obtenu plus de 5% des suffrages exprimés (et qui choisit de ne pas se maintenir), peuvent figurer sur une autre liste (ralliement au second tour), ce qui peut amener à modifier l'ordre de présentation des candidats.

On attribue d'abord la moitié des sièges à pourvoir à la liste qui a le plus de voix ; les autres sièges sont répartis entre toutes les listes (y compris la liste majoritaire) à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne. Exemple : une liste obtient 44% des voix, une autre 36 et une troisième 20. La première disposera de 72% des sièges, la seconde 18% et la troisième 10%. S’il y a 18 sièges à pourvoir (chiffre pas tout à fait pris par hasard), la première liste aura 13 sièges, la seconde 3 sièges et la troisième 2 sièges (je vous fais grâce du calcul). En fait de proportionnelle, on voit clairement la distorsion recherchée en faveur de la liste en tête. Gardez bien ceci à l’esprit.

J’ajouterai que, traditionnellement, la tête de chaque liste est supposée candidate à l’élection du Maire au sein du conseil municipal, mais cela n’est pas une obligation légale. Le Maire est élu au scrutin secret et à la majorité absolue. Si, après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l'élection a lieu à la majorité relative.

- Un second point juridique, sur l’élection municipale à Paris en particulier : une investiture à Paris est encore plus théorique que le premier point ne le laisse entendre, car, bien que Bertrand Delanoë soit investi par le PS, Françoise De Panafieu par l’UMP ou Denis Baupin par les Verts, qui sont les autres candidats déclarés au jour d’aujourd’hui, le Maire de Paris n’est pas non plus élu par un simple conseil municipal en son sein !

En effet, les parisiens, comme les marseillais et les lyonnais, en vertu de la Loi dite PML (31 décembre 1982 - Loi n. 82-1169), des initiales des trois villes, n’élisent pas un conseil municipal unique mais des conseils d’arrondissement, comme autant de conseils municipaux distincts. Les seules investitures déposées en préfecture concernent donc des listes d’arrondissement.

A Paris, chaque arrondissement élit en moyenne environ 18 conseillers d’arrondissement selon le mode de scrutin des villes de plus de 3.500 habitants décrit plus haut (en tout 354 conseillers). Sur ces environ 18 conseillers, un « échantillon représentatif » d’en moyenne environ 8 conseillers (par ordre des listes et en application du même mode de scrutin) vont, non pas siéger au conseil d’arrondissement, mais être délégués au Conseil de Paris (en tout 163 conseillers) et être remplacés au conseil d’arrondissement par leurs colistiers suivants respectifs. Je dis en moyenne, car ceci est fonction de la population desdits arrondissements. Le nombre de conseillers d’arrondissement varie de 10 à 34 selon les arrondissements et le nombre de conseillers de Paris de 3 à 17. Finalement, 354 conseillers sont élus directement, et après constitution du Conseil de Paris et glissement des listes, ils sont 517 au total à siéger dans l’ensemble des assemblées.

Si l’on reprend l’exemple chiffré précis du premier point, la première liste enverrait 6 conseillers au Conseil de Paris, la seconde 1 conseiller et la troisième 1 conseiller. Ce qui signifie qu’avec 20% des voix réparties uniformément sur Paris, vous pouvez espérer 20 conseillers de Paris sur 163. Pire, si vous êtes second partout avec 36% des voix uniformément réparties, vous ne pouvez pas en espérer davantage ! Gardez également ceci à l’esprit car :

C’est ensuite le Conseil de Paris qui élit le Maire de Paris en son sein. Le Maire est élu au scrutin secret et à la majorité absolue. Si, après deux tours de scrutin, aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue, il est procédé à un troisième tour de scrutin et l'élection a lieu à la majorité relative.

