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31/03/2008

Libéralisme et capitalisme

Pour dépasser une confusion préjudiciable au débat politique en France.

L’identification fautive du libéralisme et du capitalisme pousse le débat politique français dans une impasse. Le quiproquo est d’autant plus inextricable que la confusion est entretenue aussi bien par les défenseurs du libéralisme que par ses ennemis. Or, il n’y a finalement pas grand rapport entre cette philosophie générale de la vie en société qu’est le libéralisme, dont les retombées irriguent également les domaines économique, social et politique, et ce régime économique moderne de l’entreprise et de la production de richesses qu’est le capitalisme, susceptible d’être lui-même plus ou moins libéral d’ailleurs. Au mieux, leur intersection est limitée, sans recoupement, au domaine économique. D’où l’épuisement des libéraux (doctrinaires ou politiques) dans un combat sisyphien de défense des intérêts particuliers des patrons, du syndicalisme patronal et des grandes entreprises qui n’est pas le leur et les empêche par avance de pouvoir capter la sympathie réelle de larges couches de la société civile. D’où le refus de la gauche d’avancer résolument vers des solutions qui pourraient ressembler à des concessions idéologiques à l’égard du patronat et du pouvoir économique installé.

Pourtant la distinction entre libéralisme et capitalisme est une clé. Elle permet de comprendre la plupart des positions très peu libérales des organisations professionnelles et du monde patronal en général, dans lesquels se retrouve la vaste majorité des entreprises existantes : pour les subventions, pour les niches fiscales, pour le protectionnisme, rebaptisé depuis peu patriotisme économique ; contre les « class actions » et en général contre « l’excès » de réglementation protectrice des consommateurs (qui vise pourtant à compenser dans la plus pure ligne du droit civil des contrats l’asymétrie d’information entre les particuliers et les professionnels), contre le droit de la concurrence etc. D’une manière générale, d’un point de vue libéral, les chefs d’entreprises, individuellement ou coalisés, en France ou ailleurs, tiennent un discours opportuniste, traduisant le point de vue exclusif du producteur, par principe favorable aux libertés qui l’arrangent et défavorable aux libertés qui le dérangent. Incohérence doctrinale logique et inhérente à la position d’hommes d’affaires ayant des intérêts importants et multiples à défendre à court terme, parfois semblables, parfois divergents, parfois même contradictoires.

Le meilleur exemple de cette incohérence doctrinale, tiré de l’actualité, est la position des grands groupes franco-européens vis-à-vis des offres publiques d’achat (c’est-à-dire une des opportunités les plus solidement établies du marché financier) comme Suez, Arcelor ou Danone : pour le rachat d’Electrabel par Suez et contre son opéabilité par Enel, pour l’OPA d’Arcelor sur Dofasco et contre l’OPA de Mittal sur Arcelor et contre toute OPA en ce qui concerne Danone. La même incohérence est observable aux Etats-Unis lorsqu’une société pétrolière de petite taille est « menacée » d’être rachetée par une entreprise chinoise, lorsque des fonds d’Arabie Saoudite sont sur le point d’opéer une société détentrice de ports américains, ou lorsque le péril nippon menaçait. Ce discours de circonstance purement patronal et de défense d’intérêts acquis, anti-libéral à la lettre, est bien la preuve que le discours capitaliste, opportuniste selon les circonstances et les positionnements ne peut se confondre avec l’expression d’une doctrine libérale ancrée sur le respect des règles de marché, par définition contestataire à l’égard de la fortune installée, favorable au nouvel entrant et au nouveau venu. De la même façon, on considère trop souvent une politique américaine « probusiness » comme libérale alors qu’elle est simplement « pro-capitaliste », faisant primer l’intérêt des producteurs américains installés sur celui des consommateurs américains et a fortiori étrangers, à rebours de la perspective libérale qui subordonne logiquement l’intérêt du producteur à celui du consommateur dans la coopération sociale. Les économistes libéraux comme Adam Smith ou Bastiat, loin d’identifier libéralisme et discours patronal, industrialiste ou capitaliste, comme on le fait si souvent aujourd’hui dans une défense brouillonne, n’avaient aucun doute sur l’existence d’une contradiction fondamentale et insurmontable entre l’intérêt des chefs d’entreprises et la liberté économique symbolisée par la libre concurrence, qui bénéficie en réalité au consommateur final en augmentant sa liberté de choix.

Le libéralisme une philosophie politique générale de limitation du pouvoir par le pouvoir

La philosophie libérale prise en son sens le plus général est une philosophie originellement de gauche qui domina dans le premier temps l’esprit de la révolution française : refus de l’arbitraire du Prince et du favoritisme à remplacer par des lois générales s’imposant à tous sans exception (« rule of law » dans l’univers anglo-saxon), abolition des privilèges, contestation de l’excès de pouvoir, le libéralisme est une philosophie de partage du pouvoir et de revendication de justice égale pour tous, une philosophie méritocratique qui aspire à substituer le talent vérifiable à l’héritage du rang par le sang comme facteur de promotion sociale, à ouvrir les fenêtres de la société pour faire de la place à ceux qui n’ont pas pignon sur rue, à faire droit à l’initiative individuelle et à la récompenser. Elle accorde une place essentielle à la notion de responsabilité individuelle (qu’il s’agisse de personne physique ou morale) qu’elle considère comme le principal facteur d’harmonisation de l’intérêt individuel avec l’intérêt général, de l’autorégulation et de la dynamique sociales, et qu’elle définit techniquement comme le fait d’avoir à éprouver, de ne pas être empêché d’éprouver, positivement ou négativement, les conséquences de ses actes. On le constate en passant, par rapport à une image contemporaine systématiquement déformante, le libéralisme n’est donc ni originairement droitier, ni principalement économique.

Elle s’exprime de manière cohérente sur les plans politique, par les « checks and balances » mis en œuvre par la constitution américaine qui a, elle, pris Montesquieu au sérieux (contrôles et contrepouvoirs ou séparation des pouvoirs propre à la démocratie parlementaire, élection à intervalle régulier des dirigeants), économique par le « laissez-faire laissez passer » physiocratique (liberté du commerce et de l’industrie et libre échange) et social, par la « libre association » des hommes (syndicalisme, mutualisme, confessionnalisme, associationnisme) pour les fins les plus diverses qui sont les leurs, sans privilège ni monopole, chaque association devant faire la preuve par ses adhésions et ses cotisations, les dons et les legs qu’elle reçoit, de son utilité sociale et de sa capacité à perdurer. La dimension sociale du libéralisme (qui a également pu être celle du capitalisme) ne doit en effet pas être oubliée, même si elle est la moins connue ou la plus oubliée, puisque c’est à l’auto-organisation sociale, souvent patronale, parfois ouvrière, que l’on doit attribuer tous les développements de la protection sociale au 19 ème et 20 ème siècle auxquels la gauche marxiste s’opposait alors violemment puisque ces réformes retardaient d’autant le Grand Soir. Elle est aujourd’hui encore la plus prometteuse. Bien sûr, ces « mots d’ordre » du libéralisme dans toutes ses dimensions, sont à prendre comme des expressions de tendances dans un environnement donné et non comme des modes d’emploi absolus à prendre ou à laisser, ou bien à appliquer sans réflexion et sans nuance du jour au lendemain dans n’importe quel contexte. La simplicité des slogans du libéralisme ne peut en effet en aucun cas dispenser les libéraux de réfléchir aux stratégies politiques adaptées aux contextes spécifiques, dont dépend in fine la réussite des réformes « libérales » ou a fortiori laisser penser que les libéraux d’aujourd’hui, tels les révolutionnaires d’hier, disposent des recettes toutes faites et d’emploi universel de la réforme politique économique et sociale. La qualité éventuelle du contenu ne préjuge pas du succès de la méthode.

