12/07/2007
Conscience
Difficile à définir en dehors d'un contexte d'usage, non ?
La conscience d'un point de vue strictement psychologique ? Perdre conscience, être inconscient au sens d'avoir perdu connaissance. Ces expressions renvoient à la conscience comme à une chose qu'on possède et qu'on peut perdre.
La conscience comme la connaissance de quelque chose ? Prendre conscience de quelque chose, être conscient d'une chose, avoir conscience de telle ou telle chose, soit en soi, soit en dehors de soi. Dans ces expressions, avoir conscience signifie connaître ou penser.
La conscience comme conscience morale ? Avoir mauvaise conscience, avoir un problème ou un cas de conscience, agir en son âme et conscience, être consciencieux, avoir la conscience tranquille. Et dans le même ordre d'idée, être inconscient, c'est-à-dire agir au mépris de la prudence, dans l'ignorance des risques qu'on court ou fait courir aux autres.
A y regarder de plus près, les deux premiers usages renvoient au même concept : ce qu'on perd et reprend avec la conscience, c'est le "sentiment" d'une présence immédiate à soi et au monde, le sentiment confus mais fort que nous sommes, que nous existons et que nous sommes au monde, entouré de choses indépendantes de nous et ordonnées. Telle est la conscience sous sa forme la plus humble, la plus élémentaire : le sentiment d’une présence à soi et au monde.
Mais, reconnaissons le : avoir le sentiment d'exister au monde n'est pas exactement la même chose qu'avoir la conscience d'exister au monde : la conscience n'est pas un sentiment, elle est à la fois plus et autre chose qu'un sentiment. Dans le sentiment d'exister au monde, cette double présence, celle de soi et celle du monde, s’éprouve, se ressent, se vit, mais elle n’est pas encore consciente au sens strict.
Un être doué de conscience, c'est plutôt un être qui se SAIT exister au monde. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'un être doué de conscience est conscient de sa propre existence et de l'existence du monde au sens où il sait qu'il existe au monde. Ou, inversement, que savoir qu'on existe ainsi que savoir qu'il existe un monde, c'est avoir conscience de soi et conscience d'objets en dehors de soi.
La conscience de la conscience, en quelque sorte.
En fait, le sujet est vaste, passionnant, et plus récent qu’on ne pourrait le croire dans l’histoire des idées. Par exemple, le concept de conscience était inconnu sous l’Antiquité. Tout au plus, chez les romains, se limitait-il précisément au troisième usage cité plus haut, c’est à dire à la notion de morale. De même le vijñana bouddhique se limite-t-il au phénomène psychique, en dehors de tout rapport au moi subjectif.
En fait, le concept moderne de conscience n’apparaît qu’au XVIIe siècle sous la plume du philosophe humaniste (bien qu’anglais, je plaisante) John Locke, dans son "Essai sur l’entendement humain" (1689). Il définit ainsi la personne :
"... un être pensant et intelligent doué de raison et de réflexion, et qui peut se considérer soi-même comme une même chose pensante en différents temps et lieux. Ce qui provient uniquement de cette conscience (consciousness) qui est inséparable de la pensée, et qui lui est essentiel à ce qu'il me semble : car il est impossible à quelqu'un de percevoir sans aussi percevoir qu'il perçoit."
L'identité personnelle est fondée sur la continuité de la conscience dans le temps, et cette conscience constitue l'identité qui, au moyen de la mémoire, se maintient dans le temps et nous permet de nous reconnaître nous-mêmes comme étant les mêmes.
Et ce n’est que le début… voir, dans le désordre, Descartes, Hume, Spinoza, Kant, Leibniz, Bergson, etc…
J’adresserai deux remarques : cliquez sur le lien sur John Locke ci-dessus et vous découvrirez des éléments connexes intéressants. L’autre remarque en forme de boutade :
Le test du miroir est un moyen de mesurer la conscience de soi développé par l'Américain Gordon G. Gallup dans les années 1970.
En éthologie cognitive, ce test permet d'évaluer la conscience de soi en permettant de déterminer si un animal est capable de reconnaître son propre reflet dans un miroir comme étant une image de lui-même. Il consiste à placer subrepticement sur la tête de l'animal une marque colorée ne produisant pas d'odeur puis à observer si l'animal réagit d'une façon indiquant qu'il est conscient que la tache est placée sur son propre corps. Un tel comportement peut prendre la forme d'un déplacement ou d'une flexion pour mieux observer la marque ou encore, de façon bien plus évidente, celle d'un tâtonnement de soi avec une main pour essayer de l'atteindre tout en se servant du miroir.
Les animaux qui ont réussi le test du miroir sont les chimpanzés, les bonobos, les orang-outans, les dauphins, les éléphants et les humains. De façon assez surprenante, les gorilles échouent. Les enfants sont susceptibles de réussir le test à partir de deux, trois ou quatre ans d'âge. Les chiens et les bébés humains réagissent au miroir en manifestant de la peur ou de la curiosité mais peuvent également l'ignorer complètement, lui comme la tache. Les oiseaux vont jusqu'à attaquer leurs propres reflets !
Je me demande ce qu’il en est des députés du Nouveau Centre ?
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09/05/2007
Fondation
L'Amicus Curiae est, traditionnellement en droit, une contribution versée spontanément au débat par un tiers à une cause qui entend éclairer le décideur en tant qu'"ami de la cour".
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