Ouf. La route est longue ! Et le mode de scrutin particulièrement cruel : il démultiplie l’effet de distorsion décrit dans le premier point ! En clair, il faut emporter la majorité des arrondissements pour gagner la Mairie ou le plus possible pour exister au Conseil de Paris. Si vous ne remportez aucun arrondissement, vous n’existez quasiment pas.

Pardonnez-moi d’avoir été long sur ce point, mais il faut avoir connaissance de ceci avant de se lancer dans toute expertise en stratégie électorale. Le groupe UDF actuel au Conseil de Paris est important car il avait fait listes communes avec celles de Philippe Séguin en 2001. Cette fois, le Mouvement Démocrate présentera des listes indépendantes au premier tour, c’est une certitude. Pour le second tour, je suppose qu’il y aura débat, mais là n’est pas mon propos de ce jour. Ce que l’on sait, c’est que Delanoë, large favori des sondages, ne veut pas de nous (aujourd’hui) et tente ainsi de nous jeter dans les bras de Panafieu qui ne demande que ça. Il est donc crucial de faire le meilleur score possible au premier tour afin de disposer d’une capacité si ce n’est de victoire, de nuisance suffisante qu’elle nous permette de choisir nous-même notre alliance. C'est-à-dire qu’aucun des deux autres ne soit assuré de l’emporter sans nous ou plutôt contre nous si nous nous allions à l’autre. Nous pourrons alors « choisir » le futur vainqueur et négocier par exemple la liberté de vote de notre groupe au Conseil de Paris, liberté conforme aux principes que nous voulons incarner. Bref, ce n’est qu’un scénario parmi d’autres et hors sujet.

Marielle De Sarnez sera donc sur une liste dans un arrondissement de Paris, probablement le XVe où elle avait réalisé le meilleur score parisien (18,37%) aux législatives. Probablement en tête de cette liste, étant donnée la difficulté d’accéder au Conseil de Paris même avec 20% des voix. Difficulté relative dans cet arrondissement le plus peuplé et, à ce titre, représenté par 17 conseillers de Paris. Cette liste, comme celle des autres arrondissements, sera déposée en préfecture après le Congrès fondateur dans la conformité aux futures procédures statutaires.

Maintenant, je vais passer à l’organisation de la campagne à proprement parler.

Deux choses, d’abord :

  • Le blog de campagne participatif de Marielle De Sarnez est ouvert : www.marielledesarnezpourparis.fr . Aucune mention d’appartenance au Mouvement Démocrate n’est possible avant le Congrès fondateur qui devra entériner statutairement les investitures provisoires actuelles.
  • Elisabeth De Fresquet est chargée de la coordination et de l’animation des sections d’arrondissement dans les structures actuelles de l’UDF-Mouvement Démocrate.

A ces égards, l’ensemble des adhérents UDF et Mouvement Démocrate ont été conviés à participer aux différents ateliers et commissions du Pôle projet MoDem de campagne depuis début septembre. J’en rappelle l’historique :

04/09 : transports, environnement et développement durable
05/09 : affaires sociales, diversité, santé & handicap, famille, seniors
06/09 : dynamisme économique, emploi et attractivité
11/09 : urbanisme, logement, patrimoine
12/09 : gouvernance, finances publiques, démocratie et vie citoyenne

Puis :

02/10 : culture, éducation, jeunesse et vie étudiante, sports
09/10 : prévention et diversité, santé, handicap, famille, seniors
10/10 : transports, environnement et développement durable
23/10 : gouvernance, finances publiques, intercommunalité, démocratie locale et vie citoyenne, coopérations internationales
24/10 : attractivité, dynamisme économique, emploi
29/10 : urbanisme, logement et patrimoine

Ce travail qui a réuni plus de 1.000 adhérents a nourri et nourrira le blog de campagne, lequel est dorénavant ouvert à la participation plus large des parisiens afin d’arrêter le projet final début 2008.

Sur le terrain, les différentes sections de chaque arrondissement sont réunies chacune à leur tour à l’invitation d’Elisabeth De Fresquet. Ces réunions, en cours, sont importantes car elles mettent en place l’animation et l’organisation des sections pour la campagne sur le terrain.