Cette philosophie politique générale est en principe celle qui est la plus à même de répondre aux légitimes appétits et intérêts des nouveaux venus dans la société civile, dans la vie économique et politique, qu’il s’agisse des jeunes à chaque génération, des étrangers de passage, des immigrés ou de ceux que les circonstances de la vie ont pu un moment marginaliser. Dans la crise actuelle du modèle français, au lieu de servir de bouc émissaire facile, propice à l’inaction et finalement au défaitisme, elle devrait faire l’objet d’un consensus général tant elle fournit de clés méthodologiques et de ressources possibles pour débloquer les impasses.

Par quel aveuglement généralisé notre pays et son « opinion élitaire » en est-elle venue à vouer aux gémonies la planche de salut et la solution de bon sens pour ceux-là mêmes qu’elle prétend s’acharner à défendre ? Au rejet du vivier des meilleurs remèdes, de la créativité sociale et politique par l’application conséquente du principe de subsidiarité et l’expérimentation de « variantes institutionnelles » alors même que le blocage d’un système centralisé et la crise des structures existantes sont devenus patents ? L’histoire intellectuelle et sociale en rend compte, par le virage du socialisme français vers le marxisme en particulier et le socialisme réel, rejetant autogestion, décentralisation et négligeant le champ expérimental de l’économie sociale. Mais la confusion intellectuelle entre libéralisme et capitalisme et le nœud intellectuel qui en résulte, des deux côtés de l’échiquier politique et social, doctrinalement bloquante, y jouent peut-être un plus grand rôle encore que l’idéologisation des problématiques sociales ou « l’égoïsme collectif » des nouvelles corporations.

Le capitalisme un régime économique induit par le développement de la société de capitaux

Le capitalisme de son côté n’est ni une doctrine, ni une philosophie sociétale, mais un fait social et historique : le régime économique devenu prédominant dans les « temps modernes », avec l’apparition et l’expansion de la société de capitaux. Un régime économique qui n’est au demeurant pas exclusif des régimes économiques antérieurs de « l’entreprendre » : les entreprises individuelles représentent aujourd’hui plus d’un tiers de 3,3 millions d’entreprises actives de toute nature, les associations et sociétés civiles plus d’un quart. Le capitalisme n’a donc pas aboli, contrairement à certaines prophéties ou même à l’analyse schumpétérienne, la propriété individuelle et la petite entreprise.

Le capitalisme ne se place donc pas sur le même plan que le libéralisme, même s’il en est un des fruits sur le plan économique. Il ne concerne de fait que le champ économique et dans ce champ économique, la partie qui est la plus en vue et dont l’esprit inspire l’ensemble, même si elle n’est pas nécessairement représentative du point de vue de tous les entrepreneurs et spontanément accordé au point de vue du consommateur ou du client. A la limite, la défense du capitalisme, dans le cadre d’une complicité « naturelle » entre grands dirigeants pour diverses raisons, principalement sociologiques, peut revêtir un aspect d’attaque frontale contre une vision libérale de la vie économique visant à limiter le pouvoir de marché des plus grands acteurs par la contestation des monopoles (dont le démantèlement des grands monopoles institutionnels est un aspect essentiel) et des abus de position dominante devant les tribunaux. En tout cas, une politique pro-capitaliste au sens où elle défendrait les grandes entreprises en général ou celles d’un pays particulier, est loin d’être en soi et de ce fait une politique libérale. On se rappellera ici d’ailleurs la réticence libérale lors du développement de la société de capitaux au 19 ème siècle, tenant à la limitation de la responsabilité patrimoniale du « capitaliste » à la hauteur de ses apports dans la société anonyme (d’où la préférence des entrepreneurs authentiquement libéraux dans leurs conceptions comme les Michelin pour la société en commandite par actions par rapport à la société anonyme).

Comme l’a démontré l’entreprenant penseur Lucien Pfeiffer, et lui seul à notre connaissance, le capitalisme, c’est-à-dire le régime économique induit par le développement de la société de capitaux, doit son succès à l’invention d’une modalité de couverture du risque économique permettant de dépasser (sans l’abolir) sa couverture traditionnelle dans l’économie rurale par le prêt à gage. Si l’entrepreneur emprunteur échoue dans l’entreprise rendue possible par le prêteur de fonds auquel il s’est adressé pour se lancer, il est à la fois lui-même ruiné et il reste de surcroît débiteur de la somme empruntée, intérêts et capital. Cette situation d’échec de l’emprunteur est en fait l’une des principales sources traditionnelles du salariat, du servage et même, lorsqu’il n’est pas aboli, de l’esclavage. Le capitalisme s’est éloigné de ce schéma en accommodant à la vie économique en général et au droit des sociétés « terrestres » les règles du prêt à la grosse aventure mises au point ou redécouvertes à l’occasion du commerce avec les pays du nouveau Monde, qui font jouer au capitaliste le noble rôle d’assureur du risque de perte économique. Ce faisant la société de capitaux a permis à la coopération de la fortune installée et des entrepreneurs dépourvus de moyens suffisants pour entreprendre par eux-mêmes de franchir un palier important. Elle a permis à l’entreprise de changer de dimension et a ainsi fourni le déclic institutionnel au développement occidental. Elle a en fait permis l’essor industriel de l’Europe et du Nouveau Monde caractéristique des temps modernes.

Les règles du prêt à la grosse aventure permettaient en effet aux apporteurs de capitaux d’accepter les risques économiques particuliers liés au transport maritime intercontinental en associant le prêteur aux bénéfices de l’aventure en contrepartie du renoncement au remboursement du prêt en cas de naufrage. Il en va ainsi pour l’apporteur de capitaux dans la société anonyme emblématique de la société de capitaux : en contrepartie de l’acceptation du risque de perte sans recours de ce capital, il prend le contrôle de l’entreprise en s’appropriant la société dont il constitue le « capital » par ses apports en nature ou en espèces, dans le but d’en maîtriser la gestion et d’en minimiser les risques. Il reçoit de ce fait les bénéfices de cette aventure terrestre aléatoire tant qu’elle se déroule favorablement, et absorbe directement les pertes dans le cas contraire (absence de dividendes et éventuellement consommation du capital investi ou « appauvrissement »).

