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30/11/2007

Pour la route...

Voici compilées, quelques-unes de mes remarques publiées ici ou là, et qui n’ont guère suscité de réponses. Pourtant, elles me semblent au cœur du débat et propres à alimenter la réflexion sur les statuts et au-delà.

P... : "Qu'est ce qui fait l'essence du MoDem ..?? J'écrit bien "qu'est ce qui" et non pas "qui"..."

Question essentielle, donc, P.... Quoi et non pas qui.

Pour moi, l'essence du MoDem, c'est l'idée que François Bayrou a défendue pendant la campagne présidentielle, c'est-à-dire son projet d’espoir. C’est à ce projet défini que j’adhère  et c’est l’idée que je veux porter. C’est le sens de mon engagement. C'est bien un concept et non une ou plusieurs personnes. Ce concept là, tout à fait indépendamment du nombre de personnes qui pourraient le porter. Je vais donc jusqu’à affirmer que, pour moi, la base du MoDem, c’est l’idée, cette idée et non l’adhérent passé, présent ou à venir.

Ce raisonnement personnel, mais que j’ai le devoir de partager, a des conséquences notables au regard des évènements qui nous occupent.

Tout d’abord, je ne lie pas la pérennité de mon engagement au Mouvement Démocrate à une quelconque forme définitive ou provisoire des statuts. Même si celle-ci n’a pas ma préférence, elle n’oblitèrera pas mon ambition pour le progrès de nos valeurs et le projet d’espoir de François Bayrou. Donc, aucune chance que je ne rende ma carte.

Il faudra que l’on m’explique, d’ailleurs, le charmant paradoxe qui voit certains, légion parait-il, hérauts sublimes de la démocratie que rien n’arrête pas même les contradictions, suspendre aux suffrages démocratiques du Congrès, les conditions de la poursuite de leur engagement « démocrate », si et seulement si ces suffrages leur étaient favorables !

Nous sommes là devant ce que j’appelle le « malentendu démocrate ». Où l’on confond l’objectif avec les moyens sans en tirer les conséquences.

Conséquences sur la démocratie interne : quelle démocratie ?

Parce que si l’adhérent est la base, cela veut dire, en réalité, que la majorité des adhérents est la base. Outre le fait que les majorités vont et viennent au gré des vents, que peut-il rester de l’engagement de la minorité ?

J’avais déjà écrit ceci, il y a quelques semaines :

« Le pire, c'est que je crois que ceux qui ne pensent pas comme moi, ceux pour qui l'adhérent est la base, ne sont pas différents de moi : ils se battent aussi pour des idées auxquelles ils croient, et ils ne se battront pas pour des idées majoritaires si ce ne sont pas les leurs. La preuve, c'est qu'ils menacent de quitter le mouvement si les statuts approuvés démocratiquement ne leur convenaient pas. Ils ont un raisonnement paradoxal et n'en tirent pas les conséquences, ce qui est dommage. »

Où l’on comprend qu’à coup de scrutins, autant de coups de haches seront portés dans nos rangs.

Comment se peut-il qu’une telle évidence puisse échapper aux plus observateurs d’entre nous ? Regardons-nous en face ou vus d’en face : voici plusieurs milliers de personnes qui partagent le même projet politique. Unis en mai, nous voici divisés, profondément divisés. Pourquoi ? Parce que nous allons voter.

Est-ce là notre profonde ambition ?

A... : "Mais  si on commence à me dire (toi et FB)  que finalement la démocratie interne c'est pas si important et que le mode militaire c'est plus efficace , alors là , sérieusement , j'ai les dents agacées"

Non cela n'est pas ça, A.... Je vais essayer de te décanter ses propos, qui sont aussi les miens, et je suis presque sûr que l'on va se rejoindre.

François et moi avons quelques fondamentaux communs dont ceux-ci : nous aimons le consensus et nous n'aimons pas les scrutins (voir mon article). Ce qui est logique. Pour nous, la démocratie, c'est conscience et responsabilité, c'est à dire : on discute et on se met d'accord. Et non pas : on discute et comme on n'est pas d'accord, on vote.

Le problème, c'est que pour la plupart d'entre nous, la démocratie, c'est : on vote. Point barre. J'ai été frappé par ce malentendu, depuis longtemps sur ce forum, mais notamment au cours du Café démocrate de Quitterie auquel j'ai assisté. Il est dommage qu'il n'y ait pas de vidéo de ce passage (il s'en est fallu de peu, le clip intitulé Conscience et responsabilité commence justement sur la fin de la "preuve"). Mais la retranscription de Frédéric le résume ainsi :

"Parce que je pense que le vote n’est pas tout dans la démocratie (quelqu’un : "c’est un des fondements"). C’est un des exercices (la même personne : "ah oui - nécessaire"). Nécessaire, mais un des modes. Pour moi, la démocratie, c’est conscience et responsabilité. C’est un processus d’accouchement. (la même personne : "et un état d’esprit, on est bien d’accord")."

