Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/10/2007

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 1/2

Dans un souci de clarté, je poste un récapitulatif sur la problématique en titre.

Dans la première partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant la position de François Bayrou concernant les futures dispositions statutaires de désignation des candidatures locales.

Dans la seconde, je reprends un autre argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

---

Concernant les futurs statuts :

Ce que dit François Bayrou : "Ce n'est pas nécessairement le vote de la base qui fait le meilleur candidat à une élection". Tout est là, ou presque. En fait, on pourrait synthétiser cette phrase avec celle d'après et préciser ainsi sa pensée : "ce n'est pas nécessairement le vote d'une base locale qui fait le meilleur candidat de notre mouvement à une élection".

Il oppose ainsi deux légitimités : celle d'une base locale qui choisit démocratiquement son candidat (on a envie d'applaudir, c'est vrai), et celle qu'on oublierait sous les vivas mais qui est bien réelle : celle de l'ensemble du mouvement, qui a son mot à dire puisque ledit candidat défendra nos couleurs à tous et pas seulement celles de sa base locale !

Et comme il n'est pas possible ni souhaitable que tout le monde vote pour les investitures de chacun, la mise en place, disons les mots, d'une "commission d'investiture", permettant d'apprécier une candidature locale au nom des non-locaux (mais impliqués car co-responsables par l'étiquette), est certainement, elle, nécessaire.

Il n'y a donc pas de déni de démocratie, bien au contraire.

 

Réponse à l'objection suivante :"la base voit aussi qui peut mieux défendre ses valeurs au niveau local"

Ce n'est pas faux. Mais le mieux n'est peut-être pas suffisant ? Personne ne conteste que l'avis de la base locale puisse compter. Ce qui est contesté, c'est sa souveraineté. Et si vous acceptez de ne pas caricaturer la position de François Bayrou, vous reconnaitrez qu'il n'entend pas non plus imposer une souveraineté extérieure.

Il souhaite une co-souveraineté. Un mécanisme à la fois "ascendant" et "descendant". En clair, il y a deux possibilités : l'instance locale désigne plusieurs candidats, et la commission en choisit un ; la commission désigne plusieurs candidats, l'instance locale en choisit un.

Restent à déterminer quelles devraient être les conditions d'application de l'une ou de l'autre.

A suivre...

Démocratie interne, primaires et investitures - Récapitulatif 2/2

Dans cette seconde partie, je reprends un argumentaire développé ici, explicitant les conditions particulières d'investiture des 41 premiers candidats du Mouvement Démocrate aux municipales.

Bien sûr, celles-ci apparaissent en parfaite contradiction avec les principes énoncés dans la première partie.

Réponse à la question légitime : "Pourquoi ce système (le système statutaire défendu dans la première partie, NDLR) n'a-t-il pas été mis en place dés la semaine dernière?"

Nous sommes confrontés à une double difficulté qui nous oblige à un pragmatisme apparemment mal compris.

  • Le Congrès n'a pas encore eu lieu,
  • Certaines investitures présentent un caractère d'urgence sur le terrain.

Il résulte du premier point que personne n'a donc de légitimité a priori (sauf François Bayrou, président) à se constituer en "Commission d'investitures", de même qu'il n'est pas "juridiquement" possible, et j'ai vu que vous (bibifa, NDLR) étiez sensible à cet aspect avec raison, d'organiser un vote des adhérents du Mouvement Démocrate en dehors de tout encadrement statutaire.

Il résulte du second point qu'il faut bien faire quelque chose.

En conséquence, et comme il avait été annoncé à Seignosse samedi soir, je crois, certaines candidatures allaient être investies par "anticipation", sur décision d'une "commission temporaire" constituée de leaders des sensibilités politiques fondatrices : UDF, CAP21, Verts, d'où la composition que vous connaissez.

 

Attention : contrairement aux législatives, les candidats investis seront des candidats Mouvement Démocrate, pas UDF ! L'investiture actuelle est une investiture "verbale" qui leur permet de démarrer leur campagne là où ça urge particulièrement ! Il est bien évident que les investitures officielles, statutairement conformes, et leurs déclarations administratives en préfecture n'interviendront qu'après le Congrès fondateur.

Cela veut dire qu'on peut imaginer que des investitures verbales puissent être remises en cause puisqu'elle ne font l'objet d'aucune déclaration officielle. Je pense que cela ne sera pas le cas, évidemment, parce qu'il n'y a pas grand-chose à redire à ces investitures, mais pourquoi pas. Par contre, il sera nécessaire qu'elles soient validées au regard de la procédure statutaire qui sera adoptée lors du Congrès.