Cette mécanique juridique explique le succès du capitalisme et son rôle dans l’essor occidental, qui a été sans rival, et est désormais mondialisé. La société de capitaux a en effet permis d’augmenter la taille de l’entreprise en deux temps et a ainsi rendu possible les grandes aventures industrielles des 19ème et 20ème siècles. Par son principe même dans un premier temps, qui permet d’associer la fortune traditionnellement foncière et immobilière et les entreprenants et ingénieux moins fortunés, au moyen de la société de capitaux et des règles de partage des bénéfices. Par l’organisation de la coopération entre « capitalistes » plus ou moins fortunés dans un second temps via l’appel public à l’épargne des sociétés de capitaux sur les bourses de valeurs mobilières, dont l’apparition puis la sophistication ont contribué à façonner le paysage économique et financier « capitaliste » qui nous est désormais devenu familier, même s’il ne concerne aujourd’hui encore qu’un nombre tout compte fait limité d’entreprises (un millier au plus toutes cotes confondues en France). Les actionnaires majoritaires qui administrent les entreprises obtiennent ainsi le moyen en partageant les bénéfices de multiplier les occasions de bénéfices et de mettre en permanence au point de nouveaux produits, les évolutions relatives de la profitabilité, réelle ou anticipée, des entreprises servant de guide à leurs investissements. C’est donc un régime économique bien adapté au lancement de grandes entreprises, d’activités fortement « capitalistiques » comme l’on dit, de nouveaux produits nécessitant des phases de recherche et de développement, de nouveaux services sur une grande échelle, qui n’auraient pas pu être inventés ou développés sans lui. Et c’est un régime qui incorpore sa propre dynamique puisqu’il est animé par le moteur de l’intérêt individuel ou familial, lequel garantit en principe la réactivité des propriétaires de l’entreprise, associés ou actionnaires, aux innovations des concurrents destinées à séduire les consommateurs dans un modèle économique où l’offre crée la demande.

L’innovation institutionnelle évidente à la réflexion dont découle le capitalisme est pourtant restée inaperçue dans la littérature qui traite du capitalisme ou du développement

Il est juste d’ouvrir ici une parenthèse sur la portée de la découverte de Lucien Pfeiffer, même si lui-même ne s’y attarde pas.

Ni l’invention très terre à terre du licol de cheval au 12 ème siècle, qui permet d’appliquer la force animale à la traction de la charrue, à laquelle Georges Duby prête une vertu décisive, ni, à l’autre extrême du spectre des explications, la révolution philosophique galiléo-cartésienne au 17 ème siècle censée permettre la mathématisation du monde et donc, comme par miracle, son arraisonnement par la technique selon Heidegger, ni l’explication religieuse mise en avant par Max Weber, selon laquelle l’éthique protestante aurait rendu possible l’apparition au 16 ème siècle de l’esprit du capitalisme (alors que le capitalisme prend historiquement son essor en Europe dans la très catholique Lombardie et en Italie du Nord en général près de deux siècles auparavant comme l’a bien montré Murray Rothbard), ni l’invention de la comptabilité en partie double vers le 13 ème siècle, que Goethe considérait comme l’une des plus belles inventions de l’esprit humain, ne permettent plausiblement de comprendre pourquoi l’Occident à partir de la Renaissance a décollé par rapport à une Chine scientifiquement et techniquement plus avancée que l’Europe.

En revanche, le mécanisme de la société de capitaux permet bien, lui et lui seul à vrai dire, de comprendre l’intérêt que les hommes fortunés ont eu à devenir des capitaines d’industrie et à transformer le monde en s’accordant avec les entreprenants moins fortunés. Cette explication, quoique « non homologuée » par l’histoire officielle de la pensée, et même de la pensée économique, et qui semble, il est vrai, une fois formulée, presque tautologique, paraît donc bien être la seule qui soit à la hauteur du phénomène à expliquer, en intégrant le facteur humain de la motivation à agir. L’écart « orthogonal » de développement entre l’Orient et l’Occident ne peut pas être d’origine purement intellectuelle ou « idéaliste », et relever, tel un « deus ex machina », d’une simple différence philosophique, culturelle ou religieuse. Il ne peut pas plus sérieusement résulter, dans une perspective matérialiste symétriquement inverse, de découvertes purement matérielle ou technique, aussi importantes soient-elles. Mais il peut bien être le produit d’un facteur juridico-économique, d’une innovation institutionnelle de grande portée, qui a permis d’une part à la source « constante » et universelle de motivation des hommes qu’est leur intérêt personnel ou collectif, de trouver un débouché nouveau et, qui d’autre part, a fourni au goût permanent et largement réparti d’entreprendre des hommes des moyens décuplés de s’exprimer. La formule de la société de capitaux permet de comprendre pourquoi et comment tant d’énergie humaine a désormais pu être canalisée dans l’activité économique.

Mais l’inventeur de cette explication génialement simple n’a pas pour objectif suprême de faire breveter sa découverte et de la voir enfin homologuer par l’Académie des sciences morales et politiques, car il pense pour agir et faire progresser la société en réformateur qu’il est et non pour se contenter de faire oeuvre de penseur. Il pense mieux le développement de l’Occident que les penseurs professionnels ne l’ont fait, mais sa découverte faite, et une fois posée devant nous et « en nous » avec l’évidence incontournable des choses vraies, il ne s’arrête pas là et veut nous emmener tout de suite plus loin, alors même que nous voudrions prendre le temps de savourer cette précieuse étape de la pensée. Et c’est ici qu’il devient important de comprendre que le libéralisme, l’imagination au pouvoir en matière d’organisation sociale dès lors qu’on ne nuit pas à autrui ou on ne le lèse pas, peut nous conduire plus loin que le capitalisme, ne serait-ce que, si l’on veut revenir au point de départ du raisonnement avant d’aller plus loin, parce qu’il y a d’autres manières de couvrir le risque économique que celle fournie par la société de capitaux, telle celles que peuvent fournir, à l’extérieur de l’entreprise, les sociétés d’assurance. Celles-ci ont d’ailleurs déjà bien défriché le sujet.

La société de capitaux n’est pas nécessairement le cadre indépassable de « l’entreprendre »

Le régime économique capitaliste incorpore, observe aussitôt Lucien Pfeiffer, une sorte de défaut constitutif, qui expliquerait le malaise économique croissant, en particulier dans les grandes entreprises contemporaines, publiques ou privées, et la recherche intense et multiple en provenance d’horizons les plus divers de nouvelles formes de coopération sociale pour entreprendre autrement dans un cadre libéral. Les salariés, qui font vivre et prospérer l’entreprise, sont étrangers à la société, même s’ils en sont des co-contractants privilégiés, alors que les propriétaires de la société, qui sont les décideurs du sort de l’entreprise, peuvent lui rester parfaitement extérieurs. Il rejoint ainsi la littérature retraçant les conflits d’intérêts entre « stake-holders » et « stock-holders ». La rémunération des salariés qui travaillent dans l’entreprise entre dans le prix de revient à soustraire du prix de vente pour déterminer le bénéfice légitime de la société. Elle constitue un coût fixe pour l’entreprise et, par conséquent met en opposition l’intérêt du capitaliste et du salarié, du moins à court terme, puisqu’ils sont « dans le même bateau » tant que la société n’est pas dissoute. Comme le disait Alfred Sauvy le travail, dans ce cadre, devient un simple passif : un mal nécessaire. On doit donc pouvoir imaginer des modalités d’entreprendre, des innovations institutionnelles, qui surmontent ce hiatus propre à la société de capitaux.

C’est une gerbe de ce genre d’institutions nouvelles que propose Lucien Pfeiffer dans son dernier livre : l’abolition possible du salariat dans une société de partenaires dont la rémunération proviendrait exclusivement des résultats de l’entreprise, la rémunération des moyens de production entrant dans le prix de revient ; le développement parallèle du métier de gestionnaire des moyens de production pour répondre à la demande d’un nouveau type de sociétés dépourvues de moyens de production propres, c’est-à-dire la sortie du crédit-bail du corset bancaire qui en limite le potentiel et les fonctionnalités ; l’extension de la technique du crédit-bail, dont il fut l’inventeur en France, à la propriété de l’entreprise, pour que les résultats mêmes de l’entreprise permettent une accession de plein droit des entrepreneurs sans fortune à la propriété de leur entreprise grâce à un nouveau fonds commun : le FC4P (fonds commun de prise de participation provisoire) ; le développement de l’assurance externe du risque économique propre à la vie des affaires par les mécanismes assurantiels pour fournir une alternative à la modalité capitaliste de couverture interne du risque de l’entreprise.