Or, ce qui est frappant, c'est cette volonté de son interlocuteur de se rassurer lui-même en concluant "on est bien d'accord", alors que non, pas du tout ! Le malentendu était beaucoup plus palpable qu'on ne le perçoit dans cette retranscription. D'abord l'affirmation de François qui est interrompu, choses rare, par un participant choqué. Puis François le corrige une première fois en déniant le caractère fondamental du vote pour le qualifier d'"exercice", puis "nécessaire, mais...", etc...

Tout ça pour dire, A..., que la démocratie interne au mouvement est possible, dès lors que l'on s'entend sur le terme. Il ne s'agira donc pas de trop de démocratie "élective" mais davantage de "participative". Il s'agira de permettre à chacun de trouver sa meilleure place au sein de notre mouvement dans l'intérêt de nos valeurs et de leur rayonnement. Toutes choses peu inscriptibles dans des statuts, malheureusement.

Donc oui, de la démocratie. De la démocratie pour la réflexion, mais de l'autorité pour l'action et le discours.

C : « le raccourci trompeur de faire penser que respecter ce que nous prônons pour la France en notre sein aboutirait forcement à des débats internes est à mes yeux idiot »

François Bayrou répond à une objection précise : il nous faudrait respecter en notre sein tout ce que nous prônons pour la France, or nous prônons le pluralisme pour la France. Que doit-il advenir d'un parti politique qui soutient ou propose plusieurs politiques à la fois ? Rien. Il nous faut une unité et vous y êtes sensible, mais alors si notre discours doit être l'émanation de nos débats internes, comment ceux-ci pourraient-ils ne pas avoir lieu ? On comprend que le pluralisme en interne doit être contenu car en fait, nous devons représenter une composante unitaire d'un pluralisme plus large, et lui nécessaire, qui est celui de la démocratie française.

Il s'agissait, à travers cet exemple de révéler cette "fausse symétrie", rien de plus.

A mon sens, le Mouvement Démocrate n'a pas vocation à débattre d'un projet neuf mais à porter l'existant en l'adaptant. Projet auquel on adhère ou pas. Ce qui ferait déjà un débat de moins...

"Non la véritable question c'est considère-t-on nos valeurs comme supérieures à notre but ou pas"

Notre but, c'est de "concourir à l'expression du suffrage universel" et être élus pour appliquer une politique conforme à nos valeurs. Pas seulement être élus. Donc nos valeurs sont indissociables de notre but. Sont-elles inférieures à lui ? Certainement pas mais il faut en définir le champ d'application.

Car je prends un autre exemple : nous sommes démocrates, donc nous nous plions aux décisions de la majorité. Un tel raisonnement voudrait que nous nous rangions au coté de Nicolas Sarkozy afin de l'aider à appliquer sa politique choisie par la majorité des français. Or, nous n'en faisons rien.

Voyez que cela n'est pas si simple.

F..., à propos de la représentativité du Congrès : « Quand même, j'ai du mal à avaler l'idée qu'un corps intermédiaire, qui plus est partiellement constitués de personnes désignées, soit plus représentatif qu'une population de membres dans son entier. […] Certains acceptent cette idée, d'autres pas...Quel que soit le point de vue, c'est une question d'idéologie, et on ne peut trancher entre deux points de vue idéologiques... […]L'idée de représentativité est susceptibles de toutes les argumentations contraires...et seuls les abus réels peuvent être invoqués; or, et certains ne se privent pas de le dire: c'est une fondation, donc il n'y a pas de base. Raison de plus pour moi, de les soigner... »

Bien sûr, rien n'est plus représentatif d'une assemblée que l'assemblée elle-même : qui pourrait vous représenter mieux que vous-même ? C'est évident, mais je voudrais aussi vous mettre en garde contre une fausse symétrie qui vous fait avancer l'argument idéologique là où il n'a pas entièrement lieu d'être.

Parce que l'adhésion à un parti politique n'est pas synonyme d'une demande d'expression ou de légitimité d’expression. Beaucoup de gens, un très grand nombre même, adhèrent au Mouvement Démocrate pour apporter, concrétiser, prolonger leur soutien à François Bayrou, à ses idées, à son discours, à son projet, rien de plus. L'adhésion simple est la plus commune forme de soutien, le type d'engagement que vous défendez en est une autre.