Dans chaque section d’arrondissement sont désignés des animateurs, par candidatures spontanées, autrement dit volontariat. Les animateurs sont en charge des quartiers administratifs dans lesquels ils résident. Les quartiers administratifs, au nombre de 80, constituent un découpage administratif ancien, historiquement constitutif des arrondissements qui en regroupent 4.

Les animateurs sont donc au nombre de deux minimum par quartier, si possible un « ancien » UDF et un « nouveau » MoDem. S’ils sont plus nombreux, ils désignent parmi eux le « couple ancien/nouveau » responsable de la coordination avec Elisabeth De Fresquet.

Ces animateurs sont chargés, à l’aide d’équipes cooptées ou d’adhérents volontaires, d’une part de saisir et remonter l’ensemble des problématiques locales, besoins, enjeux, difficultés, ressources, et d’autre part de préparer les multiples déplacements de Marielle De Sarnez sur le terrain : itinéraires, rencontres. En effet, notre candidate souhaite effectuer une importante campagne de terrain, et se rendre dans un maximum de quartiers, tous si possible !

En ce qui concernent les listes de candidats dans les différents arrondissements, constitution et investitures :

Les listes ne sont pas constituées. Tous les adhérents UDF et Mouvement Démocrate de Paris vont recevoir dans quelques jours un appel général à candidatures.

Les investitures officielles des listes Mouvement Démocrate interviendront naturellement après le Congrès fondateur et en conformité avec les dispositions statutaires.

Ici s’achève le panorama automnal de la campagne à Paris ! A suivre, donc…

28/10/2007

"On a un problème avec nos élus !"

bc6c6cf22272769dfa501bdee730fce9.jpgIl n'a échappé à personne que l’essentiel des difficultés du Mouvement Démocrate à se fédérer réside autant dans l’incertaine mue des innombrables élus UDF que dans les craintes et les soupçons que cette incertitude suscite a priori.

De nombreux élus UDF posent problème. Oui. Nous le savons. Il y a le précédent des législatives. Au delà des problèmes qu’ils nous posent, il conviendrait, dans un souci de compréhension, d’appréhender aussi les problèmes qui se posent à eux.

Qu'ont fait de leurs mandats les ex-députés UDF en juin dernier ? Mais rien de moins que de les poursuivre, justement. Ce qu'il faut bien intégrer, et qu'ont parfaitement intégré les ex-députés UDF et ceux qui les ont rejoint au Nouveau Centre, c'est que (à encadrer) : On n'est jamais que l'élu de ses électeurs.

Ils n'étaient tous que des élus de droite et non pas du centre. Quand vous êtes élus seulement contre un candidat de gauche, vous êtes un élu de droite. C'est ainsi. Ils le sont donc toujours. Ils n'ont pas eu le courage d'être des élus du centre, comme François Bayrou et Jean Lassalle.

Thierry Benoit, c'est spécial : lui, il ne sait pas qu'il est un élu du centre ! Il croit qu'il est un élu de droite, ce qui prouve qu'il n'a pas intégré le théorème énoncé plus haut, et qu'il le paiera électoralement s'il s'entête.

Les autres sortants qui ont donc eu le courage d'être candidats du centre ont été défaits car ils étaient en fait des députés de droite. Cruelle désillusion. Mais vrai courage politique, qui mérite notre respect.

Parce qu'ils sont tous élus de droite, ceux qui s'affichent MoDem aujourd'hui font preuve de courage. Gardez bien ceci à l'esprit.

Maintenant, je vais vous faire une confidence : à part quelques succès locaux, le Mouvement Démocrate, mode de scrutin oblige, sera "laminé" aux municipales. En tout cas, les cent mille bouches de la tribune et de la presse bien intentionnées ne manqueront pas de signaler qu'alors que l'UDF dirigeait plusieurs centaines de communes, le Mouvement Démocrate n'en dirigera plus que quelques unes.