Comme on l’a vu, à l’aide de notre détour par le tréfonds institutionnel du capitalisme, il n’y a en fait pas de vrai rapport entre capitalisme et libéralisme même économique. Les exemples ci-dessus montrent que le libéralisme peut ouvrir « l’entreprendre » à d’autres modalités de coopération humaine dans le but de servir autrui, aussi valables d’un point de vue libéral, que la modalité capitaliste, pourvu que ces modalités restent contractuelles et non contraintes, qu’elles lui préexistent, co-existent avec elle ou soient encore à inventer. Si le libéralisme d’un point de vue économique inclut le capitalisme comme le genre inclut l’espèce, c’est donc sans exclusive ni « préférence » en toute rigueur de termes. Il n’y a aucune bi-univocité entre capitalisme et libéralisme. Le potentiel libéral est en réalité illimité.

A la limite il peut exister un capitalisme foncièrement non-libéral et un communisme libéral et par conséquent des évolutions plus ou moins libérales du capitalisme

La preuve de la nécessité de cette distinction est apportée par l’existence de types de capitalisme, comme le « capitalisme monopoliste d’Etat » dans lequel les relations sociales « patron-salariés » sont finalement peu différentes de la grande entreprise capitaliste privée. Comme si les nationalisations se révélaient incapables de faire émerger quoique ce soit de nouveau dans ce domaine si ce n’est peut-être le « pire » et dans lequel le risque, souvent grand et parfois inconsidéré, est assumé, à la place de l’actionnaire privé, par le citoyen-contribuable, ce qui est parfaitement critiquable d’un point de vue libéral. A l’inverse, il existe des formes de communisme, comme celui des monastères, en vertu duquel moines et moniales renoncent à toute forme de propriété individuelle (on ne peut par exemple même pas leur faire un don individuel puisqu’ils ne peuvent ouvrir un compte bancaire à leur nom) parfaitement admissibles dans une société libérale, dès lors que cette dépossession totale est volontairement consentie et même recherchée au moyen du vœu de pauvreté. L’existence d’un capitalisme anti-libéral, monopoliste d’Etat ou monopoliste tout court, et d’un communisme libéralement impeccable apportent donc bien la preuve par neuf de la nécessaire distinction entre libéralisme et capitalisme. En tout cas le libéral, pour reprendre une phraséologie passée de mode et qui avait son charme, n’a pas, en tant que tel, une vocation particulière à être le « suppôt du Grand Capital » ou son avocat systématique.

Un libéralisme critique du capitalisme est donc parfaitement admissible (alors qu’en revanche l’inverse est inconcevable) comme l’a finalement bien compris Jean-Yves Calvez l’un des nombreux et classiques pourfendeurs des deux soi-disant frères jumeaux au nom de la doctrine sociale de l’Eglise ou Zeev Sternhell. Certains développements, internes au capitalisme, comme le développement de l’actionnariat salarié et le regard renouvelé que certains portent sur les fonds de pension après une première réaction réflexe de rejet montrent par ailleurs la plasticité du capitalisme dans un sens de rééquilibrage du pouvoir entre salariés et actionnaires d’une part, dirigeants et actionnaires, minoritaires en particulier, d’autre part. Il convient donc de se garder de tout nouveau manichéisme, et d’avoir présent à l’esprit que le capitalisme lui-même, qui n’est pas une réalité monolithique, est susceptible d’évoluer de l’intérieur par conviction propre des dirigeants ou sous la pression des actionnaires, des parties prenantes, des événements ou du débat démocratique dans un sens plus ou moins libéral, plus ou moins transparent, plus ou moins équilibré.

Mais en admettant que certaines caractéristiques du capitalisme, en particulier les avatars récents d’un capitalisme fonctionnarisé marqués par le développement des « compensations » discrétionnaires, des « golden parachutes » et des options d’achat d’actions, qui tendent à transformer le capitaine d’industrie d’hier en corsaire assuré tous risques et mieux garanti que des salariés qui sont censés avoir opté pour la sécurité aux dépens du profit ; en admettant que les pratiques managériales d’un nombre grandissant de grandes entreprises « capitalistes » de type Enron ou Vivendi , tant publiques que privées d’ailleurs, deviennent critiquables et suscitent un rejet croissant, on perçoit alors l’urgence de soigneusement préserver la distinction entre capitalisme et libéralisme, sauf à vouloir condamner la porte de sortie de la crise de sens de notre société et fermer la porte de la réforme. Pour celui-ci, qui reste le parti du mouvement et de l’évolution pacifique, les clés de l’avenir et l’invention des solutions aux problèmes de chaque temps relèvent du champ contractuel, de la créativité individuelle, sociale et institutionnelle, dont le déploiement passe par l’initiative personnelle ou par le débat et la coopération multidimensionnels au sein de la société civile et politique.

La réforme sociale passe donc par une clarification doctrinale qui ne saurait faire l’économie du libéralisme

Et c’est pour cela que l’on ne peut prétendre se passer du « libéralisme » comme doctrine de ralliement, au moins de la chose, sinon du nom. Le mot est en effet tellement empoisonné et le consensus anti-libéral est si étendu en France, que l’on peut bien se demander si l’entreprise visant à redonner du lustre au « libéralisme », en le distinguant du concept trop étriqué de « capitalisme » (terme repris de Marx son inventeur qui a choisi à dessein ce mot impopulaire dès l’origine et de son temps, pour servir de repoussoir « dialectique » au socialisme) n’est pas vaine et condamnée à l’avance. Nous ne pouvons ici qu’exprimer une conviction : on ne pourra pas bâtir une société d’initiatives et de participation, organisée selon le principe de subsidiarité pour laisser faire à tous les niveaux ceux qui ont la volonté et la capacité de régler les problèmes (dont aucun n’est insurmontable à dire vrai) et de faire avancer les choses ou d’en construire de nouvelles, contre la doctrine générale des libertés et de la créativité humaine qu’est le libéralisme, loin de tout conservatisme. Régime libéral et perfectibilité sociétale s’impliquent réciproquement de facto.

Le consensus en faveur du libéralisme politique en est un témoignage encourageant : comment être sérieusement libéral en politique et anti-libéral en économie ? Le marché, loin d’être cette abstraction que dénoncent encore, en France, les anti-libéraux en droit, n’est en réalité rien d’autre que le parlement de l’économie, dont la criée sur les bourses de valeurs mobilières ou dans les ports de pêche donnait ou donne encore la meilleure image : la recherche par tâtonnement, essais et erreurs parfois, du meilleur compromis social possible entre toutes les partie prenantes, dont les intérêts sont divergents (le vendeur veut vendre le plus cher possible, l’acheteur veut le meilleur rapport qualité / prix) mais complémentaires (le vendeur a besoin de l’argent de l’acheteur, l’acheteur a besoin du bien ou du service du vendeur). Le marché n’est d’ailleurs pas défendu comme une abstraction « substantialisée » par les libéraux eux mêmes, contrairement au reproche que leur font leurs adversaires, mais comme la structure de coopération spontanée des personnes et des « maisons » dans une économie monétaire : le marché, ce sont les autres en face de moi que je sers et chez qui je me sers (coopération), en tenant compte des autres autour de moi qui ont des appétits concurrents dont je dois tenir compte pour parvenir à mes fins (concurrence). Le marché, ce sont toujours « les autres », en face ou à côté de moi. L’économie de marché, rendu possible par la monnaie, n’est rien d’autre que la libre coopération humaine régulée par la concurrence (simple moyen, mais en pratique essentiel comme facteur de dynamisme du producteur pour capturer les votes monétaires du consommateur, au service de cette coopération mutuelle) et surveillée par les tribunaux, c’est-à-dire se déroulant dans le cadre du droit civil et commercial.