L'adhérent simple soutient ainsi une certaine idée, le projet d'espoir de François Bayrou, comme un élément du pluralisme de la société française. L'organisation interne du mouvement politique qui la porte lui est tout à fait secondaire, puisqu'il n'est pas concerné par son fonctionnement, sauf à souhaiter son efficacité. Cet adhérent s'exprime par sa seule adhésion et n'a pas d'autre ambition.

Votre engagement, lui, soutient une certaine idée, la même en apparence, à la fois comme un élément du pluralisme français et comme un élément d'un pluralisme interne obligatoire. Vous pensez, à tort ou à raison, que l'expression de ce pluralisme interne produira la seule idée légitime que nous aurons alors tous à défendre au sein du pluralisme français.

Ces deux types d'engagement s'appuient en fait tous deux sur un principe de démocratie représentative, mais inverses.

Pour vous, le MoDem, par l'expression souveraine de ses adhérents, produit l'idée qui les représente le mieux, en tout cas majoritairement. L'idée représente l'adhérent.

Pour l'adhérent simple, le MoDem, c'est une idée qui préexiste, celle d'un projet de société, de contrat social, qui est celle défendue et incarnée par François Bayrou. Cet adhérent ne demande pas de souveraineté quant à l'idée puisqu'elle existe déjà et que c'est précisément la raison de son adhésion. Il ne cherche pas à exprimer son idée mais à exprimer librement l'idée existante. L'adhérent représente l'idée.

Ces deux types d'engagement sont-ils complémentaires ? J’ai du mal à le croire.

Les deux se craignent, se redoutent même : le premier craint de ne pouvoir exprimer son idée ; le second craint qu'on puisse changer l'idée.

C'est, je crois résumé, tout le "malentendu démocrate".

C... : « J'attend maintenant sans hate ce congrès (la montagne) qui va accoucher d'une souris. Oui je suis un oiseau de mauvaise augure, oui je ne vois pas des lendemains qui chantent. »

Il y a nécessité à disposer d'un document de base pour pouvoir l'amender, non ? Des statuts, qui sont avant tout un document technique car juridique, ne vont pas sortir spontanément d'une réunion de plusieurs milliers de personnes !

Quant à la "montagne qui va accoucher d'une souris", je comprends votre souci, mais attention : c'est vous qui vous en faites une montagne, C.... Les statuts que nous adopterons ne seront pas "les tables de la loi gravées dans le marbre", l'ultime forme de perfection technique, de maturité démocratique et d'expérience humaine faite texte. Ils évolueront dans le temps. Ce qu'il faut prioritairement, c'est une organisation qui nous légitime tous, d'où que nous venions, ce que vous réclamez par ailleurs. Ne tombons pas dans le syndrome du 29 mai 2005 !

François Bayrou lui-même a parlé d'une "ambition progressive" : Ce n'est donc pas la "montagne qui accouche d'une souris", c'est "le désordre qui accouche de quelque chose".

Restons confiants, réalistes, réfléchis et responsables et le Mouvement Démocrate sera un grand mouvement, citoyen et populaire, porteur d'un vrai projet pour les français et au delà.

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Merci de m’avoir lu jusqu’ici. Je n’avais pas l’ambition de vous convaincre, juste celle de vous fournir des éléments de réflexion pour les heures qui s’approchent.

Bons votes.

15/11/2007

Fausse symétrie

Au cours de cette discussion entamée il y a plus d'un mois, j'avouais ceci :

"Maintenant, je ne vois pas pourquoi il devrait y avoir nécessairement un parallèle à faire entre l’organisation d’une société et celle d’un parti politique ? J’ai beau y réfléchir depuis des semaines, je ne vois pas de rapport logique. En fait j’en entends bien un mais qui me semble être un gros sophisme :

"un Mouvement Démocrate digne de ce nom doit être démocratique en son sein".

Or, je ne vois pas de rapport entre l’objectif et les moyens. Demande-t-on à l’armée d’une démocratie d’être démocrate en son sein pour légitimement la défendre ?

Entendons-nous : je ne suis pas contre la démocratie interne. Au contraire. Mais pas n’importe comment et certainement pas au nom de ce sophisme. Parce que les électeurs ne vont pas voter pour le parti le plus démocratique, mais pour celui qui aura le meilleur programme. Et si par exemple nous promouvons, au nom de la démocratie, le pluralisme à l’intérieur de nos discours, c’est-à-dire chacun dit ce qu’il veut, je ne suis pas sûr que les électeurs y comprennent quelque chose. Enfin, je suis même plutôt sûr du contraire.