Ignorant cette perspective trop réaliste, certains croient qu'une candidature Mouvement Démocrate, pour un élu jusqu'alors UDF, ne serait qu'une partie de plaisir et l'assurance d'un fauteuil confortable. Parlons-en aux ex-députés UDF Gilles Artigues ou Anne-Marie Comparini... Le confort ou le fauteuil confortable, pour un élu UDF aujourd'hui, c'est de choisir le Nouveau Centre, pas le Mouvement Démocrate.

Pour les élus UDF, choisir le Mouvement Démocrate, c'est la preuve d’un courage politique qui ne serait que défaites annoncées s'ils n'avaient la même confiance en notre mobilisation et stratégie à long terme que François Bayrou.

Alors, que diable, ne nous trompons pas d'ennemi. Tout ce que vous contribuerions à faire, c'est effriter cette confiance.

Et la confiance est le ciment de la démocratie, comme du Mouvement Démocrate.

 

Lien vidéo : François Bayrou et le problème des élus, face aux adhérents et à Thierry Benoît - Seignosse 2007

22/10/2007

Peut-on faire un parallèle entre la Révolution française et la création du Mouvement Démocrate ?

dc6c4d93c0d713b75de14f892aab04c4.jpgA en croire certains argumentaires, oui. Où l'on adapte Sieyès : « Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? A être quelque chose ».

Aujourd’hui, les adhérents du MoDem ne disent pas autre chose : « Que sont les adhérents MoDem ? Tout. Qu’ont-ils été jusqu’à présent dans le MoDem ? Rien. Que demandent-ils ? A être quelque chose ».

En lisant ceci, je me dis que le parallèle est justifié. Non qu'il devrait l'être, qu'il a raison de l'être, mais il l'est.

Pour moi, il ne devrait pas l'être, car comparer le Tiers-Etat et l'état d'adhérent au MoDem est abusif voire usurpatoire. Etre adhérent à un mouvement politique, c'est adhérer à des valeurs, un projet et à un programme pour les réaliser, ce qui est l'essence du processus politique. Ce qui implique que l'idée préexiste à l'adhésion. Il faut bien que l'idée existe pour y adhérer. L'idée du Mouvement Démocrate, c'est le projet d'espoir de François Bayrou et il est bien évident qu'il préexiste à notre engagement. Et tout le monde est libre d'y adhérer ou pas.

Nous adhérons, ou pas, en toute liberté, conscience et responsabilité.

Ce n'est pas du tout le cas du Tiers-Etat. Là où le Tiers-Etat constitue la quasi intégralité du corps politique, prisonnier, asservi au contrat social, nous, adhérents, sommes libres, citoyens parmi d'autres, parce que nous l'avons choisi. Que nous soyons 10, 100 ou 100.000, l'idée que nous portons existe en dehors de nous, et ce n'est pas le nombre qui fait qu'elle est juste, bonne ou vraie.

Donc, là où le Tiers-Etat est effectivement tout, le libre engagement politique voudrait que ce ne soit pas nous, adhérents, qui soyons tout, mais l'idée à laquelle nous adhérons. C'est en tout cas ma conception de l'engagement politique. En tant qu'homme libre, je me bats pour des idées auxquelles je crois, pas pour des idées de quelque majorité qu'elle émane.

C'est pourquoi je ne crois pas que l'adhérent soit la base d'un mouvement politique. Parce que si l'adhérent est la base, cela veut dire que la majorité des adhérents est la base. Et les majorités, ça va, ça vient, au gré des vents. Le pire, c'est que je crois que ceux qui ne pensent pas comme moi, ceux pour qui l'adhérent est la base, ne sont pas différents de moi : ils se battent aussi pour des idées auxquelles ils croient, et ils ne se battront pas pour des idées majoritaires si ce ne sont pas les leurs. La preuve, c'est qu'ils menacent de quitter le mouvement si les statuts approuvés démocratiquement ne leur convenaient pas. Ils ont un raisonnement paradoxal et n'en tirent pas les conséquences, ce qui est dommage.