Que proposent d’ailleurs concrètement ceux qui, en économie, faute d’argument rationnel, sont contraints aux artifices rhétoriques et se révoltent par exemple contre la « dictature des marchés » ? L’état patron qui a partout fait faillite ? Aucun libéral impartial et non doctrinaire ne peut laisser entendre que tous les hommes soient parfaits et nier qu’il existe des exploitations de situation ou des abus de pouvoir de marché en ce bas monde que nous savons tous, indépendamment de nos préférences doctrinales, être plein d’injustices diverses liées à nos convoitises. Aucun libéral ne soutiendra que l’économie de marché libre soit le paradis sur la terre, car l’évolutionnisme libéral s’oppose à l’utopie révolutionnaire. Elle peut même être qualifiée de pire des régimes, à l’exception de tous les autres. C’est la vraie raison de son universalisation, par-delà les décombres du socialisme réel et de l’économie mixte, dans une très large gamme de variétés régionales et nationales, propres à un régime par définition ouvert à la diversité des traditions et des mœurs. L’anti-libéralisme économique est devenu de ce fait, partout où il subsiste, une impasse théorique et pratique.

Autre encouragement à ne pas se priver de cette reviviscence nécessaire du libéralisme : le rejet du libéralisme ne semble pouvoir se maintenir, après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement du socialisme réel à l’Est et au Sud, qu’au moyen de son travestissement sous le terme d’ultralibéralisme, procédé dialectique conservatoire mis au point par les socialistes occidentaux afin de poursuivre le même combat, tout en faisant semblant de reprendre à leur compte et d’adopter le terme « libéral » et son contenu doctrinal qui, dans les pays du socialisme réel, faisait évidemment, à leur grand dam, l’objet d’une vénération consensuelle chez tous les opposants à la « dictature du prolétariat ».

La remise en mouvement volontaire de la société civile et de la société politique françaises passe donc à nos yeux par cette clarification doctrinale préalable et une réhabilitation non honteuse du libéralisme, le mot et la chose, même si cela doit prendre un peu de temps et passe par quelques ralliements médiatiques d’intellectuels de gauche, qui n’osent pas encore aujourd’hui franchir ce Rubicon. Cette clarification, en mettant fin à ce grand écart intellectuel déchirant entre « les libéralismes » et en nous réconciliant en profondeur avec l’une de nos grandes traditions, entraînera un retour de la confiance en soi et de l’estime de soi, individuelle et collective. Elle rendra possible un retournement positif de l’opinion éclairée et publique en faveur des idées et des valeurs libérales, et même du terme de « libéralisme ». Celui-ci n’a cependant pas nécessairement besoin d’être agité en permanence comme un chiffon rouge devant les yeux de ceux pour qui une propagande anti-libérale en a fait un épouvantail sans retour possible, mais qui sont partants pour sortir de nos impasses pratiques.

En ce sens, le progrès du libéralisme passe aussi par l’arrêt d’une certaine auto-caricature du libéralisme de la part des libéraux eux-mêmes. Ceux-ci doivent tenir compte du terrain miné sur lequel ils opèrent, et savoir ne pas alimenter, par leurs excès ou leur impatience, la caricature que l’on se complaît en France à faire du libéralisme. A eux d’humaniser l’image trop brutale que la représentation sociale et les media se font du libéralisme et de montrer par leurs raisons, leurs positions et leurs comportements, leur ouverture d’esprit, leur effective tolérance (quelle autre doctrine peut légitimement revendiquer cette vertu ?) que cette image est fausse : que l’homme est acteur et fin ultime, alpha et oméga de la société, que l’homme, dans la réalité de ses préoccupations concrètes et parfois vitales, y compris l’homme démuni ou moins bien loti, est bien au centre de leur conception et de leur souci, que la vision libérale de la société est bien un projet pour tous, où chacun puisse trouver sa place harmonieusement. A eux en particulier à ne pas se laisser aller à la tentation de représentation monopolistique du libéralisme, antinomique du libéralisme lui-même ou à s’octroyer une sorte d’infaillibilité doctrinale. A eux de savoir s’ouvrir à la tradition proudhonienne de la gauche française, subvertie par la gauche étatiste d’origine allemande.

La distinction entre capitalisme et libéralisme permet de surcroît une analyse plus subtile de la politique économique américaine que celles auxquelles nous sommes accoutumés de part et d’autre

Le distinguo entre libéralisme et capitalisme auquel invite tant l’histoire économique que celles des idées politiques jette une lumière incidente sur le malentendu « assourdissant » des positions françaises sur certains aspects de la politique américaine. Celle-ci ne devrait être jugée, selon la tradition empirique (modeste) qui fait le fond de la philosophie libérale, qu’a posteriori au cas par cas, et non pas idéologiquement et a priori. Adopter cette distinction permet en effet de comprendre d’une part, que le rejet de certains aspects de la politique économique américaine ne doit pas se faire au nom de l’anti-libéralisme, puisque le libéralisme fournit au contraire le meilleur arsenal critique de certaines pratiques américaines, déviantes au regard du libéralisme censé les inspirer. Pensons ici par exemple au renforcement des subventions agricoles ou à l’institutionnalisation de la manipulation monétaire par la suspension de la convertibilité-or du dollar qui fausse la mondialisation et nourrit son rejet depuis plus de 30 ans désormais. Cette distinction permet d’autre part de mieux comprendre pourquoi l’allégeance systématique à l’égard des points de vue américains, alors même qu’ils relèvent de la défense la plus traditionnelle et la plus triviale de leurs « intérêts nationaux » (« tout être exerçant tout le pouvoir dont il peut disposer » selon Thucidyde) par des « intellectuels » européens se réclamant du libéralisme peut en fait desservir gravement la cause libérale. Des observateurs impartiaux et même une fraction du grand public ne peuvent voir dans ce biais irrationnellement pro-américain qu’un parti-pris d’avocat et un saut dans une nouvelle sorte d’idéologie, les incitant par contrecoup à un rejet en bloc de ce « libéralisme » de façade, qui n’est rien d’autre qu’un « mercantilisme » déguisé et par contagion, de manière regrettable, au rejet de tout ce qui ressemble de près ou de loin au « modèle américain ». Dans ces conditions, l’irrationalité anti-libérale ambiante et celle des défenseurs d’un pseudo-libéralisme se nourrissent mutuellement et alimentent une sorte de jeu de dupes, dont notre société, son avenir, sa jeunesse et ses marges, font les frais.

On songe ici à la lucide désolation de Frédéric Bastiat (mon vénérable cousin) qui préférait voir « une cause bien attaquée que mal défendue ». Malgré notre optimisme foncier, la réhabilitation du libéralisme en France passe par une intelligence stratégique du « marché » national des idées sur lequel « l’entrepreneur libéral » opère volens nolens, un marché qui est impitoyable on le sait avec les entrepreneurs maladroits ou trop pressés.