Soyons donc pragmatiques et recherchons l’efficacité. La démocratie y a parfaitement sa place, sans dogmatiquement oblitérer l’objectif à cause des moyens."

Aujourd'hui, je crois que l'on pouvait aussi dire les choses ainsi :

 

12/11/2007

Scrutins

d048ad60cd86b0624d1b400d5e5e8078.gifVous voulez diviser une assemblée ? Organisez un scrutin.

Contrairement à une idée reçue prégnante, un scrutin n’incarne en rien l’aboutissement du processus démocratique : il n’en est que la limite.

Il marque l’échec de la démocratie en ce sens qu’il procède de l’incapacité d’individus égaux en droits à se gouverner eux-mêmes, à s’entendre entre eux, à dégager un consensus satisfaisant.

Alors, il est fait appel, pour les départager, à une autorité « supérieure » qui n’est ni la justice, ni le bien, ni la vérité, mais le nombre. La justice du nombre, le bien du vainqueur, la vérité majoritaire. En ceci, le scrutin ne règle qu'un problème de contingence attaché au processus de prise de décision, c’est-à-dire l’urgence, à l’exclusion de tous les autres. Ceux qui n’étaient pas d’accord avant ne le sont pas davantage après.

D’un point de vue démocrate, un scrutin ne constitue rien d’autre qu’un aveu d’échec. En faire le principal, voire l'unique moteur d’une démocratie interne au Mouvement Démocrate, c’est non seulement de peu d’ambition, mais c’est malheureusement se tromper d’ambition.

10/11/2007

Statuts de la Liberté

9e4a5346b4b35e091297205a8abd8384.jpgOn peut discuter de ce qui est présenté par beaucoup comme une « parodie » de statuts, et je dirais que oui, ils sont très incomplets et améliorables, mais je dirais aussi que les lectures qui en sont faites sont assez parodiques aussi.

  • Bien sûr on peut discuter de l'opportunité de récupérer le financement public de l’UDF.
  • Bien sûr on peut contester l'adhésion automatique des UDF et CAP21 au MoDem
  • Bien sûr on peut contester l'aumône provisoire de 20% des instances électives du MoDem à l'UDF et 5% à CAP21.

Mais enfin on passe à coté de choses essentielles, en tout cas à mon avis bien plus essentielles et notamment l'article 2. Personne n’a l’air d’en mesurer l'enjeu fondamental, c’est pourtant le terme ! Tout le monde a l'air de considérer l'article 25 comme le pendant de l'article 1, mais pas du tout. Ou de façon plutôt marginale au regard de l'article 2 :

« Le Mouvement Démocrate est un mouvement politique unitaire, conformément à l'article 4 de la constitution. L'action politique des membres fondateurs (UDF, CAP21 et adhérents directs au 2/12, NDLR) s'inscrit dans la cadre du Mouvement Démocrate. Ils respectent ses choix politiques et ses décisions statutaires. »

L’action politique de l’UDF est donc subordonnée aux choix politiques du Mouvement Démocrate. Encore mieux « déléguée » aux instances du Mouvement Démocrate, pour reprendre les termes exacts de la motion unique qui sera présentée vendredi 30 au Congrès de l’UDF. En clair, les compétences du Conseil National de l'UDF sont transférées à la Conférence Nationale du Mouvement Démocrate.

Le Mouvement Démocrate sera donc bien « un mouvement politique unitaire, conformément à l’art.4 de la Constitution »

L'article 2 sonne la mort politique pure et simple de l'UDF et de CAP21. Ils n'ont aucune autonomie politique. Je dis une mort, mais c'est une intégration dans une renaissance. Les cadavres sont au Nouveau Centre. Je ne vois pas où est le supposé hold-up de l'UDF sur le Mouvement Démocrate ?

Ce qui éclaire ma réponse à Frédéric sur un autre fil : leur seule limitation en droit, dite transitoire, que l'on peut considérer comme telle ou comme privilège, est d'ordre représentatif : ils ne peuvent constituer plus, ni moins, des 8/40e pour l'UDF et des 2/40e pour Cap21, des différentes instances du Mouvement. C'est, à mon sens, une limite et un privilège, car 20% et 5%, ça ne permet aucun contrôle effectif sur le Mouvement, ni minorité de blocage, mais en même temps, c'est garanti. On comprend, si l'on est impartial, que le souci n'est pas de l'ordre du pouvoir, mais de la représentation.

C'est pourquoi, il n'est question, de mon point de vue, que d'une aumône. Ceci dit, je conçois que l'on puisse en faire une affaire de principe, mais à condition que l'enjeu soit bien compris.

Ce qui j'espère est un peu mieux le cas.