J'ajouterais que c'est parce que l'idée est la base que le PC, puis le PS sont morts. Parce que leurs idées sont mortes, et le nombre d'adhérents n'y changera rien.

Je poursuis le parallèle à Sieyès : "Qu’ont été les adhérents jusqu’à présent dans le MoDem ? Rien.

Je dirais encore que c'est une question de point de vue. Nous avons été les formidables promoteurs de notre idée pendant les campagnes électorales, et si ce n'est pas tout, ce n'est pas rien. Alors si l'on dit rien, ne serait-ce pas plutôt le ressentiment d'un manque de reconnaissance ? Que valons-nous ? Faisons les comptes. Que demandons-nous ?

Et pour finir, donc : "Que demandent-ils ? A être quelque chose."

Sans doute, et c'est bien légitime. Aussi le Tiers-Etat le demandait-il. Et c'était tout l'esprit de 1789. Etre quelque chose. Et puis certains, au fil des mois, se sont levés et ont crié plus fort : "nous, Tiers-Etat, sommes tout, nous ne voulons pas être quelque chose, nous voulons être tout". Il s'ensuivit la Terreur et la faillite de la révolution française, la chute de ses idéaux au rythme de celle des têtes.

Alors, que penser de ceux du MoDem qui demandent à être quelque chose et qui prétendent par ailleurs être tout ? La dérive révolutionnaire qui trahit Sieyès dans le texte est-elle à l'oeuvre au sein du Mouvement Démocrate ?

Il me faut souhaiter que non, car après l'appel de la démocratie de 1789, l'Assemblée Constituante de 1791, la prochaine étape parallèle voudrait que l'on réclame la tête de François Bayrou lui-même, et je sens déjà poindre cette idée au fond de certains raisonnements.

Alors que dire à ces têtes qui raisonnent ? Qu’elles tomberont à leur tour et que le Mouvement Démocrate s’éteindra inéluctablement comme la révolution française ? Ils ne le comprendraient pas ni ne le concevraient, car ils parlent au nom du peuple et celui-ci est infaillible. Il ne peut errer. Il a raison par nature. Pourtant…

Si le peuple est souverain, il n’en est pas moins sujet, son propre sujet, c’est sa paradoxale condition et ce sera son triste destin s’il ne s’affranchit de lui-même. C’est tout l’enjeu de la démocratie dans sa forme supérieure : le peuple se protégeant aussi de lui-même. Et nous sommes en train, à la manière de nos plus zélés révolutionnaires, de passer complètement à côté.

15/10/2007

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 1/2

Dans un souci de clarté, je poste un récapitulatif sur la problématique en titre.

Dans la première partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant la position de François Bayrou concernant les futures dispositions statutaires de désignation des candidatures locales.

Dans la seconde, je reprends un autre argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

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Concernant les futurs statuts :

Ce que dit François Bayrou : "Ce n'est pas nécessairement le vote de la base qui fait le meilleur candidat à une élection". Tout est là, ou presque. En fait, on pourrait synthétiser cette phrase avec celle d'après et préciser ainsi sa pensée : "ce n'est pas nécessairement le vote d'une base locale qui fait le meilleur candidat de notre mouvement à une élection".

Il oppose ainsi deux légitimités : celle d'une base locale qui choisit démocratiquement son candidat (on a envie d'applaudir, c'est vrai), et celle qu'on oublierait sous les vivas mais qui est bien réelle : celle de l'ensemble du mouvement, qui a son mot à dire puisque ledit candidat défendra nos couleurs à tous et pas seulement celles de sa base locale !

Et comme il n'est pas possible ni souhaitable que tout le monde vote pour les investitures de chacun, la mise en place, disons les mots, d'une "commission d'investiture", permettant d'apprécier une candidature locale au nom des non-locaux (mais impliqués car co-responsables par l'étiquette), est certainement, elle, nécessaire.