Cette clarification intellectuelle des notions bien distinctes de libéralisme et de capitalisme, malgré une intersection limitée, nous paraît être comme une sorte de prolégomène à toute acceptation future des réformes. Seule en effet la conviction bien établie que la réforme donne sa chance à tous et, au premier chef, aux moins bien lotis et aux « outsiders » de la société, qu’elle n’est pas simplement une dialectique (au profit) de nantis ou de gens à l’abri de tout risque économique véritable, au sein de l’Etat ou d’une collusion Etat / grandes entreprises, publiques ou privées, pour augmenter « les risques des autres », pourra faire bouger et même basculer un peuple qui a peut-être « la tête près du bonnet » selon l’expression de Hegel, mais qui surtout n’accepte pas de prendre des vessies pour des lanternes. L’approche libérale ne peut réussir que dans une logique d’ouverture sociale concrète pour beaucoup, comme les fondateurs dans les années 60 de l’Association pour la Liberté Economique et le Progrès Social (ALEPS), Jacques Rueff en particulier, l’avaient bien compris contre leur temps. La citadelle française des droits acquis ne pourra être investie que si le sentiment de justice d’une « masse critique » de la population y trouve son compte et si un nombre suffisant de personnes entrevoit les bénéfices individuels et collectifs de la libéralisation.

Les libéraux du Mouvement Démocrate

03:48 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liberalisme, capitalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

27/03/2008

MoDem : que nous révèle le « buzz du découragement » ? Une analyse pertinente de Fotini Sidéris-Bach

"L'article du Monde daté du 27 mars ("sur internet, les blogueurs écrivent leur désarroi après le revers du MoDem") qui relaie certaines expressions de désarroi de militants de la blogosphère MoDem, témoigne d'un travers de notre mouvement : une forte propension à générer successivement et de manière disproportionnée de l'enthousiasme puis du découragement, par un phénomène d'entraînement collectif qu'on pourrait assimiler à du buzz.

Nous avons effectivement assisté au cours de la campagne présidentielle à l'essor d'un mouvement politique nouveau, notamment porté par un meilleur accès à l'information des citoyens grâce à l'internet. Ce mouvement s'est depuis paradoxalement livré de fait au dénigrement involontaire, mais certain, de ce même idéal démocratique et citoyen au nom duquel il s'était organisé en structure politique.

Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que nous exprimons sur la blogosphère MoDem ce qui est au coeur de nos contradictions de militants et de citoyens.

Nous suivons un idéal démocratique revisité par la société du savoir et des nouvelles technologies, qui consiste à prôner la libre expression de tout un chacun via l'internet (cet outil libérateur d'énergies citoyennes) et sa contribution libre à la construction d'un mouvement qui se voudrait par conséquent différent des partis classiques (grâce à une information circulant de manière transversale).

Comme chacun se sent co-responsable de ce bien collectif qu'est le MoDem, les frontières entre élus et électeurs internes du MoDem se trouvent complètement biaisées, redistribuées de manière inédite : plus de légitimité des élus s'ils ne correspondent pas aux attentes d'écoute démocratique permanente des militants et plus de militants s'ils ne sont pas reconnus comme des décideurs à part entière aux côtés des élus (grâce notamment à une communication qui se veut non-hiérarchique).

Parallèlement à cela, nous prônons la responsabilisation du citoyen, la défense de valeurs que nous voulons pérennes et un engagement pragmatique et volontaire pour affronter les défis à l'échelle du parti, de la société française et de l'humanité.

Mais dans les faits, ces fortes attentes se heurtent au principe de réalité, faisant finalement d'une bonne partie de cette blogosphère MoDem (pourtant minoritaire par rapport au nombre des adhérents), un miroir grossissant de nos insuffisances : 

Un maximalisme qui provoque le défaitisme

Nous voulons dépasser les clivages traditionnels dans un élan de solidarité nationale ("la France de toutes nos forces")  mais nous éprouvons un malaise destructeur dès que ce dépassement ne se fait pas dans une victoire éclatante, immédiate, ce qui nous ramène in fine à une conception guerrière de la politique.

Si le but ultime d'un combat électoral est bien de gagner pour pouvoir peser (seule la victoire pouvant assurer la promotion des idées par le maillage des élus ou le contrôle des leviers du pouvoir), l'ampleur démesurée que prend notre déception post-électorale (aux législatives et aux municipales) prouve que nous ne concevons notre identité actuelle en construction que dans notre opposition à d'autres et non par rapport à nos propres valeurs, renforçant ainsi ce positionnement même de "ni-ni" politicien que nous combattons pourtant vivement quand il nous est reproché par nos adversaires ou les medias.

Cela ne serait pas dérangeant si nous faisions preuve de plus de patience et d'indulgence face aux imperfections d'un mouvement récent, dont la doctrine politique et les modalités d'action sont encore à définir. Le problème est que le résultat de cette impatience est une versatilité qui nuit à l'action, à la projection sur le moyen et le long terme.

Une parole qui remplace l'action

Nous réclamons la démocratie en interne, mais les principes de cette démocratie étant portés, dans un parti en construction, à la fois par chacun de nous (c'est à dire partout) et par un centre de décision introuvable car encore faible ou contesté (donc nulle part), nous ne pouvons finalement faire confiance qu'à nous-mêmes et à ceux qui partagent nos opinions le temps d'une campagne ou d'un échange ponctuel de points de vue.

Ces échanges d'opinions en deviennent par conséquent souvent plus précieux que l'action, car la parole ne précède ou n'accompagne plus vraiment l'action (qui devrait être le but même du combat politique) mais finit par la remplacer comme source d'identité et de positionnement. Or seule l'action peut permettre l'affirmation véritable de l'identité et des valeurs d'un groupe.

Des repères collectifs incertains

Nous recherchons éperdument des repères collectifs, une idée du collectif dans laquelle notre individualisme trouverait une justification noble, puisque mise au service d'un idéal commun. Mais au fond de nous-mêmes, nous doutons de tout, et surtout du lien qui nous lie à d'autres dans un contrat d'association pourtant librement consenti, matérialisé par notre carte d'adhérent. Ce lien nous le brisons aussi facilement que d'autres contrats d'association au sein de la société dès lors qu'il n'est plus au service de notre épanouissement personnel, de l'idée souvent très noble que nous nous faisons des modalités et de la finalité de notre action (refus des compromis dégradants…), et donc de notre personne.

Il est vrai que, plutôt que de nous offrir le confort de repères bien définis, le positionnement nouveau que nous avons choisi nous force à évoluer dans une situation inconfortable faite  d'incertitudes, de tâtonnements, d'échecs… or nous craignons plus que tout cette liberté nouvelle car elle est dure à assumer.

Une conception paradoxale du leadership et de la hiérarchie

Bien qu'à la poursuite d'un idéal démocratique, nous voulons nous reposer sur un leader fort, fiable, en qui avoir confiance, mais nous nous détournons de lui dès lors qu'il n'incarne plus cet idéal absolu d'homme dominant la situation car omniscient et omnipotent, capable de mener ses troupes au combat et à la victoire tout en respectant des idéaux nobles (pourtant parfois contraires à l'efficacité de son action de commandant de troupes).

Parallèlement, dès que ce leader assume d'une manière ou d'une autre son rôle nous crions au déni de démocratie (il se détache du lot en assumant seul des décisions) et dénonçons la quête d'une ambition personnelle.