Merci de votre compréhension.

11/10/2007

Démocraties

Tout le monde connaît le mot de Churchill : "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres..." En tout cas, si on ne le connaissait pas, on le fait volontiers sien. Il nous parait si juste et profond qu'il nous semble indépassable. Et nous en serions presque amusés de résignation...

Tant et si bien que l'on finit par ne plus émettre la moindre critique à l'égard de la démocratie, qu'il nous semble vain d'en étudier les mécanismes et les paradoxes, "puisqu'il n'y en a pas de meilleur". Ainsi, nous procédons aux votes, fêtons la victoire, acceptons la défaite, et le pouvoir passe de mains en mains, sans sanglantes révolutions.

C'est là, une grande qualité du processus démocratique. Plus de sanglantes révolutions. Mais, il y a aussi des paix sanglantes ou de larmes, au moins.

e807f2f736b5ff1057d71bbbc7d4637a.jpgCar il y a un autre mot, de Benjamin Franklin celui-là, qui dit : "la démocratie, c'est : deux loups et un agneau qui votent pour savoir ce qu'il vont manger au dîner", et qui n'apparaît pas moins vrai. C'est "La tyrannie de la majorité" de Tocqueville (1835). Et c'est, bien avant, le droit de "résistance à l'oppression" de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, droit qui disparaîtra dans la déclaration de 1795, où l'inspiration libérale de John Locke laissera place à la conception républicaine "rousseauiste" de la volonté générale "qui ne peut errer" et donc à laquelle on ne peut légitimement se soustraire.

75da700f2454204e4508a535992f2850.jpgC'est bien le "Législateur" de J.J. Rousseau, issu de la volonté générale, en fait majoritaire, du Peuple souverain, qui agit dans l'intérêt général du même peuple souverain, au nom de tout le peuple souverain.

Ainsi naît un puissant clivage entre les conceptions libérales et républicaines de la démocratie.

Où l'une proclame les droits individuels au dessus de la volonté générale, l'autre proclame cette dernière infaillible. Où l'une s'accommode d'une monarchie constitutionnelle, l'autre contient les prémisses du socialisme (au sens de la doctrine).

Depuis lors, en France, nous croyons en cette conception républicaine. En tout cas, nous voulons y croire. Nicolas Sarkozy est bien le président de tous les français. Il le dit. C'est écrit dans la Constitution. Le gouvernement travaille à l'intérêt général. Pas comme nous l'aurions fait, certes, mais nous voulons le croire. François Mitterrand, en son temps, les gouvernements de gauche, pareil...

Qui oserait penser que la majorité ne pourrait éventuellement gouverner que dans l'intérêt de la majorité ? Qui irait même soupçonner certains de fabriquer des majorités, à coups et coûts de "privilèges" pour conquérir ou conserver le pouvoir ? Serait-ce bien encore cela, la démocratie ?

Je m'égare.

On récapitule. Les deux avantages indiscutables de la démocratie : remise en cause pacifiée des gouvernements et protection efficace de la majorité contre une oppression par une minorité. Inconvénient : quid de la protection de la minorité contre une oppression par la majorité ?

En fait, la conception libérale de la démocratie répond ou s'efforce de répondre à cette limite par une double approche : au delà du principe majoritaire, d'une part la recherche du principe d'unanimité, et d'autre part le cloisonnement du champ démocratique (qui vote sur quoi ?). Autrement dit, la recherche d'unanimité (pas facile), des gens concernés et pas des autres (déjà plus envisageable).

En plus clair encore, la recherche du consensus entre les acteurs de la société civile, et la limitation des prérogatives d'un Etat central omnipotent. Donc, une responsabilisation des citoyens. Sachant que moins d'Etat ne signifie pas "pas de règles" ou "pas d’Etat", mais "ce n'est pas forcément à l'Etat de définir la règle", "l'Etat n'est pas nécessairement, ou par essence, compétent pour définir la règle". Par contre l’Etat est "garant de l’application de la règle".

Ainsi, le pouvoir est rendu aux citoyens dans une démocratie différente et grandement dépolitisée. Plus démocratique, car les majorités sont multiples et variées à de plus nombreux échelons de décision, ce qui fait que les minoritaires ne sont pas les mêmes partout. Ceci invitant naturellement à plus de pragmatisme que la tutelle d'un Etat tout puissant. Un Etat UMP ou un Etat PS, c’est beaucoup moins grave quand l’Etat n’est pas tout et ne décide pas de tout pour tout le monde.

Caractéristiques des sociétés libérales anglo-saxonnes et scandinaves, c'est aussi le projet d'espoir de François Bayrou, dans la lettre même.