Il n'y a donc pas de déni de démocratie, bien au contraire.

 

Réponse à l'objection suivante :"la base voit aussi qui peut mieux défendre ses valeurs au niveau local"

Ce n'est pas faux. Mais le mieux n'est peut-être pas suffisant ? Personne ne conteste que l'avis de la base locale puisse compter. Ce qui est contesté, c'est sa souveraineté. Et si vous acceptez de ne pas caricaturer la position de François Bayrou, vous reconnaitrez qu'il n'entend pas non plus imposer une souveraineté extérieure.

Il souhaite une co-souveraineté. Un mécanisme à la fois "ascendant" et "descendant". En clair, il y a deux possibilités : l'instance locale désigne plusieurs candidats, et la commission en choisit un ; la commission désigne plusieurs candidats, l'instance locale en choisit un.

Restent à déterminer quelles devraient être les conditions d'application de l'une ou de l'autre.

A suivre...

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 2/2

Dans cette seconde partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

Bien sûr, celles-ci apparaissent en parfaite contradiction avec les principes énoncés dans la première partie.

Réponse à la question légitime : "Pourquoi ce système (le système statutaire défendu dans la première partie, NDLR) n'a-t-il pas été mis en place dés la semaine dernière?"

Nous sommes confrontés à une double difficulté qui nous oblige à un pragmatisme apparemment mal compris.

  • Le Congrès n'a pas encore eu lieu,
  • Certaines investitures présentent un caractère d'urgence sur le terrain.

Il résulte du premier point que personne n'a donc de légitimité a priori (sauf François Bayrou, président) à se constituer en "Commission d'investitures", de même qu'il n'est pas "juridiquement" possible, et j'ai vu que vous (bibifa, NDLR) étiez sensible à cet aspect avec raison, d'organiser un vote des adhérents du Mouvement Démocrate en dehors de tout encadrement statutaire.

Il résulte du second point qu'il faut bien faire quelque chose.

En conséquence, et comme il avait été annoncé à Seignosse samedi soir, je crois, certaines candidatures allaient être investies par "anticipation", sur décision d'une "commission temporaire" constituée de leaders des sensibilités politiques fondatrices : UDF, CAP21, Verts, d'où la composition que vous connaissez.

 

Attention : contrairement aux législatives, les candidats investis seront des candidats Mouvement Démocrate, pas UDF ! L'investiture actuelle est une investiture "verbale" qui leur permet de démarrer leur campagne là où ça urge particulièrement ! Il est bien évident que les investitures officielles, statutairement conformes, et leurs déclarations administratives en préfecture n'interviendront qu'après le Congrès fondateur.

Cela veut dire qu'on peut imaginer que des investitures verbales puissent être remises en cause puisqu'elle ne font l'objet d'aucune déclaration officielle. Je pense que cela ne sera pas le cas, évidemment, parce qu'il n'y a pas grand-chose à redire à ces investitures, mais pourquoi pas. Par contre, il sera nécessaire qu'elles soient validées au regard de la procédure statutaire qui sera adoptée lors du Congrès.

Merci de votre compréhension.

11/10/2007

Démocraties

Tout le monde connaît le mot de Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres..." En tout cas, si on ne le connaissait pas, on le fait volontiers sien. Il nous parait si juste et profond qu'il nous semble indépassable. Et nous en serions presque amusés de résignation...

Tant et si bien que l'on finit par ne plus émettre la moindre critique à l'égard de la démocratie, qu'il nous semble vain d'en étudier les mécanismes et les paradoxes, "puisqu'il n'y en a pas de meilleur". Ainsi, nous procédons aux votes, fêtons la victoire, acceptons la défaite, et le pouvoir passe de mains en mains, sans sanglantes révolutions.