Cette contradiction vaut par extension pour toute forme de leadership au sein du MoDem, étant par ailleurs renforcée par le débat cadres UDF contre militants MoDem, anciens contre nouveaux... Ce débat se décline parfois de manière démagogique en un clivage entre dirigeants détenteurs du savoir et soupçonnés de ne pas vouloir le partager (car "le savoir c'est le pouvoir") et la masse des militants se considérant (souvent à juste titre) maintenue volontairement dans l'ignorance des décisions alors qu'elle se considère co-responsable du MoDem.

Cette dérive démagogique se retrouve dans les arguments de certains représentants ambitieux de la jeune génération, désireux de s'affirmer comme un recours face à la hiérarchie en brandissant la défense des militants, des adhérents de base MoDem contre le sommet hérité de la vieille UDF (dont ils font d'ailleurs paradoxalement parfois partie, étant issus pour certains de ses rangs).

Le refus des contraintes de l'action militante

Nous prônons le respect, la formation du militant et par extension l'éducation de nos concitoyens (auxquels nous voulons d'ailleurs ouvrir les yeux) comme la voie susceptible d'amener à la responsabilisation du citoyen, seule garante d'une société équilibrée, où les décisions seraient prises avec lucidité et courage. Nous tendons cependant à mépriser ceux qui, au sein du MoDem, n'ont pas, à nos yeux, atteint ce "haut degré de conscience citoyenne",   conscience que nous assimilons plus souvent à une forme de critique maximaliste suffisante (nous jugeons sans ménagements le réel par rapport à un idéal), qu'à une lucidité assumée mais bienveillante, donc sereine, par rapport à la réalité.

Nous ne voulons ainsi en aucun cas être assimilés à ceux qui se contentent d'être de simples militants actifs sur le terrain, apportant modestement mais avec constance leur contribution à l'élaboration du projet de leur parti et respectant les principes de hiérarchie et de discipline de parti comme condition indispensable pour atteindre la victoire (l'action étant bien le but ultime de la politique). Or le militantisme politique, s'il n'exclue pas, loin de là, l'indépendance d'esprit et le débat, pose cependant comme pré-requis les principes de rigueur, d'esprit d'équipe et de discipline pour atteindre l'objectif d'une action efficace. C'est malheureusement une forme de conscience que nous ne voulons pas admettre comme telle, la jugeant servile, alors qu'elle exprime un choix véritable.

Conclusion : un phénomène de décantation somme toute naturel

En guise de conclusion, je souhaiterais dire que nous participons à un mouvement encore en construction, et que s'il est bien sûr plus qu'important de participer aux débats d'idées, à la définition des principes qui présideront à notre action, à la dénonciation des écarts entre les actes et les paroles, il n'est cependant en aucun cas légitime de considérer que le but premier d'un parti politique est de permettre l'épanouissement, dans un régime de transparence démocratique totale, des citoyens qui le composent.

Son but premier est de promouvoir par l'action politique externe (élections) les conditions économiques, sociales, matérielles d'un mieux-être pour nos concitoyens, définies dans un programme électoral.

C'est pour cela même que nous nous sommes engagés en politique, en toute connaissance de cause. Ce choix implique d'être cohérents et constants dans notre action, quelles que soient les difficultés, désaccords, doutes rencontrés.  Il implique par conséquent la responsabilité des militants et non le spectacle désolant de leur versatilité. C'est pourtant cette même versatilité que nous reprochons à nos concitoyens, qui brûlent le lendemain ce qu'ils vénéraient la veille.

En définitive, je dirais que le buzz que nous constatons n'est pour beaucoup que le résultat naturel de la décantation de toutes ces énergies disparates réveillées par l'éclatante campagne de François Bayrou aux présidentielles, et qui découvrent, pour beaucoup d'entre-elles, l'écart naturel entre la soif d'idéal (plus facilement exprimable et donc amplifiée sur internet) et la réalité aride de l'action politique. C'est à chacun de nous de faire le choix le plus cohérent avec sa conscience de citoyen militant ou de citoyen tout court. La balle est définitivement dans notre camp."

[source]

14/03/2008

Apothicaire et demi

Nombreux sont ceux qui commentent sévèrement la publication par le siège d'une moyenne des résultats de nos listes de près de 16% au premier tour des élections municipales. Pourtant... 

G... : "Plusieurs l'ont constaté précédemment : pas 16 ni 15%, mais à peine 12% sur ce tableau prétendument officiel, les erreurs de calcul grossières ont été commises, la moyenne des pourcentages réalisés n'a jamais fait le résultat moyen ! De plus, les plus gros scores sont réalisés par des listes "divers droite" ou "majorité-centristes" qui sont souvent partis au NOUVEAU CENTRE ! Rien ne sert de se gausser de résultats trafiqués, ou bien oublions l'idée d'une charte éthique !

Le calcul du résultat réel (source ministère intérieur) avec les mêmes communes donne : 674.000 voix sur 5.531.000 suffrages exprimés, soit 12,19% (tableau complet ici )

Sans les "divers droite" et "majorité centristes", le total est 522.000 voix sur 5.053.000 suffrages exprimés, soit 10,32% (tableau restreint )

Ces erreurs grossières ne servent personne, car nous avons besoin d'analyses réalistes de la situation !"

Vous faites une double erreur :

La première est de penser que l’on vous manipule. Vous dites : « la moyenne des pourcentages réalisés n'a jamais fait le résultat moyen ! ». Mais personne ne dit le contraire ! Lorsque l’on dit que la moyenne des résultats de nos listes est de X% (votre objection sur le contenu de la liste est recevable, mais c’est un autre problème), on dit la stricte vérité.

Que vous soyez tentée d’interpréter ce chiffre autrement est votre problème. Que vous soyez tentée d’interpréter ce chiffre comme le pourcentage en voix de la somme des suffrages portés sur nos listes sur la somme des suffrages exprimés sur ces villes, c’est votre problème. C’est d’autant plus votre seul problème que ce pourcentage dont vous revendiquez par ailleurs un calcul très juste ne présente, lui, aucun intérêt statistique et c’est là votre deuxième erreur.

Cette deuxième erreur est une erreur logique : vous additionnez des chiffres qui ne s’additionnent pas. Lorsque vous faites une étude d’opinion, la première des règles exige de poser à l’ensemble du panel strictement la même question. Ce qui n’est pas ici le cas. Parce qu’il s’agit précisément d’une élection locale, et qu’à ce titre, les réalités et enjeux de chaque scrutins sont dissociés, et que celles et ceux des villes plus peuplées n’ont pas une valeur intrinsèque supérieure à celles et ceux des villes moins peuplées.

Je vous donne un exemple : nous demandons aux habitants de la capitale A s’ils préfèrent les fraises aux courgettes, aux habitants du village B s’ils préfèrent la mangue aux pommes de terre, aux habitants de la bourgade C s’ils préfèrent la poire au poireau, et ainsi de suite, la banane à la tomate, l’ananas aux carottes, etc… Que penseriez-vous d’une étude qui conclurait de ces questionnaires que X% des français préfèrent les fruits aux légumes ou le sucré au salé ? Ne serait-ce pas quelque peu hasardeux ?

Donc la seule opération qui intègre les réalités et enjeux locaux est celle de la moyenne des résultats. Par contre, comme je l’ai dit ailleurs, à nous de ne pas les interpréter autrement et d’en tirer des conclusions erronées ou fantasmatiques du type : nous ferions le même pourcentage sur un scrutin national, ou la stratégie de listes indépendantes est un succès partout.