C'est là, une grande qualité du processus démocratique. Plus de sanglantes révolutions. Mais, il y a aussi des paix sanglantes ou de larmes, au moins.

e807f2f736b5ff1057d71bbbc7d4637a.jpgCar il y a un autre mot, de Benjamin Franklin celui-là, qui dit : "la démocratie, c'est : deux loups et un agneau qui votent pour savoir ce qu'il vont manger au dîner", et qui n'apparaît pas moins vrai. C'est "La tyrannie de la majorité" de Tocqueville (1835). Et c'est, bien avant, le droit de "résistance à l'oppression" de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, droit qui disparaîtra dans la déclaration de 1795, où l'inspiration libérale de John Locke laissera place à la conception républicaine "rousseauiste" de la volonté générale "qui ne peut errer" et donc à laquelle on ne peut légitimement se soustraire.

75da700f2454204e4508a535992f2850.jpgC'est bien le "Législateur" de J.J. Rousseau, issu de la volonté générale, en fait majoritaire, du Peuple souverain, qui agit dans l'intérêt général du même peuple souverain, au nom de tout le peuple souverain.

Ainsi naît un puissant clivage entre les conceptions libérales et républicaines de la démocratie.

Où l'une proclame les droits individuels au dessus de la volonté générale, l'autre proclame cette dernière infaillible. Où l'une s'accommode d'une monarchie constitutionnelle, l'autre contient les prémisses du socialisme (au sens de la doctrine).

Depuis lors, en France, nous croyons en cette conception républicaine. En tout cas, nous voulons y croire. Nicolas Sarkozy est bien le président de tous les français. Il le dit. C'est écrit dans la Constitution. Le gouvernement travaille à l'intérêt général. Pas comme nous l'aurions fait, certes, mais nous voulons le croire. François Mitterrand, en son temps, les gouvernements de gauche, pareil...

Qui oserait penser que la majorité ne pourrait éventuellement gouverner que dans l'intérêt de la majorité ? Qui irait même soupçonner certains de fabriquer des majorités, à coups et coûts de "privilèges" pour conquérir ou conserver le pouvoir ? Serait-ce bien encore cela, la démocratie ?

Je m'égare.

On récapitule. Les deux avantages indiscutables de la démocratie : remise en cause pacifiée des gouvernements et protection efficace de la majorité contre une oppression par une minorité. Inconvénient : quid de la protection de la minorité contre une oppression par la majorité ?

En fait, la conception libérale de la démocratie répond ou s'efforce de répondre à cette limite par une double approche : au delà du principe majoritaire, d'une part la recherche du principe d'unanimité, et d'autre part le cloisonnement du champ démocratique (qui vote sur quoi ?). Autrement dit, la recherche d'unanimité (pas facile), des gens concernés et pas des autres (déjà plus envisageable).

En plus clair encore, la recherche du consensus entre les acteurs de la société civile, et la limitation des prérogatives d'un Etat central omnipotent. Donc, une responsabilisation des citoyens. Sachant que moins d'Etat ne signifie pas "pas de règles" ou "pas d’Etat", mais "ce n'est pas forcément à l'Etat de définir la règle", "l'Etat n'est pas nécessairement, ou par essence, compétent pour définir la règle". Par contre l’Etat est "garant de l’application de la règle".

Ainsi, le pouvoir est rendu aux citoyens dans une démocratie différente et grandement dépolitisée. Plus démocratique, car les majorités sont multiples et variées à de plus nombreux échelons de décision, ce qui fait que les minoritaires ne sont pas les mêmes partout. Ceci invitant naturellement à plus de pragmatisme que la tutelle d'un Etat tout puissant. Un Etat UMP ou un Etat PS, c’est beaucoup moins grave quand l’Etat n’est pas tout et ne décide pas de tout pour tout le monde.

Caractéristiques des sociétés libérales anglo-saxonnes et scandinaves, c'est aussi le projet d'espoir de François Bayrou, dans la lettre même.