Reste qu’à mon sens, même 12,74% (en référence à votre calcul) est une moyenne très probante et encourageante.

G... : "Avec des raisonnements de jésuites, on comprend mieux la misère annoncée pour ce parti ! Je ne vois pas l'intérêt de se gausser de résultats manifestement faux !

Petit exemple (extrême) de la méthode employée par le siège :

  • NICE          = Hervé CAEL 3,11%
  • LOUVRES  = Guy MESSAGER (maire sortant) 69,25%

Moyenne 36,18% ............ ceci n'a STRICTEMENT aucun sens ! En réalité sur ces deux villes : suffrages exprimés 124 767 ; voix modem 5 896 ; moyenne réelle des suffrages pro-modem =  4,73%"

Vous ne m'avez pas compris.

Personne au siège, ni moi d'ailleurs, ne prétend que nous avons fait 16% des voix sur l'ensemble des villes où nous étions présents ! Pourquoi voulez-vous que nous prétendions cela alors même que j'essaie de vous expliquer en quoi cette totalisation n'est justement pas pertinente ?

Votre exemple est caricatural mais il est surtout hors de proportion. Une moyenne sur 350 villes est plus significative qu'une moyenne sur 2. Toutefois, je vais conserver cet exemple pour vous montrer que votre totalisation n'est pas non plus significative en l'espèce : certes, les suffrages pro-MoDem ne représentent que 4,73% du total, voire 36,18% en moyenne des résultats, pourtant dans votre exemple : 50% des villes sont administrées par le MoDem ! Etonnant, non ?

Imaginons que tous les candidats MoDem aient été les seuls à s'opposer à la construction d'une déchetterie sur leur ville. Et bien, malgré les 96% de niçois et les 63% de notre panel favorables à cette construction, il n'y en aura pas sur la commune de Louvres !

Voyez que c'est la totalisation qui n'a pas de sens car elle ne tient pas compte de l'aspect local du scrutin et de la diversité des questions posées aux différents électeurs. Le MoDem peut être favorable à la construction d'un terrain de foot dans telle ville et préférer une bibliothèque dans une autre, sans être idéologiquement sportif ou littéraire...

La seule base valable qui tienne compte de l'aspect local du scrutin municipal est celle des résultats par villes. Maintenant, je ne conteste pas que la moyenne soit le seul indicateur pertinent. Il conviendrait d'étudier la mesure médiane, la mesure modale ainsi que les mesures de dispersion et de variabilité (étendue, variance, écart interquartile). Voyez qu'il y a matière, mais sur la base des résultats par villes et non sur des totalisations inter villes qui ne répondent à aucune question posée.

G... : "Mais pourtant Azières et le site MoDem s'obstinent à proclamer des âneries ! 16% des VOIX ?

Municipales : 16% des voix pour le Modem sur les 350 villes où se présentaient des listes autonomes

Après le premier tour des élections municipales, les principaux chiffres et analyses des résultats des candidats du Mouvement Démocrate montrent la réalité et la force de la ligne d'indépendance portée par le Modem..."

Navré de vous lasser, mais j'insiste.

J'admets que si l'on s'arrête au titre de l'article, cela prête à confusion. Mais si on lit l'article signé Eric Azière, il dit ceci : "Au total, sur près de 350 villes où se présentaient des listes autonomes, le Modem recueille en moyenne près de 16% des voix, ce qui confirme son ancrage territorial."

Il ne dit pas du tout ce que vous croyez entendre et qui s'énoncerait ainsi : "Au total, sur près de 350 villes où se présentaient des listes autonomes, le Modem recueille près de 16% des voix, ce qui confirme son ancrage territorial."

C'est tout à fait différent.

G... : François Bayrou : "Partout où nous avons été candidat, nous avons réalisé une moyenne de 15 % des voix. C'est un très gros score"

On fait donc dire au chef n'importe quoi !

Pardonnez-moi mais François Bayrou parle de moyenne ! Il ne dit pas : "Partout où nous avons été candidat, nous avons réalisé 15% des voix au total"

C'est le terme de moyenne qui est important. Soit on est sur une moyenne, soit on est sur une totalisation.

Sur votre tableau 3, en bas, vous parlez d'une "fausse moyenne" de 12,74% et d'une "vraie moyenne" de 10,32%, mais expliquez-moi en quoi 10,32% est une moyenne ? Une moyenne de quoi ? En vérité, cela n'est pas une moyenne du tout : c'est un pourcentage sur une totalisation, ce qui n'a rien à voir !

04/03/2008

Lettre à un militant en mouvement

Les liens sont accessibles aux inscrits sur e-soutiens, dans le groupe Mouvement Démocrate

 

Bonjour,

Je comprends très bien la défiance qui peut vous animer, défiance légitime dans les conditions locales que vous m'exprimez. N'arrêtez toutefois pas la publicité de votre intéressant travail à votre représentation locale. Il peut être porté par n'importe quel(s) conseiller(s) du territoire.

J'imagine que c'est précisément cette volonté de publicité plus large qui motive votre engagement au sein de "Construire en Mouvement". Je voudrais vous alerter sur cette stratégie. Je regrette de ne pas l'avoir déjà fait, d'autant que je m'étais promis de revenir vers vous suite à votre précédent message. C'est que le temps me manque pour approfondir, au point de n'avoir pas répondu aux provocations de [sumergocogito], c'est dire...

Mon problème avec "Construire en Mouvement" ne réside pas dans la qualité ou la sincérité du travail qui pourrait en sortir de la part d'adhérents honnêtes et sans arrières pensées, mais dans l'instrumentalisation dont ceux-ci, vous inclus, font et vont faire l'objet au travers d'une stratégie délibérément voulue par ses initiateurs, Eric Julliard et Farid Taha.

Cette stratégie, qui s'affiche constructive, est en fait purement déstabilisatrice. Elle vise à fédérer un maximum d'adhérents sincères autour d'une démarche qui n'est statutairement pas recevable et donc vouée à l'échec, vouée à l'échec à double titre lorsque l'on sait de quelle manière ils ont l'intention de l'imposer aux instances. Il s'agit pour eux de faire percevoir cet échec pourtant écrit dans nos statuts comme un déni de démocratie, une fin de non recevoir à toute idée de fonctionnement démocratique du Mouvement, et ceci de la manière la plus retentissante et la plus publique possible.

Cette stratégie vise à déstabiliser Bayrou pour lequel ils débordent d'un ressentiment à la dimension de leur ego éreinté et alimenter leur propre projet politique, citoyen disent-ils, sur les frustrations des adhérents les plus impatients qu'ils espèrent détourner en nombre.

Bien sûr, je n'avance pas tout ceci en l'air et il est fort possible que j'envoie l'artillerie directement sur e-soutiens. Je sais que vous n'y êtes pas favorable et que vous prônez courageusement le rassemblement mais je pense que celui-ci ne pourra intervenir, et j'y serai alors favorable sans exclusive, qu'après une clarification de certains discours. Pour l'instant, je constate que [sumergocogito] se contente d'essayer assez piteusement de désamorcer l'attendue salve de l'artillerie susdite

Bref, ne vous découragez pas pour autant. Il y a un nombre tout à fait majoritaire de conseillers et de délégués nationaux favorables à la valorisation des adhérents, la formation en interne et une organisation transversale parallèle à la pyramidale (là, je me surpasse !!) de notre mouvement.

Bravo encore pour votre travail et votre abnégation,

Amicalement.